Magazine Politique

Immortel

Publié le 08 janvier 2015 par Alteroueb

J’avais prévu un petit billet hier pour souhaiter au monde quelques banalités d’usage quand l’actualité m’a plongé dans une profonde tristesse jusqu’à l’ankylose. Impossible de bouger, de croire ce qui s’ést déroulé en plein jour, en plein Paris. Une rédaction entière décimée. Non, je n’y crois pas, ce ne peut pas s’être passé. Pas au 21ème siècle, dans un monde dit civilisé.

Je Suis Charlie
Ma seule activité de la journée a été de me transporter sur la place des Terreaux pour rendre hommage aux victimes de l’immonde barbarie. J’y suis resté longtemps, pétrifié, à applaudir Stéphane Charbonnier dit Charb, Moustapha Ourad, Jean Cabut dit Cabu, Michel Renaud, Elsa Cayat, Franck Brinsolaro, Hamed Merrabet, Bernard Verlhac dit Tignous, Georges Wolinski, Frédéric Boisseau, Philippe Honoré, Bernard Maris, mais aussi tous les blessés de cette atroce boucherie inutile, en pensant à tous leur proches désormais meurtris à jamais.

Gérard Collomb a dit, comme à l’accoutumée, quelques mots de circonstance. Je n’ai alors pas applaudi. Je ne peux occulter la responsabilité que portent les hommes politiques dans leur ensemble pour ne soutenir la presse que quand un drame s’est joué. Je ne me rappelle que trop les turpitudes auxquelles ont été soumis les journalistes d’investigation, notamment de Médiapart, du Monde et quelques autres, et le tir nourri d’une classe politique incapable de mesurer son propos. J’entends encore un ancien président de la République tancer deux journalistes pris en otage en Afghanistan alors qu’ils ne faisaient que leur métier, pour nous informer. Les louanges et les complaintes d’aujourd’hui de droite ou de gauche me sont aussi insupportables que les jérémiades fondamentalistes des fous de n’importe quel dieu… Et que dire des tentatives de récupération de l’événement qui ne vont pas tarder. D’avance, Marine, ta gueule !

La presse et sa liberté, donc la nôtre, cela se défend en permanence. Cela s’affirme tous les jours. Au lieu de cela, on gaspille le temps à attiser les haines et les rancoeurs, on radicalise absolument tout sujet, on fustige l’étranger, on diabolise le musulman, le vrai, celui qui est aussi catastrophé et consterné que moi. La liberté, contrairement à la pile électrique, ne s’étiole que si l’on ne s’en sert pas.

Charlie dérangeait. Et pas qu’un peu. Charlie est passé maître dans cet art. C’est pour cela qu’on l’a tué. Ce faisant, ces idiots dégénérés l’ont rendu immortel. Sûr que quelque part, Choron, Reiser et Cavanna ont accueilli leurs copains les bras ouverts. Mais cela ne me console nullement. Il manquera toujours quelque chose, la petite case en bas à gauche dans ce grand puzzle, ce petit rien apprécié ou non qui fait la diversité, et qui finit par faire un tout.

Mais pour l’instant, je suis désespéré. Je retourne me coucher, avec les mots de Philippe Val qui tournent en boucle dans ma tête. Demain, je serai plus que jamais combatif.

Bonne année.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alteroueb 593 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines