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Il paraîtrait...

Publié le 18 janvier 2015 par Ericguillotte
dimanche 18 janvier 2015

- que les chandails sont apparus entre le 18ème et 19ème siècle. C’est tout con, un chandail, presque suranné comme mot, en voie de disparition quasi. Mais il permet de rappeler le mot aphérèse, ni désuet ni démodé car si peu usité qu’il n’a jamais eu le temps d’être à la mode. Ici, l’aphérèse de marchands d’ail, retranchement de syllabes pour faire court, est devenue chandail, pour désigner ce vêtement porté par les maraichers bretons qui vendaient leur ail aux Halles, et qui portaient en hiver des gros pulls tricotés par leurs femmes, pour ne pas se geler les os pendant qu’ils vendaient leurs aulx, pourrait-on dire, si on aimait les jeux de mots. Alors, quand vous mettrez une petite laine bientôt parce qu'avec ce sens aigu de la pertinence que chacun vous reconnaît vous vous serez dit qu’il fait frisquet, respirez-la. Avec un petit effort mental, vous pourrez sentir l’ail, le vent et la mer salée. La poésie dominicale peut nous prendre par la manche ou par le col, pour nous la faire traverser ou nous en faire franchir.
- que dans le mot tee-shirt, maillot de corps, que certains peuvent même appeler chandail à manches courtes, puisque par extension, on fait ce qu’on veut des mots, en abusant au pire de néologisations néologisées alors qu’a priori non néologisables, le mot shirt signifie chemise en anglais et le tee se rapporte à la forme en T. Un tee-shirt ou T-shirt est donc une chemise en T, alors qu’une T-room n’est pas une pièce hantée, ou alors ne devient salon que si T est tea. Mais pour en revenir à notre chemise en T qui n’en est pas une, on peut dire une chose : doit-on encore supporter de porter des vêtements au nom si peu en adéquation avec son sens initial, ou alors, ne doit-on porter les t-shirt que lorsqu’ils sont déformés comme l’a été l’appellation première à traduction aléatoire et dérivationnelle ? A moins qu’on ne me dise : avec cette histoire de T-shirt, tu te tortures l’âme, Eric. La poésie dominicale peut nous prendre par la manche ou par le col, pour nous la faire traverser ou nous en faire franchir.
- que ces histoires de fringues pourraient vous donner envie de faire du tricot, ce qui serait adapté, du sport, ou des crêpes, ce qui ne serait pas totalement incohérent si vous donniez une explication logique. La Bretagne peut-être. Le seul moment où vous mettez un teeshirt peut-être. Ça pourrait aussi vous donner envie de faire les soldes, sauf si vous êtes allergique aux maths et/ou maniaque du rangement. Y a-t-il pire torture pour celui qui n’aime pas les calculs que de s’apercevoir que la réduction se fait à la caisse, et, petit haut, petit pull, petit pantalon en main, il doive essayer de savoir combien coûtera le vêtement après 30 ou 40% de réduction ? Y a-t-il pire situation pour un rangeophile, un bordelophobe, de voir ces vêtements dépliés, parfois tombés au sol, non triés par nature ou couleur, une jambe de pantalon qui pend, une chemise chiffonnée, un teeshirt plié en quatre jouxtant un teeshirt plié en trois ? Ne serait-il pas plus convivial que tout ce monde se retrouve, après un bon footing, et après avoir passé un pull après la douche, ensemble, pour déguster des crêpes ? La poésie dominicale peut nous prendre par la manche ou par le col, pour nous la faire traverser ou nous en faire franchir.


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