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396ème semaine: Sarkozy, Hollande, Le Pen, la politique pour les nuls

Publié le 06 décembre 2014 par Juan

396ème semaine: Sarkozy, Hollande, Le Pen, la politique pour les nuls

Sarkozy, Le Pen, Hollande


Pour qui se prennent-ils ? Les slogans de haine de Le Pen, les silences embarrassants de Hollande, l'hypocrisie de Sarkozy, la politique cette semaine n'est pas sortie grandie.


Nicolas II
La grande nouvelle de la semaine était forcément la prise de l'UMP par Nicolas Sarkozy.
L'homme a commencé par une drôle de manoeuvre, qui témoignait surtout d'une inquiétude personnelle. Sur ses 2 millions d'euros de revenus accumulés grâce à ses conférence payée par des banksters, Nicolas Sarkozy a discrètement et soudainement décidé de rembourser les 363 000 euros d'amende à l'UMP que le parti avait réglée à sa place après sa condamnation pour fraude au financement politique de sa campagne de 2012. Finalement, la crise du pouvoir d'achat n'est pas pour tout le monde. Le train de vie de l'ex-Président des riches reste hallucinant. Cumul de retraites, dividendes d'avocats, conférences sur-rémunérées, invitations gratuites dans des palaces, ... "Il mène une vie très simple" assure, sans rire, un de ses proches.
Ce remboursement soudain et inattendu n'a pas permis d'épargner à l'ex-trésorière de l'UMP, Catherine Vautrin, une mise en examen jeudi, pour "abus de confiance" dans cette affaire.
Dimanche soir, Sarkozy était sur TF1, cravate et costume noirs, le verbe mielleux, la posture conciliatrice, le regard un peu fuyant. Il l'avait gagné, cette présidence de l'UMP, mais ce n'était pas le triomphe attendu: deux tiers des suffrages exprimés, avec plus de 41% de d'abstentions. Pour une élection interne réservée aux plus motivés de la droite politique - les militants de l'UMP, ce score fait tâche: quatre militants sur dix ont choisi de ... ne pas choisir !
Il eut cette phrase étonnante de vérité, devant Claire Chazal: “Quand je ne pense pas quelque chose, madame, ça se voit”. Oui, cela se voyait cette fois-ci. Il souriait avec ses lèvres,  son regard était rageur quand Chazal l'interrogeait sur la percée de l'inconnu Bruno LeMaire. "Bruno, c'est du pipeau ! Il finira en slip kangourou" confia-t-il à ses proches en apprenant le score du rival.

