Charlie en Californie

Que dire après ce qui s'est passé ces derniers jours en France ? J'avoue ne pas avoir su quoi faire ni même quoi penser pendant pratiquement deux jours. Tristesse, colère, résignation... Et puis ce vendredi avait lieu à Sacramento un rassemblement organisé par diverses associations musulmanes de la région :

Une centaine de personnes s'y étaient réunies, dont une vingtaine de membres de la communauté française. Devant les caméras de plusieurs chaines de télévision, différentes autorités de la région, musulmanes ou pas, ont fermement condamné les attentats. Un bon résumé peut être lu par ici.

L'atmosphère était à la fois émouvante et étrange, car tellement loin des immenses rassemblements ayant eu lieu en France. Il n'y avait par exemple pas un policier pour nous encadrer, ni même de politicien local. Pourtant, les informations à la télévision ne parlent plus que de la France en permanence, ce que je n'avais plus vu depuis l'affaire du bus de Knysna en 2010. Comme quoi, et je suis le premier à le regretter, la France ne fait plus parler d'elle en Amérique que lorsqu'elle touche le fond, ou tout du moins lorsqu'elle s'en approche dangereusement...
La télévision sur place devant le capitole
A San Francisco, près d'un millier de personnes se sont réunies vers le consulat de France, mercredi et ce dimanche. D'autres rassemblements ont eu lieu à Los Angeles et un peu partout aux USA. Barack Obama a également rendu un bel hommage à la France depuis l'ambassade de Washington.
Mais dans l'ensemble, peu de personnes nous en parlent ou semblent s'y intéresser. Il faut se rendre à l'évidence :  Paris se trouve à 9000 kilomètres, 9 fuseaux horaires plus loin. Les Français descendraient-ils par milliers dans les rues pour un attentat en Australie ou au Pakistan, aussi dégueulasse soit-il ? Probablement pas. Donc j'ai fini par accepter qu'il est normal que les gens se sentent moins concernés en Californie.
Si tu es un connard sur le point de partir en Syrie, merci de lire ce message avant de prendre l'avion. Tu comprendras peut-être que ceux qui t'attendent là-bas se foutent vraiment de ta gueule !
Aujourd'hui, la France est dans la rue. Au delà de la révolte, au delà de la liberté d'expression, je sais que l'on va débattre, analyser, critiquer, déchirer, opposer, écrire, diviser, montrer du doigt. Je vais certainement être critiqué pour cet article. Mais que va-t-on faire de concret ? Les plus fortunés ont quitté le navire depuis longtemps déjà, et les moins fortunés se rebellent contre le pays de diverses façons, celle-ci étant certainement la pire de toutes.
Quand personne ne s'y retrouve aux deux extrémités de l'échelle sociale, c'est que le système est cassé. On peut chercher des fautifs, s'opposer les uns aux autres, mais tout cela ne sert à rien. Il faut tout changer, tout remettre à plat. Et si le temps était venu de se souvenir de qui s'était passé en 1789 ?