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La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon

Publié le 11 décembre 2014 par Antigone

lapetitecommuniste

 "Ce qu'elle accomplit, ce jour-là, personne ne sera capable de le raconter, ne restent que les limites des mots qu'on connaît pour décrire ce qu'on a jamais imaginé.
Est-ce qu'on peut dire qu'elle prend le temps. Ou qu'elle s'empare de l'air. Ou qu'elle intime au mouvement de se plier à elle."

Dès que Nadia Comaneci apparaît aux JO de Montréal en 1976, et obtient le dix parfait, la fascination est de mise. Lola Lafon s'est penchée sur la vie de cette athlète hors du commun, entraînée en roumanie par un homme aux méthodes drastiques, Bela. Mais il n'est pas aisé de faire la part des choses entre le mythe et la réalité, entre ce que souhaite réécrire la sportive de sa propre histoire et ce qui s'est réellement passé. L'écrivain, et son sujet, sont en effet en constant dialogue, mais parfois l'incompréhension éclate. Nadia Comaneci ne veut pas que l'on présente une Roumanie triste aux rues grises, elle reste ferme sur le fait qu'il y a eu également des moments meilleurs, reste évasive sur ses liens avec le pouvoir en place. La petite fille obéissante et déterminée est devenue aujourd'hui une femme au corps libéré, parfois malhabile, qui ne sait plus quoi faire d'une liberté dont on lui vantait les mérites mais dans laquelle elle se sent finalement prisonnière...

La petite communiste qui ne souriait jamais est le récit chronologique d'un parcours sportif, mais pas seulement. Il s'agit ici aussi de creuser la vérité, de combler les trous d'un récit de vie avec des dialogues fictifs, d'inventer une biographie, à la fois fidèle et étrangère. Et c'est ce qui est hautement intéressant dans le travail de Lola Lafon, ce va et vient intentionnel entre fiction et réalité. La fiction finissant d'ailleurs au final par avoir bien plus de crédibilité que la pseudo vérité qui est présentée. Il est évident que dans tous les pays - et pas seulement dans les états totalitaires-, les athlètes sont des emblèmes utiles, dont on se sert un moment, puis qu'on éjecte sans ménagement quand la performance n'est plus là. Il faut alors que l'image soit impeccable, sans tâche, conforme au message. Nadia Comaneci a été cette emblème, longtemps, d'une roumanie qui voulait se montrer combative et moderne, mordante et fière. Lola Lafon était fascinée par la petite fille, elle semble prendre beaucoup de distance avec la femme avec laquelle elle correspond. En dehors de tout ce qu'il y a de remarquable dans ce roman, c'est sans doute cette distance qui m'a tenue un petit peu à l'écart du sujet tout au long de ma lecture. Je salue tout de même la performance d'écriture, comme elle le mérite, aisni que l'originalité enthousiasmante du projet.

Editions Actes Sud - 21€ - Janvier 2014

La vidéo du premier dix parfait à voir [par ici] - Ecouté en audiolib par Sylire [clic] - Un livre fascinant pour Aifelle [clic] - Un grand et beau coup de coeur pour Cathulu [clic] - ... et l'intéressante fiche du livre sur le site Actes Sud [clic], ce titre a été beaucoup lu, il a reçu de nombreux prix !


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