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Mon top 10 sculptures antiques dans les musées: N°1: La frise des Panathénées (British Museum, Londres)

Publié le 30 décembre 2014 par Romain Delannoy

Il est rare de rester une heure dans la salle d'un musée pour n'admirer qu'une oeuvre. J'attendais ce moment depuis des années, étant professeur d'histoire-géo. Découvrir la frise des Panathénées en réel était une expérience incroyable. Toute la fête consacrée à Athéna était déroulée devant moi comme une longue frise qui redonnait vie à la foule de l'Athènes du Ve siècle avant JC. Ce n'est pas une sculpture à part entière ici mais un ensemble de bas relief qui force encore l'admiration des visiteurs.

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Des cavaliers pour escorter

Pourquoi n°1? L'art grec à son summum

Cette frise a bénéficié d'un contexte particulier. Nous sommes en plein Ve siècle avant JC appelé aussi siècle de Périclès car cet homme élu 15 fois stratège d'affilée a métamorphosé la ville d'un point de vue artistique autant que politique. Les Grecs viennent de gagner la guerre contre les Perses à l'issue des guerres médiques (appelées ainsi car les Grecs pensaient se battre contre les Mèdes). Pour se faire, ils s'étaient alliées à de nombreuses cités elles aussi chahutées par ces barbares (ce qui signifie en grec, celui qui ne parle pas le grec) et avaient formé la ligue de Délos. C'est d'ailleurs à Délos qu'était conservé le trésor de l'alliance. Seulement, la guerre avait laissé des traces. L'Acropole ou colline sacrée d'Athènes avait été pillée et incendiée par les ennemis et Athènes ressemblait à une ville dépouillée. Pour celle qui voulait s'assurer l'hégémonie en Grèce, elle paraissait donc bien terne. Le brillant stratège décida alors sans l'ombre d'un remord de transférer le trésor de la ligue de Délos à Athènes afin de construire un temple consacré à Athéna Niké (la victoire) pour la remercier de son aide pendant la guerre.Il sera appelé le Parthénon. Les anciennes cités alliées en devinrent furieuses et certaines commencèrent même à se rebeller face à Athènes à l'instar de Mégare. Ces mouvement allaient être réprimés par les Athéniens mais très vite, celles qui s'étaient senties flouées se tournèrent vers Sparte, l'ennemi héréditaire d'Athènes. Cela conduisit à la guerre du PéloponnèseSparte en sortit vainqueur.

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Du bétail prêt à être sacrifié

Mais revenons au moment où Athènes coulait encore des jours heureux. Périclès ou tête d'oignon pour ses adversaires politiques demanda à Phidias et à son atelier de réaliser la frise qui entourerait le Parthénon. D'ailleurs, il est intéressant de savoir que c'est Phidias qui a été missioné pour cette oeuvre car en général, les oeuvres grecques restent anonymes et les artistes sont méconnus. C'est comme ça, on ne signe pas ses oeuvres. Le fait qu'on sache que c'est Phidias montre à quel point il est connu et qu'il devait avoir du talent. C'est donc chez lui qu'ont été créées les différentes parties de cette frise en bas relief, c'est-à-dire sculptées à même la pierre, une des particularités de l'art grec. Enfin, bien que nous les voyons nues aujourd'hui, il est utile de rappeler que cette frise était peinte de couleurs châtoyantes. En effet, les Grecs aimaient la couleur même si le temps l'a balayée. Elle fut ensuite déposée sur le Parthénon.

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Les dieux comme invités d'honneur

Ici, le sujet de l'oeuvre est la procession de la fête des Panathénées à laquelle devaient participer tous les habitants de la cité, qu'ils soient citoyens, femmes ou métèques. Les Panathénées étaient une grande fête annuelle en l'honneur d'Athéna, déesse protectrice de la cité. Elles avaient lieu en juillet-août. Tous les 4 ans se tenaient les Grandes Panathénées, encore plus spectaculaires où on offrait un nouveau péplos, c'est-à-dire une longue tunique à la statue d'Athéna faite d'or et d'ivoire. Pendant cinq jours, les festivités battaient leur plein avec des concours sportifs et musicaux, certains réservés à l'ensemble des athlètes du monde grec, d'autres aux seuls Athéniens comme la course de flambeaux. Sur cette frise, c'est donc la procession qui est racontée partant des portes du Dipylon jusqu'à l'Acropole où on sacrifie une bête dans le Parthénon. Ainsi, sur cette frise, on peut y voir des cavaliers avec leurs long manteaux flottants, des citoyens riches (car possédant un cheval) chargés d'assurer la protection du cortège. On peut y voir aussi le péplos brodé par les jeunes filles et donné à ceux qu'on appelle les arréphores. On peut aussi observer le bétail qui va être mis en sacrifice. Les métèques eux portent certaines offrandes comme des jarres d'eau. N'oublions pas non plus les athlètes vainqueurs en tête du défilé tout comme les chars. Même les dieux ont leur place sur la frise profitant du spectacle et invités d'honneur. Je n'ai pas remis tout cela dans l'ordre et je ne peux pas faire le détail complé de chaque dalle mais vous retrouverez tous ces éléments si vous allez au British museum. Le but d'une telle fête était de renforcer la vie civique.

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Le péplos pour une déesse

Aujourd'hui, le British museum est contesté par la Grèce qui souhaite récupérer cette partie de son patrimoine. La bataille est engagée entre les deux pays. Une avocate, une certaine Amal Alamuddin, fait pression pour que cette frise revienne sur son territoire d'origine. Celle-ci n'est autre que la femme de ... Georges Clooney.


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