D’Angelo and The Vanguard

D’Angelo and The Vanguard

Black Messiah

(RCA)

Voilà un album qui en aura supris plus d’un, la maison de disque la première. C’est en effet contre toute attente, à l’image de Beyonce l’année dernière, que le tant attendu successeur de l’immense Voodo, considéré comme l’un des opus majeurs de la black music de ces 20 dernières années, voit enfin le jour sous le titre de Black Messiah. D’Angelo, digne descendant de Prince et de Al Green revient sur le devant de la scène, entouré du groupe The Vanguard et d’invités prestigieux (Questlove, Pino Palladino, Q-Tip, Kendra Foster) pour une rétro-plongée précieuse dans la soul groovy nourrie de r’n’b et de jazz frisbee. Sous sa pochette sans équivoque, où l’on voit une foule de poings levés, Black Messiah est un disque militant, qui aborde le thème des soulèvements à travers le monde : de Ferguson en passant par l’Egypte ou le mouvement Occupy Wall Street, et qui demandent un réajustement démocratique mondial. Mais Black Messiah c’est aussi et surtout une voix de velours qui sait caresser les sens avec une intelligence singulière, conférant à cet album, comme à son prédécesseur, une place directe dans le panthéon des futurs classiques. Evolution notoire, est le passage de D’Angelo du piano à la guitare omniprésente, qu’il s’est évertué à apprendre comme un forcené pendant toutes ces années, faisant sonner l’ensemble comme un des meilleurs albums de Prince, pour qui il voue une véritable admiration, ce qui s’entend tout du long, avec ses solis et l’accumulation de couches successives méticuleusement travaillées. Si Black Messiah n’invente rien, il offre une collection de titres aux mélodies imparables qui viennent s’installer paisiblement au plus profond de notre cortex et ce dès la première écoute. Un véritable tour de force, à la croisée des époques et des années. Vital.

Roland Torres