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Le blockbuster qui annonce l’hiver

Publié le 27 novembre 2014 par Rolandlabregere

Dans l’industrie du cinéma commercial américain, blockbuster est le mot qui désigne une production à grand spectacle et au fort potentiel économique portée par un budget digne d’un projet pharaonique. En clair, un film qualifié de blockbuster est supposé rapporter gros en alliant un casting de rêve et des thèmes porteurs. L’histoire du cinéma témoigne cependant que toute méga production n’entraîne pas forcément le succès planétaire que ses concepteurs escomptent. Bien des productions fortement dollarisées qui cherchent à reproduire un succès passé se plantent lamentablement. Lone Ranger conçu pour humilier le score de Pirates des Caraïbes s’est soldé par un piteux déficit. A l’origine, un blockbuster est une arme destinée à faire de gros dégâts au sol, apparue au cours de la Seconde guerre mondiale. C’est dire si la métaphore est éloquente. Du cinéma, les budgets façon blockbuster ont gagné le monde des musées qui montent des expositions construites comme des projets à finalités commerciales. Le gigantisme de ces « fameux blockbusters qui font 800 000 entrées (Hoppert, Monet, Matisse, Dali, Picasso…) » met la fonction muséale à la merci d’un audimat prétendument culturel. (Le système D au musée, (Le Monde, 16 novembre 2013). Un budget blockbuster permet de faire des coups médiatiques et gonfler la billetterie.

Pour des galas d’un soir, le Sarkosic Circus est actuellement à l’affiche dans de nombreuses villes. Les salles ne sont pas toujours bondées mais le bateleur vaille que vaille fait son numéro de clown cynique. La logistique pâtit de l’éviction des complices de Bygmalion exclus de la mise en scène pour cause de micros mal balancés. La partition n’est pas exactement ajustée aux enjeux du moment, mais l’essentiel réside dans les vivats que lancent les aficionados quand paraît celui qui aspire à continuer les affaires. C’est la force des géants du spectacle que de déclencher l’enthousiasme dès lors que la poursuite éclaire la travée. Les poursuites peuvent-elles tomber à l’eau ? Le spectacle s’arrêtera à la fin de la semaine quand sera choisi par des spectateurs qui, pour la plupart, n’ont pas assisté aux représentations, le cacique qui présidera aux destinées de la marque UMP. A Bordeaux, une séance du Sarkosic Circus ne s’est pas déroulée comme prévu. Monsieur Loyal a été sifflé par des spectateurs qui ne goûtaient guère le script du show. Le clown blanc, tout de marbre vêtu, pris alors la pose de l’innocent distrait.

Le Sarkosic Circus est un blockbuster raisonnable. L’excès est mesuré. La démesure des anciens spectacles est mise de côté en prévision d’une suite annoncée avec force rodomontades pour 2017. Les amis des médias et des télés sont fidèles au point qu’on se demande si la tête d’affiche du Sarkosic Circus ne serait pas toujours Président de la République tant la visibilité est bien assurée. Un peu comme bien des gens pensent que Jack Lang est l’actuel ministre de la culture. Le Sarkosic Circus met fin à ses cavalcades le 30 novembre. Le spectacle n’en continuera pas moins. Les reprises sont déjà programmées. On promet que les confettis sont commandés. Si le Sarkosic Circus devenait un authentique blockbuster, on verrait alors à qui on a à faire. Avec la banalisation des blockbusters, le triste spectacle a trouvé son public.


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