Je reviens aujourd'hui pour vous présenter le dernier livre de la série consacré à la rentrée littéraire 2014 ! Pas de panique si vous avez oublié ça, je vous ferai un petit récapitulatif de ces lectures la en fin de semaine ou en début de semaine prochaine ;-) En attendant, je vous laisse découvrir mon avis sur L'Amour et les forêts d'Eric Reinhardt !
À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.
Récit poignant d'une émancipation féminine, L'amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement.
J’ai donc été assez étonnée par l'écriture d'Eric Reinhardt, et l'ai bien aimée. Ce n’est pas non plus une révélation, mais ce livre m’a donné très envie de découvrir le reste de son œuvre et de lire Le Système Victoria notamment. Son style est plutôt simple mais j’ai été très surprise de voir la façon dont il agençait ses chapitres et ses paragraphes. Par exemple, j’ai beaucoup apprécié y trouver de longs paragraphes qui contiennent des dialogues mais qui ne sont pas signalés par des guillemets ni des tirets, un peu comme ça :
« Je ne suis pas libre, lui répondit-elle. Ah bon, mais comment ça se fait ? Le jeudi, tu es libre normalement ! Je retourne au lycée, on a prévu de déjeuner à la cantine toutes les trois avec Clémentine et Amélie. Ben annule, lui dit-il. Annule, quoi, sois sympa, tu les verras demain ! Bénédicte Ombredanne, en ciselant ses phrases concises qui ne manquèrent pas – elle le sentit – de surprendre son mari, lui expliqua qu’il était question d’un week-end à Paris avec les premières L, elles devaient absolument se voir pour en parler. » p.81-82
Le livre est d’ailleurs plein de paragraphes un peu déstructurés comme celui-ci, plutôt longs et qui font intervenir plusieurs types de discours. Cela donne, selon moi, beaucoup de caractère au livre et d’émotion au lecteur. Grâce à cette écriture un peu « en bloc », l’auteur crée une atmosphère sous tension et d’urgence, bref : une ambiance très particulière et qui accroche le lecteur.
Mais malheureusement, je reste quand même un peu indifférente face à ce livre. L’histoire avait l’air intéressante et poignante, mais ma lecture n’a pas décollé. L’histoire de Bénédicte est extrêmement touchante et très actuelle, mais il y a quelque chose qui m’a déplu sans que je sache dire quoi. En fait, je crois que je me suis sentie un peu à l’écart du « couple » Bénédicte/Eric. La présence de l’écrivain est très forte (et j’ai bien aimé cela) mais en contrepartie, j’ai trouvé qu’il était assez difficile de trouver sa place en tant que lecteur. (Je préfère préciser : bien-sûr, l’écrivain s’efface dès le deuxième chapitre pour laisser toute la scène à Bénédicte, mais je trouve que sa voix se fait très présente tout au long du roman.)
Bref, c’est une lecture dont je ressors un peu déçue. Je me faisais une joie assez particulière de lire ce livre et c’était un des romans que j’avais le plus hâte de lire, mais son charme n’a finalement pas opéré sur moi. Il ne m’a pas déplu, mais il ne m’a pas transportée non plus. En revanche, je n’en suis pas du tout dégoûtée et il a quand même le mérite de m’avoir donné envie d’en savoir plus sur Eric Reinhardt ! J’espère donc avoir l’occasion de lire un autre de ses romans très vite :-)
« La flèche de Bénédicte Ombredanne, ratée, s’était plantée une vingtaine de centimètres du point qu’elle visait, mais au cœur de la cible, sublime, profonde, parfaitement perpendiculaire.Elle-même fut bouleversée d’avoir produit ce résultat naturel, comme si soudain sa présence au monde s’était élucidée, quand bien même les conséquences de cette prouesse seraient cuisantes. Une sensation de profondeur l’engloutit tout entière, comme les eaux d’un naufrage un navire avarié qui coule à pic. » p.98-99Avez-vous déjà eu l'impression d'être à l'écart du couple auteur/personnage ? Pensez-vous que l'auteur ait une relation particulière avec les personnages qu'il crée ou qu'il met en scène ?N'hésitez pas non plus à me dire quel livre de Reinhardt vous me conseilleriez ! Bises.