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Joies et désespoirs d'une reine abhorrée

Publié le 14 mai 2008 par Nanne

Il arrive parfois que votre inconscient vous pousse à chercher à en apprendre plus sur certains personnages malmenés par l'histoire. Personnellement, c'est souvent mon cas. Non que je me fasse l'avocate des causes perdues, mais j'aime bien comprendre pourquoi des personnages ont été détestés et leur vie galvaudée, transformée, dénigrée, ridiculisée. C'est le cas pour la dernière reinde de France : Marie-Antoinette. Aussi, en voyant que les éditions Folio 2€ - dans sa série " Les femmes de lettres" - venait de (re)sortir un extrait des Mémoires de Madame Campan, je me suis dis : " Après tout, pourquoi pas ?".
Les extraits de ce Folio 2€ sont consacrés à la jeunesse de la future reine, depuis la cour de Vienne jusqu'à la naissance de Madame Royale, premier enfant de Marie-Antoinette à Versailles. Lorsque Madame Campan arrive au service de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, celle-ci est déjà rompue à la vie de la

cour à Versailles. Auparavant, lectrice des quatre filles de Louis elle accède à la charge de femme de chambre de la dauphine et future reine de France. Alors que Madame Campan est une jeune femme intelligente, brillante, cultivée, parlant plusieurs langues, mucisienne, la future reine a eu une éducation plutôt négligée à la cour de Vienne.Marie-Antoinette attire et charme son entourage par sa jeunesse, sa spontanéité et son naturel, à commencer par Louis XV lui-même. "
Néanmoins, à son arrivée en France pour son mariage avec le dauphin - futur Louis XVI - [...] il n'était question que de ses grâces, de sa vivacité et de la justesse de ses réparties. Elle obtient encore plus de succès auprès de la famille royale, lorsqu'on la vit dépouillée de tout l'éclat des diamants dont elle avait été ornée pendant les premiers jours de son mariage. Vêtue d'une légère robe de gaze ou de taffetas, on la comparait à la Vénus de Médicis, à l'Atalante des jardins de Marly".
Seulement, dès son arrivée à la cour de France, la dauphine se retrouve dans une atmosphère pour le moins délétère. Jeune - 15 ans - inexpérimentée et naïve, elle est entourée d'un aréopage de personnes hostiles à l'Autriche et à cette alliance avec la maison impériale. Très vite, des foyers d'intrigues relevant souvent du simple commérage se créent dans le giron de la princesse. Toutes ses actions sont mal interprétées. Sa simplicité avec son personnel, sa gaieté

Joies et désespoirs d'une reine abhorrée

naturelle deviendront rapidement de véritables crimes de lèse-majesté. C'est essentiellement par des libelles et des chansons populaires que ses ennemis chercheront à l'atteindre dès les premiers jours de son règne. " Ils se hâtaient de la dépopulariser. Leur but était, sans aucun doute, de la faire renvoyer en Allemagne ; et pour y parvenir, ils n'avaient pas un moment à perdre : l'indifférence du roi pour cette aimable et belle épouse était déjà une espère de prodige [...]".
Même au moment de sa première grossesse, en 1778, des pamphlets se répandront dans tout Paris pour la traiter de manière odieuse. Il faut reconnaître que sa grossesse n'arrangera pas sa situation à la cour, puisqu'elle rangera parmi ses ennemis des personnes proches du comte d'Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X, seul capable de donner des héritiers à la couronne jusqu'à cette date.
Heureusement, Marie-Antoinette n'aura pas que des détracteurs, mais aussi de fervents admirateurs. De plus, elle est dotée d'un caractère bon, généreux, altruiste. "[...] bonne et patiente jusqu'à l'excès dans les détails de son service, elle appréciait avec indulgence toutes les personnes qui lui étaient attachées, s'occupait de leur sort et même de leurs plaisirs". Outre ce caractère généreux, Marie-Antoinette sera une reine résolument moderne. En arrivant à

Versailles, elle trouvera une cour enchâssée dans un protocole rigide et immuable depuis des décennies. Elle commence par éloigner la comtesse de Noailles, sa Dame d'Honneur, chargée de lui apprendre les us et coutumes de la cour de France. La reine la surnommera " Madame Etiquette". De même, elle abolira la cérémonie - désuète - de son habillage et déshabillage. Ce protocole, trop pesant pour elle, sera dépoussieré dès son accession au trône pour le rapprocher de celui de la cour de Vienne, plus simple. " La volonté de substituer successivement la simplicité des usages de Vienne à ceux de Versailles lui fut plus nuisible qu'elle n'aurait pu l'imaginer".
Grâce au " Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette" de Madame Campan on découvre un document historique d'une valeur inestimable. Mais ne nous leurrons pas, Madame Campan est très proche de la reine et le restera jusqu'au bout et au-delà, ce qui empêche une certaine objectivité sur les évènements et la personnalité - complexe - de Marie-Antoinette. Néanmoins, pour ceux et celles qui ont envie de savoir comment vivait la cour de Versailles sous Louis XVI, ses fêtes, ses joies, ses peines, ses intrigues permanentes, ses jeux d'influence et de pouvoir, cet extrait est un

excellent document de base. Cette reine tant décriée, détestée, soupçonnée de trahison parce que autrichienne, a été une personne visionnaire et d'une grande modernité, en avance sur son époque. Trop sans doute. L'aristocratie n'était pas prête à céder quelques-uns de ses privilèges acquis au long des siècles passés. Marie-Antoinette a cru pouvoir faire avancer la société française et calquer ses réformes sur celles de son pays d'origine, l'Autriche. Ce qui ne lui sera jamais pardonné.


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