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Charente-Maritime : pas d’éolien offshore à cause des oiseaux ?

Publié le 17 décembre 2014 par Blanchemanche

#parcéolien #Oléron
Le littoral du département est pour le moment exclu des plans de l'Etat en raison de la présence d'une « zone de protection spéciale » pour les oiseaux le long de ses côtes. Une décision qui inquiète les professionnels d'un secteur qui n'a plus le moral.
Charente-Maritime : pas d'éolien offshore à cause des oiseaux ?
(Crédit photo : La Compagnie du Vent)
Verra-t-on un jour des éoliennes au large des côtes de Poitou-Charentes ? Rien n’est moins sûr. Et ce, à cause des oiseaux de Charente-Maritime. L’intégralité de l’espace maritime de la région a en effet été classée par les services de l’État en « zone rouge » pour l’implantation de parcs éoliens offshore du fait de la présence d’une « zone de protection spéciale » (ZPS) pour les oiseaux. Une zone qui couvre plus de 800 000 hectares et qui correspond à tout le littoral charentais jusqu’à plus de 100 kilomètres au large.

Le risque d’une jurisprudence

Cette décision intervient alors que le gouvernement va bientôt annoncer les zones qui feront l’objet d’un appel d’offres pour l’implantation de parcs éoliens offshore. Mais la concertation pour définir les périmètres les plus propices a souvent été houleuse. En Vendée, l’opposition du président du Conseil général Philippe de Villiers pourrait ainsi torpiller l’un des seuls projets acceptés par les pêcheurs. Les professionnels du secteur éolien, eux, font grise mine. Sylvain Benoist, assistant chef de projet éolien offshore chez le développeur Enertrag estime qu’il aurait mieux valu attendre et « ne pas fermer la porte », en classant par exemple le périmètre en orange (développement potentiel). « Il y a fort à parier que cette jurisprudence, si elle est confirmée, se développera partout ailleurs », regrette-t-il.Même la Ligue de protection des oiseaux, qui a son siège en Charente-Maritime, ne se félicite pas du classement en zone rouge de la région. « Natura 2000 (le réseau européen de sites naturels à grande valeur patrimonial dont la ZPS de Charente-Maritime fait partie, ndlr) n’est pas un facteur rédhibitoire, mais demande plus de finesse dans la réalisation des études, la conception du projet. C’est assez logique d’éviter ces zones dans le cadre du premier appel d’offres, ce qui permet d’acquérir plus de connaissances sur des sites moins sensibles », estime Yann André, chef de mission développement durable.

La région marquée en rouge à cause de Ségolène Royal ?

« Ce classement n’est pas une surprise, depuis que Ségolène Royal a été candidate à la présidentielle, c’est toute la région qui est marquée en rouge » par l’Etat, peste de son côté Georges Stupar, président de la commission Energies Renouvelables au Conseil régional de Poitou-Charentes. Clairement en faveur de l’offshore, il rappelle en effet « le peu de développement de l’onshore du fait du préfet ». En revanche, du côté du Conseil général de Charente-Maritime, présidé par le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau, pour le moins sceptique sur l’éolien, on ne se mouille pas : « Les autorisations sont gérées par l’Etat et ne relèvent pas de notre domaine de compétence, mais sachez que le Conseil général reste très attentif au développement des énergies renouvelables ».Or « une des seules zones qui pourraient être équipées pour la façade Atlantique, c’est la Charente-Maritime et plus précisément au large de l’Ile de Ré », assure Sylvain Benoist. Selon lui,« il faut revoir le zonage sinon on n’atteindra pas les objectifs » du Grenelle de l’environnement : 6000 MW offshore en 2020. La question est encore plus sensible pour la région Poitou-Charentes, qui s’est engagée en juin à tirer au minimum 26% – et si possible 30% – de son énergie de sources renouvelables en 2020, contre un maigre 8,5% aujourd’hui.

Des projets un peu trop ambitieux ?

La région réussira-t-elle sans ces turbines marines ? « On le fera par une voie ou par une autre. Si l’éolien ne prend pas sa part, il y a le solaire, la biomasse », affirme Georges Stupar. Mais d’après les calculs d’Enertrag, un parc de 80 machines au large de l’Ile de Ré produirait seulement 1 100 gigawattheures (GWh) par an. Soit environ 10% de ce qui nécessaire pour atteindre la version haute de l’objectif régional. Pas indispensable donc, mais tout de même utile si les autres projets se révèlent un peu trop ambitieux.Car la région mise sur les énergies marines (houle, courants…) à hauteur de 1 000 GWh, mais ces technologies n’en sont qu’à leurs balbutiements. De même, la partie terrestre de l’éolien – 1 400 GWh prévus– pourrait souffrir d’une « situation administrative très défavorable », notait le conseil régional dans une récente délibération. Jusqu’à présent, la moitié des permis ont été refusés quand la moyenne française s’élève à un tiers de rejets seulement. Quant au photovoltaïque, la production devra être multipliée par 10 pour tenir les objectifs.

Julien Vinzent 28-09-2010

Charente-Maritime : pas d’éolien offshore à cause des oiseaux ?Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.http://www.terraeco.net/_Julien-Vinzent,317_.html

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