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Les bonnes nouvelles se vendent bien et pourtant…

Publié le 09 décembre 2014 par Jessica Staffe @danmabullecultu

A l’époque où la crise économique continue à faire des ravages, la plupart des médias généralistes continuent de diffuser des mauvaises nouvelles. La courbe du chômage ne cesse de monter, des entreprises font faillites, la pauvreté s’accroît, la violence est un état de fait et la radicalisation des idées se fait sentir. Tous ces éléments sont vrais et se vérifient chaque jour mais se reflètent qu’une partie de la réalité. La société apparaît morose et les citoyens ne peuvent que ressentir cette déprime ambiante comme si rien de positif n’arrivait. Pourtant chaque jour, des initiatives sont prises à travers le monde pour améliorer nos vies et nous amener vers un avenir plus radieux. Ces phénomènes sont pourtant peu traités. Pourtant les bonnes nouvelles sont appréciées par le public qui en général se sent revigoré en les apprenant. Sur les réseaux sociaux par exemple, les bonnes nouvelles sont relayées rapidement et prennent bien souvent plus d’ampleur. Le public veut tout simplement être informé et pouvoir choisir sans subir la morosité ambiante imposée par le plus grand nombre.

L’effet néfaste de la théorie de Mc Lutant

Certains médias en parlent mais généralement de manière très succinte.   Finalement, ils ne font que suivre l’idéologie de Marshall Mc Luhan, un sociologue américain qui avait décrété « Good new is no news ». Il avait aussi pensé le village planétaire et avait imaginé la révolution internet et son impact sur les médias. Cette théorie représente la base du travail des journalistes. Bien souvent on ne parle que des trains qui arrivent en à l »heure. Cette notion journalistique est reprise par les agences de presse. Les informations ainsi publiées traitent bien souvent d’évènements dramatiques et anxiogènes peu relatent les changements positifs que connaissent notre société. Très factuelles, elles ne révèlent pratiquement que le côté obscur de la réalité. Evidemment il ne faut pas tomber dans l’excès inverse qui tendrait vers l’angélisme mais ne pas les mentionner signifie qu’on oublie d’en faire part et cette attitude reflète une idéologie teintée de pessimisme. Une nation pessimiste est un pays composé de citoyens qui ne veulent plus agir, réagir et pensent que leur action n’a pas d’incidence sur le cours des choses. Ainsi ils finissent pas devenir amorphes et plus facilement manipulables. C’est ainsi que les gouvernements totalitaires voire les dictatures se mettent en place et perdurent. La peur engendre aussi ce genre d’attitude. Une société qui a peur est une société qui n’est pas sûre d’elle et se recroqueville sur elle. C’est un peu le cas de la France en ce moment.

Cette idée que les citoyens désirent des nouvelles négatives  apparait erronée, elle montre surtout que notre esprit est conditionné pour recevoir ce genre d’élèments. Notre cerveau surréagit à ces stimuli et semble en être en demande comme le rappelle le Professeur Rick Hamon «Nous cherchons constamment des informations négatives pour surréagir, et puis nous stockons ces réactions dans la structure du cerveau. Par exemple, on apprend plus vite de la douleur que du plaisir, et les interactions négatives ont plus d’impact.» Ce mécanisme de dépendance n’est pas inéluctable et ne contredit pas le fait que chaque citoyen ait besoin d’une dose de bonne nouvelle pour aborder son avenir plus sereinement et envisager sa vie différemment. Pour le scientifique Joël de Rosnay, ce mécanisme nous viendrait de nos ancêtres : «Les êtres vivants (humains, animaux), qui se souviendront des mauvaises expériences et de la manière d’échapper à toutes sortes de périls auront de meilleures chances d’échapper à la mort», explique-t-il dans La Tribune.

D’après ces théories, c’est le public qui influencerait le choix du traitement de l’information et l’utilisation de biais négatif. Cette affirmation consiste à  laisser penser que les médias se soucient complètement de l’avis du public. Cet avis à un impact et conduiraient les médias à s’intéresser à des sujets plutôt qu’à d’autre sous la pression d’un public avide d’en savoir plus. Partir de ce principe c’est faire croire que ce sont les citoyens qui font les médias. Si les médias nous ressemblent ou tendent à nous donner une certaine image de nous-mêmes, ils représentent aussi un miroir déformant de la réalité. Ils font l’écho des nouvelles qu’ils veulent bien diffuser, le reste est bien souvent passé sous silence et seule une minorité de personne peuvent y avoir accès. Cette réalité est dommage pour l’ensemble de la société car finalement les médias ne joueraient plus complètement leur rôle de contre-pouvoir citoyen.

Les Slows medias et l’information positive

Face à cette sinistrose ambiante certains proposent un nouveau regard sur le monde. Au lieu de partir du problème, il décide de dévoiler les solutions pour régler les problèmes. Grâce à ce mécanisme, il est ainsi possible de voir la vie positivement et donc d’en être acteur. La mouvance des Slow médias et de l’information positive tiennent à prouver qu’il est possible de transformer notre regard sur la société mais aussi de changer le rapport des journalistes à l’information. Beaucoup d’initiatives essayent de changer la donne et d’inverser la tendance. Au lieu de médiatiser les guerres de gangs dans les banlieues, la violence dans les transports en communs ou les méfaits de la crise économiques certains choisissent plutôt de mettre en évidence les initiatives qui fonctionnent. Ils prennent le parti pris de s’intéresser aux start up lancées dans des cités défavorisées, aux projets collaboratifs mettant en évidence les valeurs de l’entraide et du partage ou encore aux idées alternatives qui promeuvent une société plus égalitaire et plus soucieuse du bien être de tous et non d’une minorité. C’est ce choix éditorial qu’on fait des sites d’info comme say yess ou pepnews.

Les bonnes nouvelles se vendent  bien et pourtant…
Les bonnes nouvelles se vendent  bien et pourtant…
Les bonnes nouvelles se vendent  bien et pourtant…

Rien n’est donc perdu et nous avons aussi un rôle à jouer dans ce changement. Depuis sa création En positivo enregistre un franc succès. L’Espagne , pays où ce médias est né est pourtant touché durement par la crise. Ce choix éditorial participe aussi à la reconstruction des médias dans ce pays. Son fondateur est satisfait et montre un nouveau chemin à ses lecteurs- internautes  » Quand le public comprendra qu’il doit apporter son soutien à ce type de média, quand les annonceurs comprendront qu’ils ne doivent pas faire uniquement leur pub dans les médias traditionnels mais que les nouvelles positives leur offrent un très bon contexte… ». Jorge Dohner espère ainsi que son média se développera et donnera une nouvelle dynamique aux autres sources d’information. Encore minoritaire, ces sites se multiplient en proposent des contenus originaux et différents. Parfois décalés, ils demeurent sérieux. L’association reporters d’espoirs oeuvrent dans ce sens.

Toutes ces initiatives à petite ou grande échelle prouvent qu’il est possible d’apporter de l’information positive et de proposer une solution innovante pour la traiter et lui donner toute son importance. Tous ces projets démontrent qu’une « good news is a news » et répondent totalement aux enjeux du monde contemporain. Mc Luhan aurait-il eu tort ?

Jessica Staffe



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