Magazine Culture

Sidération #2

Publié le 05 décembre 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Je commence à regarder en arrière pour voir à quoi a ressemblé cette année. Mais il est trop tôt pour faire des bilans, ce n’est pas début décembre qu’on peut s’amuser à faire ça. Tout ce que j’ai comme impression, c’est véritablement l’idée d’une densité incroyable. J’ai aussi la sensation d’avoir importé dans mon activité professionnelle un terme venu de l’univers de la musique expérimentale ; automation. Il est encore trop tôt ce matin pour en parler, mais ça mériterait tout de même un détour. Car si d’un mot je pouvais résumer cette année, ce serait l’année du détour. Aucun présupposé positif ou négatif, simplement une année de détour, de détours, à tous les sens du terme. Le détour peut être pris comme un renoncement, ou comme l’envie d’arriver moins vite que si l’évidence guide nos pas, ou alors, comme la volonté manifeste de ne pas se perdre… Le détour… mon mot fétiche pour cette année 2014 qui se referme. Mais une fois encore, il est trop tôt pour les bilans.
Laissons-nous encore porter quelques instants, car rien ne se termine réellement. Circumvolution year

Je commence à avoir marre des lectures atterrantes de la sociologie, des constats alarmants d’une société qui se gangrène d’une main et se reconstruit de l’autre, dans la beauté des gestes de coopération et de collaboration. Nous autres qui croyons encore que l’espèce humaine pourra se sauver, qu’il n’y a pas sur terre que des libéraux et des chacals, nous nous fatiguons à tenter de convaincre l’autre moitié de la société qu’il y a du salut possible dans la contemplation de nos errances. Je suis un peu fatigué de tout cela et voici que je me mets à parler comme un prêtre orthodoxe. Je me suis plongé dans une lecture parfaite, un grand roman au ton juste et apaisant ; La confrérie des moines volants, de Metin Arditi. Un livre qui fait du bien après avoir étudié celui sur les évaporés du Japon.

Il faut que je me repose, prendre un peu de recul, finir ce que je dois faire pour avoir la sensation de ne décevoir personne, moi le premier, même si là, j’atteins mes propres limites ; la suite n’en sera que plus belle. Il faut que je reprenne aussi la route, une fois que j’aurais employé mon esprit à plus de vagabondage.

Qui vive ? Qui passe ? Toi, encore, et en deux fois, à l’aller et au retour, répond le petit dieu des routes et des croisements. Puis il ajoute : mais jamais plus tu ne seras le même, tu as éprouvé ce qu’était le « Divers », et les confins t’ont ramené à cette rose des vents sur les cartes, où l’aiguille de la boussole n’a pas cillé. Alors, pose ton sac, mets tes godillots à sécher, ouvre ton carnet de mots et de dessins, et raconte. Ta vie singulière, au tamis de l’Autre, recommence. Tu es multiple, tu es toi-même carrefour.

Jean-Luc Coatalem, Eloge du petit dieu des carrefours,
in L’almanach des voyageurs, sous la direction de Jean-Claude Perrier
Magellan & Cie, 2012

Photo d’en-tête © Thomas Berg


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Romuald Le Peru 1135 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines