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Addiction, mon amour ?

Publié le 22 novembre 2014 par Leautisse @Intermediius

L’excellent François Bourdoncle dit “Ce qui fait le succès à venir, c’est l’écosystème d’usage. Comment y arriver ? Par la création d’addiction. Ce que doivent viser les entreprises c’est de travailler sur l’usage pour viser la création d’addiction.” L’iPhone d’Apple en est un bon exemple. Le service de livraison d’Amazon aussi. Dans une vison hypercapitaliste, voici un bon exemple de chemins d’une croissance rapide (#growthhacking) pour toute jeune entreprise innovante.

En parallèle, on peut aussi réfléchir de manière plus posée, à ce qui fait sens (au sens triple) et plénitude sur le fait de s’interconnecter avec son public. Créer du respect, du progrès font aussi partie de levier qui engagent les usagers et les clients dans la durée (et donc dans une courbe de valeur).

Le design d’engagement est donc un levier à la fois efficace et noble, clé dans l’environnement liquide, hyper-rapide et augmenté que nous vivons chaque jour.

Comment intégrer cette donnée dans son paradigme ? Tout d’abord en comprenant d’où vient le phénomène d’addiction ?

  • dans une volonté de ré-assurance tout d’abord  : la vie quotidienne ressemble souvent à une stratégie de petits pas qui se démultiplient avec nos zones de vie et d’activité. A force de se projeter et de rechercher des partenaires d’action, des nouveaux outils, on cherche un grand bol d’air, une inspiration franche, un pico totem qui va baliser notre parcours de chasseur cueilleur d’infos/sens/contacts/ business au coeur de nos savanes
  • dans une recherche de tremplin aussi, on se dope à son addiction  car elle permet d’accélérer son inspiration : en fluidifiant notre journée, en valorisant notre intelligence, en décentrant le monde et en incarnant la possibilité de réinventer les perspectives.
  • dans le consumérisme enfin, et son cercle sollicitation-valorisation / satisfaction-frustration qui peut perdre parfois à force de trop stimuler. Il convient à ce titre de savoir aussi s’en protéger.

Cette addiction est donc d’abord le produit d’une recherche d’appui. Un appui aux formes mouvantes, une fétichisation dynamique qui va répondre à la nécessité d’être créatif.
L’addiction est souvent consciente, perçue comme néfaste dans l’absolu. Mais néanmoins accepté pour son rôle d’inspirateur indispensable au quotidien : avec la multiplicités de ses utilités.

Se poser la question permet donc de mettre à distance et de mieux situer notre rapport à cet élément ambigu de nos vies. On ne se débarrasse pas facilement d’addictions, elles se pérennisent ou se substituent au gré de nos arbitrages, elles nous définissent en partie.

Merci pour ce tour d’horizon de mon rapport à l’addiction me direz-vous mais à quoi cela me sert ? Une fois que l’on situe mieux le rôle de l’addiction dans son projet spécifique on peut réfléchir à comment les travailler ? Au moins quatre critères sont à balayer :

  1. Les espace-temps : comme les “zone de temps perdu”,les espaces dépourvu de sens, de lieux associés à des pertes de repères. Plus nous grandissons, plus nous devenons nomades, plus nous nous déplaçons et occupons des espaces qui sont nécessaires à irriguer d’âme…
  2. Les moments de tensions : comme la difficulté à s’approprier une technique, à s’immerger dans un univers, à terminer une tache de manière satisfaisante… La multiplicité des taches nouvelles et la contraction du temps incitent les individus à se sentir rapidement frustrés par un manque de “moment plein”.
  3. Les trajectoires et notamment leur interconnexions : beaucoup de frustrations proviennent des obstacles rencontrés sur des itinéraires, au profil souvent rendus complexes par la multiplicité des rôles et des écosystèmes.
  4. Les aspirations, ou plutôt les micro aspirations : comme celle de lancer son propre projet et de le faire microfinancer, celui d’être un temps le roi de la rue ou du spa, d’être un artisan (éphémère) de l’Appstore ou de la cantine… Celles qui sont plus réalistes, plus croisés avec le concept de rôle et accouche plus facilement d’enrôlement.

Bonne ou mauvaise, alors ? Un peu des deux, pourrait-on dire…
Une addiction est un peu comme accélérateur d’enrôlement donc. Elle peut être vue comme un catalyseur de temps et d’effort sur un outil qui permet de “relancer la machine” et surtout d’insuffler un nouvel esprit positif dans sa journée. En ce sens, le design d’engagement inclue cette recherche d’effervescence et d’usage dans la première étape pour garantir les moyens de développer une relation plus constructive. Un petit corps vicieux dans un cercle vertueux.


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