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[Critique] A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT

Présenté à L’Étrange Festival 2014

Titre original : A Girl Walks Home Alone At Night

Note:

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Origines : Iran/États-Unis
Réalisatrice : Ana Lily Amirpour
Distribution : Sheila Vand, Arash Marandi, Marshall Manesh…
Genre : Épouvante/Romance/Thriller
Date de sortie : 14 janvier 2015

Le Pitch :
Bad City, en Iran, est une ville lugubre où le mal et la mort semblent roder à tous les coins de rue. Se débattant dans cet océan d’obscurité et de malheur, Arash va faire un soir une très étrange rencontre…

La Critique :
Réalisé par la singulière réalisatrice américaine d’origine iranienne Ana Lily Amirpour, A Girl Walk Home Alone At Night a fait un carton quasiment partout où il est passé. Et c’est pleinement justifié tant l’audace de la réalisation, la pertinence du propos métaphorique, et la force des images transcendent pleinement cette histoire de « Vampire Western Iranien » comme le définit la réalisatrice elle-même.
Avant toute chose, il m’apparait important de préciser qu’Amirpour n’a jamais mis les pieds en Iran et qu’elle vit aux États Unis. Elle a posé ses valises en Angleterre et à grandi aux États-Unis. Ce qui fait qu’elle se sent à la fois « Totalement américaine, mais aussi profondément iranienne ». Son film n’a pas été tourné au Moyen-Orient mais aux États-Unis, dans une région désertique de la Californie (et aussi incroyable que cela puisse paraitre, le charnier que l’on voit au début du film est apparemment complétement authentique) . Tourné en langue perse et filmé en noir et blanc, ce film est en fait l’adaptation d’un premier court-métrage de la réalisatrice tourné quelques années auparavant.
Si je précise tout cela, c’est parce qu’à plusieurs reprises, j’ai lu des chroniques assez loufoques de ce film, plusieurs personnes ignorant complétement la genèse du scénario et tentant de donner au film des élans politiques et religieux qu’il n’avait pas au départ. En ce sens, lire que le long-métrage est d’un « féminisme fascisant » ou « Une métaphore sur le vampirisme de l’islam » est complétement à côté de la plaque. Bien entendu, le propos du film est à plusieurs reprises politique et religieux et bien entendu qu’une œuvre doit aussi permettre de pouvoir y voir ce que l’on veut… Mais il faut toujours rester vigilant afin que nos projections ne vampirisent pas trop notre vision de l’œuvre et ainsi y voir tout et (surtout) n’importe quoi.

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Tourné comme je le disais en perse et en noir et blanc, A Girl… est un film lent, immersif et particulièrement intriguant. Dés le premier plan de Bay City, on est happé par cette sorte de réalisme onirique où des images assez distordues se confondent avec des instants très crus et directs de la vie quotidienne. Ciselés au rasoir, les contours des personnages du film sont assez singuliers puisque ils semblent se confondre entre l’ombre et la lumière, les profils les plus démoniaques et les plus maléfiques n’étant pas nécessairement ceux que l’on croit au départ. Les rares figures épargnées par Amirpour sont celles des faibles, des malheureux et des marginaux. Le dealer, le père junkie, la jeune bourgeoise et la ville mortuaire sont autant d’images cruelles que nous renvoie notre société, chacune à leur manière venant représenter les vrais vampires de nos sociétés.
Dès lors, l’héroïne revêt un caractère plus subtil que celui qu’elle semble avoir au départ. À la fois vengeresse et sans pitié, elle représente un peu le croquemitaine qui rode dans nos rues et se tapit dans l’ombre en attendant notre innocente arrivée. Cette beauté glaciale à la force insoupçonnée est déjà, par la nature de son personnage, un contre-pied aux figures des monstres dans les films d’horreur actuels. C’est peut-être pour cela que pas mal de personnes qualifient ce film de féministe…mais à mon sens, c’est parce que l’histoire est forte que l’héroïne nous apparait avec autant de relief…et c’est parce qu’elle mêle la complexité des sentiments qu’elle semble nourrir une noirceur sans fond, qu’elle apparait finalement très humaine.
Ce qui marque aussi visuellement, c’est le tchador que porte l’héroïne. Cela amène bien sûr une connotation religieuse, mais aussi une espèce de dualité entre le sacré et le profane, le mal et le bien. À certains moments, les pas de l’héroïne sont semblables à des ballets, lorsqu’elle semble se déplacer comme en lévitation ou lorsqu’elle s’essaye au skateboard.
Poète en sublimant le quotidien, rebelle en détournant les codes de nombreuses représentations et réalisatrice en combinant le tout d’une manière sacrément culottée, Ana Lily Amirpour propose avec A Girl Walk Home Alone At Night une première œuvre intrigante, fascinante et à milles lieues des épouvantables bouses que le cinéma américain nous a, hélas, habitué ces dernières années en assaisonnant notre pauvre vampire aux épices les plus fadasses.

@ Pamalach

A girl walk home alone at night [Critique] A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT
Crédits photos : Pretty Pictures

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