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Moisson - Jim Crace

Publié le 07 décembre 2014 par Litterature_blog
Moisson - Jim Crace Une fois n’est pas coutume, je vais commencer mon billet par une petite revue de presse. Voila par exemple ce que j’ai trouvé dans « Lire » à propos de ce roman : « Moisson est un conte noir, dont la puissance est dissimulée sous les épis de blé, les bottes de foin, les réserves de chaumes, et au-dessus duquel le ciel menace sans cesse.  […]Moisson, c’est le feu du western qui arrive dans un roman naturaliste. […] Par un phrasé ample, tout à la fois psychologique et abstrait, chamanesque pour un peu, Crace tient son lecteur en apnée. […] Intemporel, Moisson est un des très grands moments de l’automne littéraire cette année ».
Et dans le Monde des livres : « Crace est un ménestrel. Il chante les temps d’avant la croissance mythique et s’interroge sur la moisson de la modernité. […] Il faut lire Crace, un écrivain poétique, politique et puissant. Un fabuleux fabuliste ».
Bon, alors de deux choses l’une : ou bien je suis un parfait abruti (hypothèse à ne pas écarter totalement, je vous le concède), ou bien ces critiques professionnels en font des caisses pour un roman qui ne casse pas trois pattes à un canard. La réalité doit sans doute se trouver quelque part entre ces deux possibilités.  Par rapport à l’article du monde, je ne retiendrais que l’aspect politique de l’œuvre. Parce que perso, je n’y ai rien vu de poétique ni de puissant. Quant au feu du western qui arrive dans un roman naturaliste dont parle « Lire », je me demande si on a lu le même livre. En tout cas je n’ai pas été tenu en apnée une seule seconde.
Mais au fait, de quoi il parle ce roman ? D’une petite communauté agricole de soixante âmes isolée du reste du monde et vivant en totale autarcie. On ne sait pas où elle se trouve, on ne sait pas quand l’action se déroule. Ce pourrait être le Moyen âge, ce pourrait être le 19ème siècle préindustriel. En fait, le fonctionnement du village au fil des saisons a tout de féodal. Le narrateur raconte l’arrestation de trois étrangers après un incendie ayant touché une partie du manoir du seigneur Ken. Accusés sans preuve, les deux hommes sont cloués au pilori et la femme parvient à s’échapper. Quelques jours plus tard apparaît maître Jordan, nouveau propriétaire des lieux voulant remplacer les cultures par l’élevage de moutons et faire basculer cette « bulle » hors du temps vers le progrès, vers le capitalisme de marché. Ces deux événements à priori sans rapport vont précipiter l’éclatement de la communauté.
Clairement, je me suis ennuyé. Le narrateur loue les vertus de la nature triomphante, de la  simplicité du travail de la terre. Il y a de longues descriptions des activités agricoles, des champs et des bois qui ont eu sur moi un effet soporifique indéniable. Après, je reconnais qu’il y a une forme de tension assez prenante par moment, que l’aspect intemporel donne une dimension mystérieuse et universelle au récit, que l’évidente allégorie dénonçant la mondialisation et le propos politique sous-jacent (notamment le racisme lié au repli sur soi) sont finement amenés. Mais de là à en faire « un des très grands moments de l’automne littéraire cette année », il y a un fossé, un énorme fossé, que je me garderais bien de franchir.
Moisson de Jim Crace. Rivages, 2014. 266 pages. 20,00 euros.
Moisson - Jim Crace


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