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Vue sur l’éternité

Publié le 27 avril 2014 par Calk

Follement, quasiment instantanément, ils ne se sont plus quittés.

Elle le trouvait beau, doux, sensible, réfléchi - ce qui la rassurait -, dynamique, tendre, généreux, et plein d'autres qualités qui n'existent que dans l'oreille, le regard et le cœur du vocabulaire des amoureux... " C'est vraiment un homme bien ...! ". La guimauve que seuls les amoureux trouvent sublime. Lire de la poésie ensemble. Des surnoms, si personnels, que les répéter ici serait impudique tellement ils furent doux. Les amoureux vivent un secret qui ne peut jamais être trahi. Que les étreintes de leurs regards, aussi discrets fussent ils, dévoilent parfois à un entourage attentif. Et des rires, et des rires ... Les orgasmes sans fin des âmes qui font peau commune.

Pierre, comme son prénom l'indique, portait quelque chose de lourd, un " quelque chose " qui s'est démasqué avoir les traits de la hyène : haineuse, avide, vicieuse .. mais qu'il avait aimée, même s'il se demandait à haute voix, pris dans les tourments de ces émotions, du revival des 10 dernières années, pourquoi il était resté si longtemps. Il avait un bout de réponse : elle le tenait. Chantages, culpabilisations, séductions et humiliations. Il savait donc. En fait la question qu'il se posait était plutôt : qu'ai je fait là dedans ?

Il s'en était extirpé, le croyait il.

Il rejouait, sous les yeux d'une Catherine ébahie, la larme au cœur, de voir son Amant agité dans les filets de cette araignée ; il rejouait ce qu'il avait fuit et qui prenait toute sa dimension. La faire taire, payer pour cela, retenir ou lâcher la colère, ne plus la supporter et avoir mal d'avoir aimé aveuglément.

Il aimait chez Catherine son énergie, son indépendance, des valeurs dans lesquelles il disait se retrouver - cette sublime illusion dans laquelle nous nous berçons quand l'Autre est Enfin là. Je crois que les valeurs que lui développait Catherine, avec la fougue et le verbe dont elle est hautement capable, il les a rêvées, il l'écoutait, subjugué, disant " je veux cela aussi ! ", comme un être qui découvre, que derrière les barreaux de sa prison, c'est bien vrai, il y a le monde, des mondes ...

Mais son présent, c'était Catherine, leurs rires, leurs bavardages, leurs baisers, leur tendresse, leurs attentions - et celle qui finit par devenir la femme à abattre pour Catherine, la Perfide. Qui ébranlait son homme, menaçait leur intimité, venait salir leur union.

Les femmes ont un instinct. Les hommes ne l'ont pas, Pierre n'y voyait rien, n'y comprenait rien, réagissait à contre temps, se faisait balader d'un bord à l'autre, participant sans conscience à cet imbroglio, remettant chaque fois un pied dans la toile que lui tendait l'araignée.

Catherine sentait ce que cette autre femme allait faire, ressentir.

Jamais Catherine n'a douté de son Amant. Ses mains, ses baisers, ses caresses ne la trompaient pas. Ils étaient l'un à l'autre.

Pourtant un jour quelque chose est arrivé, qui les a séparés lentement. Pierre doit savoir. Il ne dit rien. Catherine s'en va.

Ils pleurent maintenant.

Alors, qu'a t'il fait " là dedans " ?

Aurait il une jouissance morbide à la savoir dépendante, humiliation contre humiliation ? Jouissance honteuse à la voir souffrir ? Une blessure d'enfance qu'il a tenté, et échoué, de soigner avec une femme dépendante et matérialiste, blessée de la même blessure que lui ? Est ce toujours de l'amour, tout simplement ? Ou simplement, tout simplement, surchargé de cette pierre, il ne pouvait assumer ce qu'il " lui " avait fait, comme elle se plaisait à lui hurler, lui martelant qu'il avait détruit sa vie ... Comment peut on se sentir libre d'être avec ça ?

Catherine cherche et va trop loin ... Sa vérité lui appartient, elle veut juste ressentir qu'il grandit, qu'il s'échappe, qu'il lève la tête, que la pierre tombe et qu'il se dévoile à lui même.

Il l'espère, l'attend, lui demande " que veux tu ? ". Elle veut une chambre avec vue sur l'éternité, avec lui, juste eux deux et ce qu'ils construiront, et que l'abcès crève.


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