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Les vomissements induits par la chimiothérapie

Publié le 15 janvier 2015 par Anne-Sophie Delepoulle @sosphamanet


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Les vomissements induits par la chimiothérapie sont très fréquents et sont souvent une source d’angoisse pour les patients.

Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la perfusion et durent rarement plus de 3 jours. Elles ne sont pas toujours associées à des vomissements. De plus, le risque varie selon les chimiothérapies utilisées, mais aussi selon d’autres facteurs…

Facteurs environnementaux SelectAfficher

Outre les traitements décrits plus bas, les facteurs environnementaux jouent aussi un rôle dans la tolérance digestive aux chimiothérapies

 Facteurs d’amélioration

Facteurs d’aggravation

  • Qualité de l’accueil, de l’information, le type d’hospitalisation, le transport
  • Les activités de détente (lecture, musique, télévision, …)
  • L’entourage familial, les repas conviviaux, les aliments bien présentés et variés
  • Hypnose, relaxation, acupuncture
  • stress
  • Bruit
  • Odeurs écœurantes
  • L’attente prolongée
  • La promiscuité
  • Radiothérapie concomitante


Facteurs de risque de vomissements chimio induits

  • Antécédents de nausées et de vomissements lors d’une chimiothérapie antérieure
  • Mal des transports
  • Nausées et vomissements au cours de la grossesse ou suite à une anesthésie générale
  • Sexe féminin, âge inférieur à 50 ans
  • Antécédent de dépression
  • Vertiges

Conseils alimentaires SelectAfficher

Afin de limiter l’incidence des aversions alimentaires chimio-induites et de réduire les nausées et vomissements, il est recommandé de:

  • Préférer les repas légers et non épicés. Eviter les repas trop gras et lourds à digérer.
  • Limiter les quantités de boisson ingérées
  • Éviter la consommation d’aliments nouveaux ou que l’on aime particulièrement
  • Se reposer après les repas pour de diminuer les nausées.

Avant la cure

Plus l’alimentation des 24 heures précédent est diversifiée, plus le risque d’aversion alimentaire est important

  • Les préparations doivent être plutôt tièdes et nécessiter peu de mastication. Privilégier les aliments faciles à digérer (yaourts, pommes, riz viande maigre). Les repas froids ou à température ambiante ainsi que les boissons froides sont mieux tolérées.
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    Éliminer les odeurs nauséabondes dans l’air environnant (fritures, poissons, choux, oignions, brocolis, café, peintures, parfums…)
  • Éviter les épices trop piquantes, les aliments vinaigrés et salés ou trop gras.
  • Remplacer le bœuf et le porc par d’autres sources de protéines (poulet, tofu, fèves, pois chiches, lentilles et autres légumineuses)
  • Modifier la préparation et la cuisson de certains aliments (pensez à réchauffer à basse température). Eviter de cuisiner gras.
  • Ne pas hésiter à demander à une personne de l’entourage de cuisiner, plutôt que de le faire soi même.
  • Il est parfois nécessaire de manger le matin avant de se lever et de faire plusieurs petits repas dans la journée.
  • Ne pas s’angoisser si la quantité des aliments ingérés est insuffisante. Manger ce qui fait envie. Les biscuits secs sucrés ou salés sont généralement bien supportés.
  • Boire suffisamment pour éviter la déshydratation entraînée par les vomissements

Pendant la cure

Le matin de la cure, prendre un bon petit déjeuner sans excès de sucre. Penser à apporter avec soi des bonbons acidulés ou mentholés.

Manger très léger et peu pendant la chimiothérapie en évitant les aliments que l’on aime au risque de ne plus jamais avoir envie de les manger si cela se passait mal

La consommation d’alcool est proscrite

Après la cure

Le soir, de retour à la maison, ne manger que si vous avez faim. Prenez une soupe de légumes, des pâtes, du pain grillé, des biscottes, ou des légumes cuits à la vapeur.

