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17 décembre 1914,

Par Cantabile @reimsavant

Nuit assez mouvementée. Fusillade, canon.

Bombardement dans la matinée.

Après-midi, bombardement autour de l'hôtel de ville. Alors que nous sommes tranquillement occupés à travailler, un obus arrive à l'entrée de la rue de Pouilly, tout près de la maison Sevestre, en face des Galeries Rémoises. Son explosion a fait vibrer les vitres du bureau et cela nous fait sortir pour aller jeter un coup d’œil par la salle des appariteurs. Au moment où j'approche de l'une de ses fenêtres, un second projectile, tombant à peu près au même endroit, éclate en masquant derrière un fumée noire et épaisse le coin de la place où est la Banque de France ; des gens qui se trouvaient dans ces parages se sauvent de tous côtés pour chercher un abri.

D'autres obus arrivent encore faisant explosion autour de la mairie, l'un au coin de la rue Thiers et de la rue des Boucheries, un autre rue de la Prison. etc. M le Dr Langlet, MM. Em. Charbonneaux, de Bruignac et Raïsac quittent le bureau de l'administration faisant suite, à droite de la grande salle et tout le personnel se répand, partie dans les couloirs ou la salle des Pas-Perdus, partie dans les sous-sols.

- A partir de 21 h, le bombardement reprend et dure toute la nuit. Impossible de dormir. Chaque fois que je commence à m'assoupir, une nouvelle explosion me ramène à la réalité des choses comme, de temps en temps, ne pluie de morceaux de tuiles ou d'ardoises dans la petite cour de la maison rue Bonhomme, m'indique qu'une immeuble assez proche vient d'être touché. Décidément, je ne puis guère compter me reposer pour le moment. J'écoute attentivement les sifflements qui se suivent, voulant croire, après chaque éclatement, que le bombardement pourrait cesser ; non, "ils" continuent toujours à tirer. Plusieurs fois, je me demande s'il ne me va pas falloir me relever. Descendre à la cave ou au sous-sol par un froid de loup ne me dit rien. J'attends donc... et vers 6 h du matin seulement, les derniers obus tombent - encore tout près. Le bruit sec d'un gros éclat frappant fortement le pavé, devant le vitrage de la salle-à-manger où je suis si bien installé, me fait lever cette fois, et, malgré un grand besoin de sommeil, je dois considérer ma nuit comme terminée.

Il a été envoyé plus de deux cents projectiles sur la ville, depuis hier soir et au cours d'une petite tournée que je tiens à faire avant de renter au bureau, je m'aperçois que les engins dont j'ai si bien entend les explosions sont tombés rue Cérès, rue des Coumeaux, rue Ponsardin aux caves Werlé (1), boulevard Lundy, etc.

Paul Hess dans Reims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos

(1) rue de Mars

17 décembre 1914,
17 décembre 1914,
17 décembre 1914,
17 décembre 1914,

Au centre se trouvait Paul Hess, rue Bonhomme

Jeudi 17 - Nuit tranquille. Répondu à l'adresse de l'Archevêque de Captown au sujet de l'incendie de la Cathédrale (Recueil p. 17 et 23).

11 h 1/4 aéroplane ; 11 h 1/2 bombe ; un tué rue Folle Peine ; feu à la Maison de Retraite. Bombes à 2 heures.

Visite à la (Clinique) Ambulance Mencière, aux blessés et malades.

Visite à M. le Curé de Ste Geneviève.

4 à 5 h bombes sur la ville. Toute la nuit, Bombardements.

Je reçois presque tous les jours depuis mon retour du Conclaves à Reims, des lettres de condoléances au sujet de l'incendie de la Cathédrale. Dames Polonaises écrivaient de Varsovie un long télégramme, Duc d'Orléans, Faculté Théologie de Montauban, Grand Rabbin de Paris, Pasteur et Rabbin de Reims, Archiprêtre du Chapitre de Captown, etc.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918, éd. Travaux de l’Académie Nationale de Reims

17/12 - Jeudi - Comme la veille mais la nuit, violent bombardement, on a compté 170 obus environ parait-il sur le faubourg Cérès.

Carnet d'Eugène Chausson durant la guerre de 1914-1918

Voir ce beau carnet visible sur le site de petite-fille Marie-Lise Rochoy


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