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Polyphonies

Publié le 16 janvier 2015 par Mentalo @lafillementalo

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Les rues se sont vidées, chacun est rentré chez soi et le chœur faiblit maintenant, laissant résonner quelques voix discordantes, assourdies il y a quelques jours par la masse de la réponse émotionnelle.

Aujourd’hui ces voix s’élèvent, nous conjurant de réfléchir par nous-mêmes. Certains ont été assassinés pour ce qu’ils faisaient, d’autres pour ce qu’ils étaient, ce qui me bouleverse au-delà de tout.

La liberté d’expression, ce n’est pas oser enfin parler de green smoothie ou d’allaitement sur son blog sans craindre qu’une autre anonyme vienne nous apprendre la vie, comme j’ai pu le lire. Ce n’est pas écrire deux phrases pour tenter de justifier que oui, la vie et le business continuent – même si c’est vrai – il faut juste assumer.

La liberté d’expression, c’est oser questionner, dire la nuance, se démarquer de la masse. La liberté d’expression, ce n’est pas faire la file dans son kiosque pour acheter un journal qu’on n’a jamais ouvert auparavant, rentrer chez soi et l’instagramer, check, got it, se donner bonne conscience à peu de frais, passer à autre chose. C’est oser s’opposer face à tous les préjugés, c’est s’élever contre les injustices. Au-delà des morts aujourd’hui symboles, nous ne sommes pas, quoi que nous puissions prétendre et égoïstement ressentir, les premières victimes de ces événements tragiques. Encore une fois, nos frères subiront longtemps notre rancœur, nos regards.

Aujourd’hui se pose la question de savoir ce que nous allons faire de tout ça. Enfin ! Passé le temps légitime du deuil et de l’émotion, voir l’évidence qui était là, juste sous nos yeux. Réfléchir n’est pas cautionner. Que ceux d’en haut continuent à nous armer jusqu’aux dents s’ils en ont envie, cela ne prouve qu’une chose, c’est qu’ils n’ont décidément rien compris. Nous ne voulons plus vivre les uns contre les autres, mais les uns avec les autres. Les armes n’ont jamais remplacé avantageusement les mots, les engagements.

Avant de crier nos droits, nos libertés, souvenons-nous que la nôtre s’arrête là où celle de l’autre commence. Autrement dit, s’il existe une seule limite à la liberté, c’est celle du respect. Oui nous avons le droit de caricaturer, oui nous avons le devoir d’entendre la blessure.

Pourquoi ne puis-je apprendre à mes enfants qu’au nom du principe de liberté d’expression, ils auraient le droit de ricaner de leur petit copain roux en le traitant de Poil de Carotte ? Parce que ça ne se fait pas, parce que c’est méchant, même si on dit après que c’est pour rire, parce que c’est insulter, parce que ce n’est pas respecter l’autre dans son intégrité et sa différence, parce que ce n’est pas ça, vivre ensemble. Parce que les lois et leur subtilité, ça leur passe bien au-dessus, alors autant commencer par la politesse.

Vivre ensemble, c’est reconnaître notre non-universalité culturelle. En finir avec le sentiment de supériorité franco-français et laisser une place à l’autre. Ses différences nous enrichissent. Nos bras ouverts ne nous dépouillent pas, mais nous grandissent. Parler ensemble, pour mieux se comprendre.

Le travail d’éducation de la tolérance et de la connaissance de l’autre il est à faire chez chacun de nous, pas que chez ceux qu’on considère moins éduqués. m’a écrit une amie chère (qui m’a également conseillé certains des billets qui se cachent derrière les liens ci-dessus et que je vous supplie de lire).


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