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[Avis] Prophète Gris : Un roman de Thanquol & Vorax, de C. L. Werner

Publié le 11 novembre 2014 par Hirototo

Je ne suis pas un grand fan des romans à licence. On le sait, ce domaine est piégeux, il regorge de merdouilles sans originalité et de traductions bancales. Mais parfois, quelques bonnes surprises surnagent comme des crottes récalcitrantes dans une cuvette de toilette. Ainsi, après avoir passé un agréable moment avec La Foi et le Feu de James Swallow, j’ai de nouveau tenté ma chance en plongeant cette fois dans l’univers de Warhammer Battle, qui m’a toujours davantage séduit que celui du 41ème millénaire. Mieux encore, le bouquin concerné nous invite à découvrir la glorieuse et élégante société skaven pour laquelle j’éprouve une grande affection depuis mon adolescence boutonneuse. En effet, au milieu de l’immense et foisonnante toile de fond pondue par Games Workshop pour soutenir son célèbre jeu de batailles avec figurines, j’ai toujours considéré que l’histoire des Skavens sortait du lot. Original, plutôt drôle en dépit de son côté crado, le background des hommes-rats se prête souvent mieux que les autres à de joyeuses extrapolations et à des scénarios débiles mais néanmoins épiques.

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Une souris verte

Peuple de rats mutants aux origines mystérieuses, les innombrables Skavens rongent les entrailles du monde de Warhammer et oeuvrent dans l’ombre pour s’assurer de la chute des royaumes humains. Capables de se dresser sur leurs pattes arrières pour se déplacer comme des hommes, les Skavens sont des êtres malveillants et agressifs dotés d’une grande intelligence. Ils incarnent tous les travers des hommes, tout ce que ces derniers considèrent comme méprisable et honteux. Incapables de faire preuve de courage, malhonnêtes, imperméables à la pitié, les hommes-rats n’hésitent jamais à tromper, voler ou assassiner ennemis ou congénères pour obtenir un peu de pouvoir ou de richesse, tout en refusant systématiquement d’endosser la moindre responsabilité. Au sein de leur société dont les bases reposent en grande partie sur l’esclavage, il n’est pas question de respect ou de loyauté. Un skaven n’obéit jamais de gaieté de coeur, il ne le fait que parce qu’il craint ceux qui sont plus forts ou plus sournois que lui. Tous ces éléments prennent une saveur particulière quand on sait que les Skavens ne vivent pas très vieux, vingt ou trente ans tout au plus. En ce sens, leur société n’envisage jamais rien sur le long terme, ne construit rien qui soit amené à durer et fonctionne toujours à plein régime.

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Quatrième de couverture (parce qu’il faut bien parler du bouquin)

Lorsque l’artefact connu sous le nom de Pierre des Vers est découvert, une seule créature du Sous-Monde des skavens est assez vicieuse et folle pour essayer de contrôler son pouvoir maléfique : le prophète gris Thanquol. Mais lorsque l’artefact est dérobé par des contrebandiers, ce dernier se doit de le retrouver au plus vite. Cependant, un mystérieux sorcier et sa bande d’hommes de main tentent par tous les moyens d’empêcher le skaven de mettre la patte sur son bien. C’est uniquement en retrouvant la Pierre des Vers, en évitant les tentatives de meurtre de ses propres suivants, et en esquivant les maléfices de ses maîtres de Skarogne, la ville des hommes-rats, que Thanquol parviendra à réaliser son plan machiavélique qui placera sous son contrôle l’empire des hommes, mais aussi celui des rats !

Un roman au poil

Le principal attrait du bouquin, c’est bien entendu de nous en apprendre plus sur les rouages de la société skaven. Si cet aspect est abordé dans les autres publications de Games Workshop, et notamment dans le Livre d’Armée permettant de jouer cette faction en d’en collectionner les figurines, ce roman permet de vraiment plonger dans le vif du sujet. L’approche n’est plus celle d’un “livre d’histoire” censé regrouper l’essentiel des connaissances sur les Skavens. Ici, on se concentre en effet sur le personnage de Thanquol, un puissant magicien qu’il est d’ailleurs possible d’aligner sur le champ de bataille lors d’une partie de Warhammer. Et à travers lui, on découvre la manière dont les hommes-rats se comportent entre eux, leur nature de pleutres et de comploteurs qui s’arrangent toujours pour que leurs subordonnés prennent tous les risques à leur place.

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Ainsi, sachez que si un dignitaire skaven vous adresse un jour la parole, mieux vaut vous coller au sol en exhibant votre gorge en signe de soumission. Le top étant encore de vous uriner dessus, de faire fonctionner vos glandes de peur et de vous lancer dans une avalanche de superlatifs du genre “Ô plus ignoble des prophètes, votre majesté m’aveugle, je ne suis pas digne de vous servir !” en Queekish, la langue skaven. Et surtout, surtout, ne souriez pas, montrer vos dents ayant toutes les chances d’être interprété comme une menace.

 

Vous en voulez Thanquol ?

On en apprend également beaucoup sur leur commerce, sur les relations entre les différents clans majeurs (des assassins du clan Eshin aux moines de la Peste perclus de maladies en passant par les géniaux inventeurs du clan Skryre et les éleveurs de créatures mutantes du clan Moulder) et leurs cités souterraines, gigantesques terriers nauséabonds.

Cela dit, prise en elle-même, l’intrigue développée dans le bouquin n’a rien de franchement extraordinaire, mais elle se laisse toute de même suivre avec plaisir, notamment parce qu’elle fait place à de nombreux rebondissements. Thanquol m’a ainsi semblé particulièrement bien dépeint, notamment parce qu’il est justement dévoré par son ambition et que ses pensées sont tortueuses au possible, au point qu’il troque souvent un plan fumeux pour un autre en l’espace de dix minutes.

Le souci du roman, c’est qu’on sent quand même vachement l’anglais poindre sous une traduction parfois un peu faiblarde. Le style de l’auteur, qui ne fait pas d’étincelles sans être désagréable à lire non plus, ne ressort pas grandi de l’opération. En résulte un bouquin marrant pour celui qui, comme moi, apprécie l’univers de Warhammer et la fantaisie cracra des hommes-rats.

Thanquol et Vorax Skaven


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