Buvez des boissons chaudes (tisanes, thé léger) ou froides (eau plate peu minéralisée ou pétillante) en écoutant ses envies

Dans les jours qui suivent

  • Favoriser les repas conviviaux, soigner la présentation des aliments, varier les menus et ne pas s’angoisser si la quantité d’aliments ingérée est insuffisante. Consommer des fruits frais, boire beaucoup, éviter les graisses animales. Évitez de manger trop salé ou trop sucré dans les 2 à 3 jours qui suivent en raison du traitement à la cortisone qui est associé à presque toutes les chimiothérapie
  • Privilégier les aliments qui fortifient: viandes rouges, foie, levure de bière (riche en vitamines B), huile de germe de blé (riche en vitamine E anti-oxydante), les céréales complètes, le poisson.
  • Boire des petites quantités. La consommation de boissons gazeuses est possible. Préférer la consommation de thé vert (antioxydant)
  • En cas de refus total de s’alimenter pendant plusieurs jours, ou en cas de perte de poids importante, contactez votre médecin afin qu’il prescrive une complémentation orale industrielle permettant sous de faibles volumes de suppléer à une alimentation insuffisante (aliments hyper protéinés hypercaloriques aux parfums et textures variées). Préférez alors des compléments sans lactose car parfois la chimiothérapie altère le gout et cela peut donner une gout métallique prononcé en présence de protéines de lait.

Quelles sont les chimio les plus émétisantes? SelectAfficher

Classement des anticancéreux selon leur risque émétique

Classe 1 (<30%)

émétisants faibles

5FU <100mg/m2; Méthotrexate <100mg/m2; cyclophosphamide; Taxanes; Vinblastine; Vincristine

Classe 2 (30 à 60%)

émétisants modérés

Cyclophosphamide < 1000mg/m2, 5FU> 1000mg/m2; Topotécan, Doxorubicine<75mg/m2; gemcitabine; Idarubicine; Ifosfamide

Classe 3 (60 à 90%)

émétisants modérés

Cysplatine <75mg/m2, Oxaliplatine, Carboplatine, CPT11, Mitomycine

Classe 4 (> 90%)

émétisants extrêmes

Cysplatine >75mg/m2, Cyclophosphamide > 1000mg/m2, Streptozotocine, Pentostatine, Cytarabine, Carboplatine, Doxorubicine

Que faire en cas de vomissements liés à la chimiothérapie? SelectAfficher

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En cas de vomissement: 

  • Faire un bain de bouche tout de suite après (prévention de la mucite), de préférence mentholé
  • Noter l’horaire de survenue, la fréquence des vomissements, l’éventuelle perte de poids  et d’appétit
  • Contacter rapidement votre médecin.

Médicaments anti-émétisants prescrits en accompagnement d'une chimiothérapie SelectAfficher

Antagonistes sérotoninergiques ou sétrons

Les antagonistes sérotoninergiques ou sétrons = anti 5-HT3 (antisérotonine) Zophren®, Setofilm® (Ondansetron),Kytril®  (Granisétron), Anzémet®  (Dolasétron), Navoban®  (Tropisétron) agissent en combattant la sécrétion accrue de sérotonine induite par les médicaments anticancéreux, les vomissements étant le plus souvent liés  à cette augmentation:

Zophren® (Ondansetron): les lyophilisats peuvent se prendre sans eau (ils se dissolvent en quelques secondes dans la bouche). Posologie 8mg toutes les 12 heures pendant 2 à 5 jours. il n’est pas nécessaire de poursuivre le traitement au delà car la sérotonine n’est plus responsable des nausées au delà de 48 heures.

Setofilm® est un ondansetron en film orodispersible. Il se désintègre en quelques secondes dans la salive qui peut ensuite être avalée.

Effets indésirables: douleurs thoraciques, pulmonaires, syncopes, toux, fièvre, dyspnée, constipation.

Antagonistes de la substance P

Antagonistes NK1 de la neurokinine = substance P Aprépitant : (Emend®)

Antiémétique puissant empêchant la substance P libérée sous l’influence du cytotoxique d’activer les récepteurs commercialisé dans l’indication prévention des nausées et des vomissements provoqués par une chimiothérapie émétisante.

