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Etre une Femme dans un monde d’Hommes

Par Unebordelaiseflane

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Vous vous rappelez mon p’tit coup de gueule sur l’égalité pro Femmes-Hommes et les fabuleuses pubs de nos belles administrations ? (c’était là si t’as pas suivi)
En 2015, rien ne change … Je continue cette guerre ! J’en imagine certains sourire en se disant qu’on est en 2015 et que toutes ces femmes râlant sur l’égalité pro. ne sont que des féministes mal b….
Si seulement…
La réalité c’est que les comités exécutifs sont vides de femmes, que je vois celles-ci culpabiliser de prendre un 80%, qu’il faut en donner trois fois plus pour se faire sa place et que le harcèlement quotidien n’a rien de rare.
Vous n’y croyez pas ? Alors, lisez ces deux articles :
>> Le 1er trouvé dans sud-ouest précise que les femmes devraient gagner plus que les hommes (et toc !) et pas 18% de moins comme actuellement… Article ici!
>> Le 2nd expose que les talons hauts favorisent la coopération masculine (sic). Article là de Sciences et Avenir.
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Qu’Est-ce que les Hommes ne feraient pas..

Tout ça se sont des chiffres me direz-vous… Alors passons au vécu ! Je vous propose un panaché d’anecdotes de ma vie professionnelle quotidienne.
Pour info (ou rappel), je suis une femme (si, si), j’ai 30 ans et je travaille dans le monde de l’industrie. Je fais partie d’un comité de Direction et l’on attend de moi de rester après 21h, de travailler le WE et de rire aux blagues graveleuses de managers sans classe. Ce que je fais. Ready?
>> Le surnom que me donnent les salariés (90% d’hommes) : la grande blonde. Le surnom qu’ils donnent à un des directeurs : Poutine. Bien que je ne sois pas fâchée de ne pas être associée à un tyran, j’en suis réduite à mon physique alors que lui est associé à un homme politique. Consternant.
>> Lors d’une réunion avec un très haut de la boîte, les remerciements sur mon projet ont été immédiatement suivis d’un « très joli, votre petit pull rouge » entendez: j’aimerais vous voir sans en fait . Seriously !
>>Lorsqu’on m’a proposé une promotion, le big boss m’a souligné, enthousiaste, que je pourrais devenir son ombre (il doit aimer J. Brel je suppose… mais après son ombre, y a l’ombre de son chien alors ?). 
Ainsi se résumerait mon ambition ?
J’ai hésité puis répondu « Merci, mais non merci » et croyez-le ou non, Monsieur a été vexé ; même qu’il en a reparlé à mon boss en précisant que c’était surement parce que j’avais un mec et que je ne voulais pas bouger aux states. Mais bien entendu !!!!! Je suis si transparente !!!! Il est évident que ma décision ne peut pas être liée à un quelconque projet professionnel muri mais forcément à ma vie de couple. Elles font ch*ier ces femmes avec leur vie privée !

