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Critique Ciné : Timbuktu, religieusement bon

Publié le 19 décembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné : Timbuktu, religieusement bon

Timbuktu // De Abderrahmane Sissako. Avec Ibrahim Ahmed dit Pino et Toulou Kiki.


Nous sommes au Mali et le connstat social est sans appel alors que la ville est tombée sous l'extrémisme religieux et où les droits de tout le monde sont bafoués, que cela soit de se faire lapider pour presque rien ou se voir donner 40 coups de fouet car l'on a écouté de la musique, le film n'a de cesse de nous donner envie de briser la vie de ces extrémistes qui tentent de faire régner la peur dans leur pays. La façon dont le récit est amené est intelligent, surtout que l'on nous raconte plusieurs petites histoires qui ont toute une signification et un intérêt complètement différent dans la suite de l'histoire. Timbuktu est avant tout un film qui sait ce qu'il veut et surtout qui sait dans quelle direction il veut réellement aller. Cela fonctionne plutôt bien dans son ensemble, surtout quand le film cherche à aller au coeur de la vie de ces gens et de leurs problèmes. Car les extrémistes c'est un problème parmi tant d'autres. Ils ne sont pas tous heureux ou alors ils tentent de l'être difficilement quand tout le monde ne veut plus vivre simplement et quitte donc le désert pour rejoindre la ville. C'est ce que l'on voit avec Kidane et sa famille.

Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans.
En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football... Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques.
Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée.
Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d'ailleurs...

C'est là que l'on tente de nous dire qu'au fond Kidane échappe aux extrémistes, échappe à tout ce qui se passe en ville de terrible, sauf que rapidement le destin de l'homme et de sa famille va basculer, provoquant moufles changements dans le récit et surtout des séquences assez choquantes dans leur ensemble. Abderrahmane Sissako parvient donc à mettre en exergue les problèmes d'un pays qui ne semble pas réellement savoir dans quelle direction aller, perdu entre la religion qui prend une place importante et des gens qui aimeraient peut-être aspirer à des choses plus occidentalisées. Je pense que ce film c'est bien au delà qu'il faut, cherchant presque à se transformer en une sorte d'ode contre l'extrémisme religieux, contre tout ce qui oppresse ces gens qui aimeraient bien s'en sortir et avoir une vie normale. Le mélange de l'horreur que l'on voit à l'écran (une scène de lapidation) avec des choses plus poétiques et émouvantes (la scène de football sans ballon, probablement l'une des plus belles séquences du film qui m'a ému aux larmes) parvient surtout à parler des femmes avec grâce en les transformant en personnages forts.

Car les femmes de Timbuktu sont fortes, elles veulent tenir tête aux salafistes et elles ont bien raison. Que cela soit une séquence pour du poisson qui n'est pas touché avec des gants (un moment assez drôle mais qui laisse aussi pas mal de questions sur les problèmes actuels du pays) ou encore la mère qui refuse de laisser sa fille se marier avec un inconnu (qui veut employer la force) c'est tout ça qui fait le caractère de Timbuktu où les femmes sont des modèles de rébellion, de là où naît justement l'énergie du pays, l'espoir qui réside encore chez tout le monde, etc. La brutalité se voit à l'écran et si l'on aurait pu croire que c'est un peu trop, c'est tout le contraire. Bien souvent la cruauté du film est expédiée (la lapidation) ou bien faite avec beaucoup de poésie (la mort d'une vache) sans pour autant que l'on ait plus envie de défendre l'un ou l'autre. Timbuktu c'est donc l'histoire de ce qui était un paradis (le symbole restant de ce paradis c'est la famille de Kidane qui vit encore dans le désert comme tout le monde pouvait le vivre auparavant, avant que l'occidentalisation des villes n'apparaisse) et qui devient un enfer.

Note : 8/10. En bref, extrémisme religieux au Mali.


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