Le quai de ouistreham

de Florence Aubenas
Essai - 260 pages
Editions de l'Olivier - février 2010
Editions poche Points - septembre 2011

En 2009, pendant six mois, Florence Aubenas s'est glissée dans la peau de Florence Aubenas, une femme mettant un pied dans le monde du travail après avoir été entretenue durant de longues années par son mari. A Caen, sur les quais de Ouistreham, sur les rives de l'Odon ou de l'Orne, elle court les agences d'intérim, celles de Pôle Emploi, et les bureaux des DRH. Sa nouvelle trajectoire professionnelle, ce sera le secteur du nettoyage, de l'entretien, de la propreté...

....eldorado du travail précaire et des horaires discontinus. En un temps si court qu'il est impossible à atteindre, il lui faut astiquer, briquer, vider, essuyer, vérifier, frotter. Un ballet ingrat et répétitif, malmené par les dragons superviseurs, ignoré des propriétaires des lieux. Ferry, bungalows de camping, bureaux. Ses nouveaux horizons, qu'elle atteint lorsque la voiture qu'on lui a prêtée daigne démarrer.

Extrait :"Je me suis mise à calculer mes heures de sommeil avec autant de minutie que mes heures de travail. Je reviens du ferry à 23h30, je me lève à 4h30, pour le premier ménage. Dormir est devenue une obsession."

Le quai de Ouistreham est un livre très bien écrit, d'une plume si soignée et littéraire qu'on en oublierait ses origines journalistiques. Immersion dans l'ailleurs d'à côté, basculement dans la précarité voisine.Et c'est ensuite qu'on lit avec effarement, intérêt, la réalité qui nous est reportée, le constat sociologique que Florence Aubenas nous restitue : des agents de Pôle Emploi désabusés qui savent qu'ils ne peuvent imposer aux entreprises d'honorer les salaires minimaux de leurs conventions collectives, les entretiens mensuels n'existant que pour pouvoir radier des listes les absents inévitables ; les femmes et les hommes qui perdent leurs heures à vouloir en gagner ; les glissements permanents vers l'exploitation d'une main d'oeuvre dans espoir.
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