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>> Je ne mets jamais de jupe afin de ne pas dénoter avec l’environnement ambiant… Sauf une fois, pour un évènement, j’ai osé le tailleur jupe. Outre les regards insistants et plutôt gênants, j’ai demandé à un des managers de me déposer au métro en rentrant. Sa réponse : « Mais tu ne vas pas prendre le métro habillée comme ça tout de même ? », entendez sale p%&3. Habillée comment?
>> Il y a deux ans, lors de mon entretien annuel, on m’a demandé de ménager la susceptibilité de certains managers, d’être un peu plus mielleuse, douce… Parce que vous comprenez, quand une femme dit ou demande quelque chose, c’est l’égo de Monsieur qui reçoit – la capacité de réflexion étant à priori en off. C’est ce que j’ai fait , je suis devenue une experte en flatterie d’égo ; les managers hommes me surkiffent pour la plupart et tout le monde est donc content. Quand j’ai évoqué ma frustration à me conformer au moule de co*nnasse, on m’a dit que ça s’appelle être politique ; pour un homme pas besoin de tant d’effort. Leçon apprise merci.
>> Dernièrement, j’ai animé des groupes de travail et l’un des managers présents m’a dit : « j’ai été impressionné de voir la façon dont tu as réussi à recadrer les discussions, 14 mecs tout de même en face… ». Est-ce donc un exploit de faire son boulot ? Etait-ce si inattendu que je puisse atteindre l’objectif prévu ?
>> On m’a déjà précisé que je semblais « trop » froide – j’avoue que la chaud*asse au boulot j’évite (adepte du no zob in job) et je comprends que ca puisse foutre en l’air les fantasmes de certains. Je suis pourtant bien plus souriante que beaucoup de managers hommes. Néanmoins, ce qui est perçu comme de la distance dite « normale » pour les managers hommes est associée à un manque de proximité pour un manager femme – en qui devrait sommeiller une mère bienveillante ou une femme fatale dominatrice, au choix et selon les managers.
>> En fin de journée, les managers hommes font de l’humour douteux ou parlent de sport afin de se détendre au café (à 20h)… Je dois alors faire preuve d’ingéniosité pour participer aux conversations sans être trop impliquée ; parce que la blague graveleuse qui sortirait de ma bouche choquerait l’assemblée, même si Manager 1 en a lancé une absolument sexiste la minute d’avant. La femme n’a pas le droit de pénétrer ce monde et doit rester la petite chose précieuse qu’ils se plaisent à imaginer (certains n’ont probablement pas résolu leur complexe d’Oedipe).
>> Je me dois également de rester calme, tout le temps. La moindre contrariété apparente ou un ton de voix un peu agacé serait alors associé à de l’émotion non maîtrisée (comme quand Gertrude, sa femme, gueule parce que les chaussettes sont encore à côté du panier de linge sale et non dedans). C’est bien connu que les femmes sont des chi*euses. Et pourtant, les colériques (variantes: désagréables, impétueux, irrespectueux…) que je rencontre au boulot sont généralement des hommes – ah mais pardon, pour un homme c’est de la force de caractère, de la pugnacité… Bref tous les adjectifs traduisant du comportement de combattant ou glorieux guerrier. Combattants qui viennent chialer dans ton bureau quand leurs femmes demandent le divorce d’ailleurs…
>> Le Pompon, je suis payée 20% de moins que mon prédécesseur (pas de bol en RH on voit tous les salaires ahahaha) et l’on m’a donné pour réponse, lors de la promotion (parce que tu te doutes que j’ai gueulé), que j’étais plus jeune et qu’il fallait que je fasse mes preuves… 2 ans plus tard, je suis toujours à 20% de moins et tout le monde reconnaît que j’ai fait un bien meilleur boulot en 2 ans que lui en 6 ! WTF ?
Pourtant, malgré ça, je ne suis plus blasée ou amère de la situation (la trentaine surement), je constate juste que je dois, chaque jour, faire plus et mieux dans un monde dominé par la testostérone. J’ai finalement renoncé à espérer l’égalité professionnelle et je joue désormais avec mes armes. Car, une fois qu’on a compris ça, il y a aussi des anecdotes drôles où :
>> un salarié me raconte que les petites pilules bleues ne lui font pas d’effet ou sa dépression, ainsi, le secret qui nous lie le rend dépendant de mon bon vouloir à jamais (en général, après avoir versé quelques larmes, ils sont moins chiants en CE ou négociations annuelles)
>> je fais rougir un manager jusqu’aux oreilles quand je joue la carte de l’humour un peu déplacé (mais subtil) et que je profite de son moment de trouble pour valider un point en attente dans mes dossiers –garce moi ?
>> j’ai finalement compris que je pouvais jouer sur le tableau de l’émotion (conforme aux attentes) pour obtenir ce que je veux d’un manager grincheux – parce que tous ces hommes se laissent facilement endormir avec des « Ca me ferait tellement plaisir si tu pouvais… promis je te le revaudrai… ». Tant d’années d’études et 65h/semaine de boulot quand du blabla avec sourire remporte la discussion! Finalement, une formation initiale en PNL aurait été suffisante.
(…) je ne vais pas toutes les dévoiler afin de ne pas perdre mon avantage concurrentiel :p
Non je n’aime pas jouer ce rôle, oui c’est fake à mort, mais, en attendant l’égalité de traitement messieurs, et puisque vous êtes plus sensibles à mon statut de femme qu’à mon professionnalisme, je vous piège et vous manipule sur un terrain où j’excelle. Triste sort pour celui qui se croyait dominant (l’essentiel étant qu’il continue à le croire pour que ça fonctionne on est d’accord).  
Mon avis au final, l’égalité n’existe pas et n’existera jamais, les barrières et les règles sont donc indispensables pour encadrer ce que nos corps et nos têtes sont incapables de maîtriser au quotidien.
Sur ces bonnes paroles, je continue sur ma lancée en 2015 et n’oubliez pas: Who run the world ? GIRLS (quoi?! j’aime la provoc :) )

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