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Syriza fait trembler le pouvoir grec

Publié le 17 décembre 2014 par Blanchemanche
#Grèce 

Charlotte Stiévenard Athènes

17 décembre 2014
Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, accuse le gouvernement de jouer sur la peur du «Grexit», la sortie de la zone euro
Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, accuse le gouvernement de jouer sur la peur du «Grexit», la sortie de la zone euroLe candidat gouvernemental Stavros Dimas pourrait ne pas être élu à la présidentielle qui se déroule en trois tours et commence ce mercredi. En cas d’échec, le parti de la gauche radicale Syriza serait bien placé pour gagner des élections législatives anticipées. Un scénario redouté qui plongerait le pays dans une crise politique majeure et pourrait précipiter sa sortie de la zone euroL’élection du président de la République débute ce mercredi en Grèce. Les députés doivent se prononcer aux alentours de 19h pour ou contre Stavros Dimas, le candidat proposé par le gouvernement d’Antonis Samaras. La coalition des conservateurs et des socialistes a choisi cet ancien commissaire européen à l’Environnement, puis à l’Emploi, pour mieux rassembler alors que le scrutin s’annonce difficile.Derrière cette élection se profilent en effet des élections législatives anticipées. Les députés auront trois tours pour trouver un minimum de 180 voix, le seuil pour être élu. En cas d’échec lors du dernier tour, le 29 décembre, le parlement sera dissous. Les Grecs devront alors élire de nouveaux députés au début de l’année prochaine avec le risque de voir la gauche radicale de Syriza, en tête dans les sondages, accéder au pouvoir. «C’est un coup de poker du gouvernement», explique Giorgos Sefertzis, analyste politique du cabinet Evresis.Au parlement, la majorité ne possède actuellement que 155 sièges, soit bien moins que les trois cinquièmes – les 180 voix – nécessaires à l’élection du président. Une partie de l’opposition pourrait cependant se rallier au premier ministre Antonis Samaras qui, selon Giorgos Sefertzis, fait pression avec un argument de poids: l’instabilité politique en cas de dissolution du parlement bloquerait les négociations avec la troïka européenne sur la fin du deuxième plan d’aide financière à la Grèce. Pour le spécialiste de la politique grecque, «les députés ne veulent pas être accusés de superficialité et d’irresponsabilité. De plus, une majorité claire du peuple ne veut pas d’élections législatives anticipées. Les parlementaires ne voudront pas aller à l’encontre de l’opinion publique.» Le quotidien To Vima, proche des socialistes au pouvoir, a publié dimanche un sondage du cabinet Kapa Research qui va dans ce sens. Pour 59,9% des personnes interrogées, la perspective d’élections législatives anticipées est une «évolution négative pour l’économie et la société».A priori, le gouvernement a une petite marge de manœuvre et pourrait tenter de rallier des voix du côté des 24 députés indépendants. Une partie d’entre eux sont en effet d’anciens membres du Pasok et de la Nouvelle démocratie, les deux partis du gouvernement. Le groupe parlementaire populiste des Grecs indépendants apparaît lui aussi comme un maillon instable de l’opposition. Ce dernier parti a certes appelé à voter contre le candidat du pouvoir à la présidence, mais deux députés ont déjà souligné qu’ils pourraient changer d’avis si survenait un «risque majeur». En cas d’absence d’accord sur la candidature de Stavros Dimas après le premier ou le second tour, le gouvernement aura également la possibilité de proposer un autre candidat.En annonçant la semaine dernière seulement que l’élection présidentielle serait anticipée et débuterait ce mercredi, avec deux mois d’avance par rapport au calendrier prévu, le premier ministre conservateur a fait un drôle de pari. Pour Panos Skourletis, le porte-parole du parti d’opposition Syriza, «le gouvernement a compris qu’il n’arriverait pas à faire adopter les dernières mesures d’austérité demandées par la troïka en échange de la fin du deuxième plan d’aide».Or, c’est sur la lutte contre les dommages causés par l’extrême rigueur budgétaire que s’est construite la Coalition de la gauche radicale, devenue un parti unitaire en juillet 2013. Selon le professeur de sciences politiques Ilias Nikolakopoulos, le gouvernement cherche à mettre Syriza «le dos au mur». En cas d’élections anticipées en janvier et de victoire Syriza, la gauche radicale aura peu de marge de manœuvre pour négocier la sortie du deuxième mémorandum qui doit se terminer fin février. Ce scénario inquiétant pourrait bien se réaliser car, depuis plus d’un an, Syriza est en tête des intentions de vote. Selon le sondage réalisé pour To Vima, Syriza obtiendrait 25,5% des votes contre 22,7% pour la Nouvelle Démocratie.Depuis plusieurs mois, la bataille fait donc rage entre Antonis Samaras et le leader de Syriza, Alexis Tsipras. Ce dernier accuse le gouvernement de jouer sur la peur du «Grexit», la sortie de la zone euro, un terme apparu début 2012. Le programme du parti prévoit en effet un effacement d’une partie de la dette énorme du pays, chiffrée à plus de 300 milliards d’euros. Une telle mesure serait «suicidaire», selon Pierre Moscovici. Le commissaire aux Affaires économiques était en visite à Athènes ces deux derniers jours.Pour la première fois dans l’histoire, la Commission prend donc position dans une élection nationale. La semaine dernière, dans une interview à la télévision autrichienne ORF III, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a appelé les Grecs à voter pour des «visages connus» et contre les «forces extrêmes». L’opposition a aussitôt dénoncé une «ingérence dans les affaires internes du pays».http://www.letemps.ch/Page/Uuid/57a5649e-8567-11e4-9cd5-59e213f8caa2

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