L’aprépitant : Emend® s’administre par voie orale, il est commercialisé sous forme de gélules à 80 et 125 mg. La gélule est avalée entière à la dose initiale 125mg par prise à J1 1heure avant la chimiothérapie, avec une posologie d’entretien à 80mg/j à J2 et J3. Il peut être pris pendant ou en dehors des repas. Il est administré en association avec un corticoïde (dexaméthasone) et un antagoniste des récepteurs 5-HT3.

Effets indésirables: asthénie, céphalées, hoquet, vertiges, diarrhées. Par son effet inducteur enzymatique des cytochromes, l’aprépitant comporte de nombreuses interactions médicamenteuses car il modifie la vitesse d’élimination de nombreux médicaments.

Précautions d’emploi: afin d’éviter la destruction accélérée du médicament par induction enzymatique, il est déconseillé de consommer du jus de pamplemousse, des caramboles et des oranges de Séville pendant toute la durée du traitement

Contre indications: hypersensibilité au produit, médicament inhibiteur enzymatique

Corticoïdes

Dexamethasone, méthylprednisolone, prednisolone

Les corticoïdes peuvent être utilisés seuls dans les chimiothérapies peu émétisantes. Ils sont souvent associés aux sétrons. La posologie varie de 8mg à 20mg de dexamethasone selon le type de chimiothérapie.

Effets indésirables métaboliques : adopter un régime pauvre en sodium et en lipides, riche en potassium (bananes, brocolis, choux…), en protides et en calcium.

Antagonistes dopaminergiques

Alizapride : Plitican®, Halopéridol: Haldol®, Métoclopramide: Primpéran®, Métopimazine: Vogalène®

Les antagonistes dopaminergiques bloquent de façon spécifique et variable les récepteurs dopaminergiques D2 de l’area post-rema et à forte posologie, les récepteurs sérotoninergiques 5-HT3. Leur activité antiémétique est inférieure aux sétrons. Ils exposent tous à unrisque de sédation voire de somnolence ainsi qu’à des effets neurovégétatifs(hypotension orthostatique, sécheresse buccale, constipation, troubles de l’accommodation, rétention urinaire).

Effets indésirables: L’halopéridol franchit la barrière hémato encéphalique et peut être à l’origine d’effets indésirables centraux moteurs (dose dépendant) avec parfois akinésie, rigidité musculaire et dystonies aiguës et syndrome malin. Des effets endocriniens à type d’élévation de la prolactinémie, avec gynécomastie, galactorrhée ou troubles des règles sont décrits lors de traitements par la métopimazine ou l’alizapride.

Attention
Attention à la survenue d’un syndrome malin aux neuroleptiques (forte fièvre, rigidité musculaire, troubles de la conscience…), rare mais mortel.

Anxiolytiques

Lorazépam (Temesta®), Clorazépate dipotassique (Tranxène®), Alprazolam (Xanax®)

Les benzodiazépines ont une faible activité antiémétique indirecte. Elle est probablement liée à leur action sédative, anxiolytique et amnésiante. Ces molécules potentialisent l’action de certains antiémétiques plus puissants (métoclopramide, corticoïdes).

Les solutions naturelles

Homéopathie SelectAfficher

L’homéopathie est une aide intéressante pour prévenir et limiter les vomissements chimio-induits. Ils sont à prendre en plus du traitement classique anti-vomitif prescrit par votre oncologue.

Toutefois, l’idéal est de vous faire accompagner par un médecin homéopathe qui vous prescrira un traitement spécifiquement à votre cas. En attendant la consultation homéopathique: Cocculine® (comprimés ou dose) à prendre avant la cure; renouveler plus tard si besoin, ou Apomorphinum complexe N°97 Lehning®

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 Les principaux traitements homéopathiques

  • Nausées avec une impression de mal digérer: Nux vomica 9CH (5 granules toutes les 15 minutes), associé à Ipeca 9CH
  • Trac anticipatoire, tremblements, nervosité: Gelsemium 9CH: une dose avant la chimiothérapie
  • Ignatia: nausées d’anticipation (avant même d’avoir commencé une chimiothérapie), longs soupirs, nœuds à la gorge et au plexus. Amélioration en mangeant. Sucer 3 granules en 15 CH la veille de la chimio, et répéter si besoin.

