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Pride and sensibility

Publié le 30 décembre 2014 par Pomdepin @pom2pin

Ou sense and préjudice, comme vous préférez. Bref, je voulais parler de Jane Austen. Attention, de l’écrivain, pas des bluettes hollywoodiennes indigestes qui massacrent régulièrement son œuvre. Parce que figurez-vous que je trouve l’œuvre de Jane Austen hilarante. Elle a un humour débordant, un sarcasme juste ce qu’il faut d’acide, une ironie délicieuse et un second degré désopilant. Je comprends que ça puisse surprendre ceux qui ne connaissent que les horreurs cinématographiques qui s’en inspirent très vaguement. Je me suis même inquiétée, comme je l’ai lu en version originale, c’est à dire en anglais du début du 19 eme, je me suis demandée pendant un moment si j’avais bien compris. Peut-être que les merveilleux romans de Jane Austen n’étaient en fait que d’infâmes histoires gnangnan à l’eau de rose et pas du tout drôles? Je me suis renseignée, il y a plein de travaux universitaires qui confirment l’humour de Jane Austen et parlent de son ironie mordante, ouf!

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(On voit de suite qu’elle respire la joie de vivre, non? L’image vient du guardian.co.uk)

Sérieusement, vous avez lu Pride and Préjudice? Les héros s’en prennent pour leur grade tout le long du livre, ils sont idiots, bornés, prétentieux, snobs, plein de préjugés, c’est un festival! Je préfère d’ailleurs ses deux romans les moins défigurés par le cinéma, Mansfield Park, où les héros rivalisent en imbécilité et sont couverts de ridicule du début à la fin (et le mariage final est expédié en quelques lignes paresseuses, pour être poli, parce qu’il faut bien se plier aux conventions de l’époque. On était comme ça en Angleterre dans les années 1810, très peu porté sur l’union libre et tout ce genre de choses) et Northanger abbey, petit bijoux de la littérature parodique (et oui, Jane Austen s’est hardiment moquée du courant littéraire gothique qui faisait fureur). Un de ses biographes Jenkins, compare même l’humour de Jane à celui des Monty Python!

Bref, j’ai décidé de réhabiliter cette grande comique, hop! Vue sa vie trépidante, il lui a effectivement fallu une sacrée dose d’humour pour ne pas de suicider directement, par neurasthénie. La petite Jane est née en 1775 et a grandit avec une tripotée de frères et une sœur, il faut bien s’occuper. Son papa était recteur (un peu comme vicaire), ce qui ne prête déjà pas à rire. Jane a presque étudié à Oxford (pas à l’université, dans une pension pour filles, faut pas rigoler non plus), mais elle attrape bêtement le typhus, ce qui est très gênant quand même. Du coup, elle rentre fissa chez papa et maman, d’où elle ne sortira pratiquement plus. Sûrement pour s’en débarrasser son père lui laisse heureusement lire tout ce qui lui tombe sous la main et l’encourage à écrire, pendant qu’elle fait ça, elle le laisse tranquille.

Jane commence à pondre des poèmes et des petits trucs comme ça, vivement soutenue par ses frères. Elle tombe sottement amoureuse d’un étudiant irlandais sans le sou, ce qui ne se fait pas du tout dans son milieu. Le pauvre garçon est évacué rapidement et Jane suit ses parents et sa sœur à Bath. Elle s’ennuie ferme et écrit ses premiers romans. Elle fait preuve d’un féminisme pétaradant en acceptant puis refusant la demande en mariage d’un riche garçon, Bigg-Wither. Contrairement à ses héroïnes fantoches, Jane n’a pas besoin de se marier pour exister! D’ailleurs, elle se dispute très bien toute seule avec son éditeur, qui pourrait quand même se bouger un peu et publier ses livres. C’est pas qu’il se fait tard, mais on est déjà arrivé en 1809 et Jane attend toujours . En plus, depuis la mort de son père, elle vit pratiquement sans le sou, avec sa mère et sa sœur et dépend entièrement de ses frères, c’est gênant. On sent que ça ne devait pas rigolait tous les jours.

Finalement, Sense and sensibility parait en 1811. Les autres romans suivent, et même le Regent devient fan d’Austen. Il était temps, puisqu’elle meurt en 1817 après de long mois d’agonie. C’est bien ce que je disais, heureusement qu’elle a pu s’amuser dans ses livres…


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