Il propose de créer un "comité des anciens Premiers ministres".  La manoeuvre n'abuse personne. Seul Dominique de Villepin, le pire rival d'avant 2007, se précipite chercher un strapontin auprès du nouvel élu. Alain Juppé raille le "comité naphtaline"; François Fillon décline. Raffarin ne répond même pas.
Sarkozy a rapidement investi les locaux du quartier général parisien de l'UMP, rue de la Convention à Paris. Chaînes et radios d'information ont envoyé des correspondants permanents, gros micros en main, faire le siège des lieux. Sarkozy consulte, rencontre, négocie. Il prend soin de se faire photographier tout sourire avec ses pires rivaux de l'intérieur. Il "tweete" des mots doux et d'amour à ses adversaires d'hier. Cette agitation est théâtralisée à l'extrême.
Plutôt que d'assumer les désaccords, somme toutes mineurs, Sarkozy surjoue la fusion-réconciliation. Ce jeu excessif affaiblit davantage la crédibilité de la parole politique.
Dernière déconvenue, vendredi, Sarkozy apprend qu'Angela Merkel lui pose un lapin. Ou plutôt, elle a refusé l'auto-invitation de Sarkozy. Ce dernier avait un peu vite annoncé qu'il la verrait lors du Congrès de la CDU à Cologne, le 11 décembre. Il n'en sera rien.
Après des jours de négociations, Sarkozy nomme enfin son équipe. On dirait un gouvernement de IVème République dans les équilibres sont instables, les incohérences manifestes. Nathalie Kosciusko-Morizet à la vice-présidence de l’UMP ),  Laurent Wauquiez, un anti-mariage gay proche de l’extrême droite, récupère le secrétariat général. Christian Estrosi
Mercredi, Nicolas Sarkozy s'affiche avec son épouse Carla en couverture de Paris Match. Le Point préfère titrer sur une photo de Sarko avec ce titre prémonitoire: "ça va saigner".
François Ier
François Hollande reçoit pendant deux jours le couple royal de Suède. La reine tombe malade après le premier dîner. Le Petit Journal de Canal+ s'amuse. Hollande s'ennuie. Jeudi, il file au Kazakhstan, rencontrer l'ineffable autocrate Noursoultan Nazarbaïev, ancien grand ami de Sarkofrance. On se souvient des dîners complaisants organisés avec Claude Guéant. La République reprochable de Sarkozy s'accoquinait avec les pires autocrates du globe au motif du "bizness". La République (a)normale de Hollande poursuit le travail avec à peine davantage de discrétion. Hollande n'échappe pas à la photo-qui-tue, la tête coiffée d'une énorme chapka, un manteau de fourrure trop épaisse sur les épaules. Au retour vers Paris, il s'arrête à Moscou pour rencontrer Poutine. Se réfugier dans la diplomatie est sans doute la seule issue.
Hollande a perdu un conseiller, un de plus. C'est le cinquième proche débarqué de son poste pour des affaires d'argent depuis mai 2012. Cette fois-ci, l'homme va comparaître devant un tribunal. Faouzi Lamdaoui a démissionné mercredi, "pour se donner les moyens de se défendre ". La semaine précédente, Hollande avait accepté la démission d'un autre proche, Kader Arif, secrétaire d'Etat du gouvernement Valls, visé par une enquête préliminaire ouverte sur les activités des sociétés de ses proches.
Le même jour, Manuel Valls invite 80 parlementaires socialistes, triés sur le volet. Pas un de plus. Son service de com' fait savoir qu'il y a des déçus parmi les non-invités. La démarche est habile. On oublie l'essentiel: Manuel Valls n'aurait que 80 députés socialistes fidèles. Un sondage le qualifie de "personnalité d'avenir du PS". Dimanche, Valls sera sur TF1, une semaine après Sarkozy. Il y a des parallélismes symboliques tenaces.
Michel Sapin promet 3% de déficit public en 2017, pas plus. Il a même trouvé 3,6 milliards d'euros d'économies pour l'an prochain grâce à la lutte contre la fraude, quelques hausses de taxes sur les équipements ou les surfaces commerciales, et un "ajustement de prévisions" inespéré pour près de 2 milliards. Le gouvernement français négocie toujours et encore avec la Commission de Bruxelles. Ce feuilleton euro-fiscal est interminable.
Il y aura encore 6 milliards d'impôts supplémentaires l'an prochain.  L'Assemblée tente d'achever l'examen du budget 2015. Au passage, elle vote l'interdiction de la vente de cigarettes par internet. Le gouvernement recule tous azimuts sur la libéralisation des professions réglementées: Emmanuel Macron plie devant les avocats sur la création d'un statut d'avocat d'entreprise. Sa collègue de la Santé qui voulait autoriser la vaccination par les pharmaciens, cède aussi. Aux cliniques privées, elle revient sur l'interdiction des dépassements d'honoraires pour leurs services d'urgence.
A Marseille, la mairie distribue des "triangles jaunes" pour étiqueter les SDF.
Les Restos du Coeur font appel aux dons. Dans le Nord, un entrepôt a brûlé, détruisant quelques tonnes de nourriture indispensable alors que la campagne d'hiver débute. A Paris et à Lyon, quelques milliers de patrons mettent en scène leur ras-le-bol fiscal et administratif.
Le décalage est indécent.
Pierre Gattaz, le président du MEDEF, est forcément très verve. De meetings en manifestations, c'est "leur" semaine. Il est si rare de rare de voir des employeurs manifester dans la rue. Ces outrances ne font pas illusion. Emmanuel Macron rétorque maladroitement.cIl dénonce l'échec du ... Pacte irresponsable de François Hollande... Quel cri du coeur ! Il accuse les patrons de n'avoir pas créé les emplois promis en contrepartie des allègements de cotisations sociales que l'équipe a fait voter - 41 milliards d'euros sur 2014-2017. Macron est-il né de la dernière pluie ? Depuis les premières annonces, le pacte irresponsable, et plus généralement cette politique de "l'offre" est critiquée à gauche (et ailleurs) pour son absence de contre-parties demandées aux entreprises, son mauvais ciblage et, surtout, son inefficacité supposée.
Au Royaume Uni, le conservateur David Cameron s'est décidé à relever les impôts, notamment sur le revenu. La réduction des dépenses publiques et la généralisation des mini-jobs ont certes relancé la croissance, l'une des plus fortes de la zone européenne (+3%), mais au prix d'une aggravation du déficit budgétaire (à 5,3% cette année).
Marine Zéro
La victoire décevante de Sarkozy à la présidentielle UMP tranche avec le score nord-coréen de Marine Le Pen au FN. Lors du congrès du parti frontiste, la fille du patriarche a récolté 100% des suffrages des délégués, moins 17 voix. Nicolas Bay, un ex-mégrétiste, est désigné secrétaire général.  Dans le discours de clôture de Marine Le Pen, on ne compte plus les slogans anxiogènes, les mots de haine, les appels clivant. La présidente du FN est certaine d'être au second tour de la présidentielle de 2017.
Lors du Congrès, une video fortement applaudie fut diffusée sur les divers dérapages de Jean-Marie Le Pen au cours de sa carrière.
La France est malade de cette grippe frontiste.
Marine Le Pen a des soucis d'argent. Son recours à un emprunt russe, accordé par un oligarque douteux, a presque fait oublier ses affaires judiciaires. Car la justice s'intéresse, enfin, au financement de sa campagne présidentielle en 2012, et, notamment, à son micro-parti baptisé "Jeanne". L'enquête initialement ouverte pour "escroquerie en bande organisée" et "faux et usage de faux" sur les campagnes cantonales de 2011 et législatives de 2012 a été élargie au "blanchiment en bande organisée". En cause, d'après Mediapart, des soupçons de surfacturation d'un prestataire dirigé par un très proche de Marine Le Pen. Voici l'affaire Bygmalion du FN...
Rien que ça...
“Je suis là pour sauver la peau du peuple francais” explique Marine Le Pen.
Attention à l'équarissage.
Ami(e) citoyen(ne), accroche-toi.
Crédit illustration: DoZone Parody
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