Les complémentaires

  • Colchicum: nausées importantes avec une aggravation très nette par les odeurs, surtout les odeurs de cuisine. Épuisé par les vomissements. Prendre une dose par jour en 15 CH

  • Sepia nausées aggravées le matin à jeun, améliorées par le petit déjeuner. Nausées provoquées par la vue et l’odeur des aliments. Prendre une dose par jour en 9 CH

  • Arsenicum album  Vomissements violents qui ne soulagent pas + diarrhée, sensation de faiblesse et mal à l’aise, besoin de boire de l’eau par petites gorgées sans pouvoir la tolérer. Frilosité avec des sueurs froides. Sucer 3 granules 2 fois par jour en 7 CH ou 9 CH

  • Tabacum nausées avec le visage très pâle, sueurs froides et refroidissement glacial de la peau. Epuisement, hypotension. Amélioré par l’air frais, aggravé par le mouvement. Sucer 3 granules en 5 CH 3 fois par jour.

  • Cocculus si nausées, vomissements avec vertiges. Pâleur, sensation de vide dans l’estomac. Non amélioré au grand air. Gout métallique dans la bouche, hyper salivation. Sucer 3 granules en 9 CH, 3 fois par jour

  • Antimonium crudum si indigestion du gros mangeur. Nausées avec dégout de la nourriture, enduit sur toute la langue épais, laiteux, crémeux, blanchâtre. Sucer 3 granules en 5 CH, 3 fois par jour.

  • Symphoricarpus vomissements violents et prolongés aggravés par le moindre mouvement. Sucer 3 granules 3 fois par jour en 5 CH

  • Veratrum  albumDiarrhée épuisante + vomissements violents, chauds et froids (sueurs froides du front et du corps), crampes douloureuses, besoin d’eau glacée. Sucer 3 granules en 5 CH, 3 fois par jour.

  • Apomorphinum muriaticum : Vomissements soudains et violents, aggravés par les repas, même très léger. Sucer 3 granules 3 fois par jour en 9 CH.

  • Phosphorus: Apparition brutale, fatigue, soif vive d’eau froide qui est re-vomie dès qu’elle est réchauffée dans l’estomac. Sensation de creux et de vide dans l’estomac, absence de douleur. Les vomissements sont parfois striés de sang. Sucer 3 granules 2 fois par jour en 9 CH.

Acupression SelectAfficher

Acupression = bracelet anti-nausées

Son principe fait appel à un principe chinois vieux de 5000 ans. Une boule exerce un massage léger sur le point Nei-kuan du poignet. Il est conseillé de le porter tout au long de la chimiothérapie.
Bracelet ou pansement agissant par acupuncture

Bracelets anti-nausée Katadyn®, Sea-Band®, Transway®

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Phytothérapie SelectAfficher

Gingembre

gingembre
Gingembre (Zingiber officinalis): Le 6-gingérol ainsi que d’autres composés sont responsables de l’activité antiémétique en se fixant sur les récepteurs centraux 5HT3. Complété par ses effets de suppression des contractions gastriques. Cette plante est aussi préconisée pour prévenir les nausées dues à la chimiothérapie ou en situation postopératoire.

Contre indication: Calculs biliaires.

Prendre une gélule à 250mg d’extrait sec de gingembre 4 heures avant la chimiothérapie puis une gélule toutes les 4 heures suivant la chimiothérapie si besoin.

Arkogélules gingembre, gingembre Elusanes

Thym

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Le thym aide à digérer et a une action contre les nausées et les vomissements.

Il empêche aussi les ballonnements, les contractions de l’estomac et stimule l’appétit

Infusion de thym, une tasse le matin au réveil ou au moment des troubles ou  1 gélule avant les 3 repas

Dayang® Infusion Bio Thym, Thym Arkogélules®, Thym Marque Verte®, Vitaflor® Thym…

Retrouvez plus de conseils sur: Thym

Aromathérapie SelectAfficher

aromathérapie

HE Menthe : Quelques gouttes sur un mouchoir à respirer

HE Citron: 1 goutte sur un sucre ou sur un comprimé neutre.

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Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), www.sospharma.net, ma pharmacie en ligne

Dernière modification le: jan 15, 2015 @ 11 h 39 min


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