Magazine Cinéma

Ouvrir un chemin qui unit l'islam et la citoyenneté en France ? - 2

Par Plumesolidaire

Chanter en dansant "je ne suis pas islamophobe ! je ne suis pas islamophobe !", en portant une pancarte qui proclame " Je suis musulman, je suis chrétien, je suis juif, je suis bouddhiste, je suis athée, je suis républicain, je suis français, je suis Charlie", revient à exprimer de beaux sentiments louables.

Mais le destin des voeux pieux, est de se perdre dans les sables.

L'unanimité des valeurs républicaines ne cache-t-elle pas aussi un sursaut identitaire ? 

Cette identité française est-elle profonde ou n'est-elle qu'un vernis, que de nouvelles actions mortifères feront vite craqueler ?

S'agit-il d'ouvrir les bras aux mondes arabes et sahéliens à partir de nos valeurs et de notre culture sans faire un pas dans leur direction ? N'est-ce pas nous aveugler pour nous retrouver déçus de les refermer sur le vide ?

N'est-ce pas encore tenir la posture assimilationniste qui consiste à nous appuyer sur notre identité française pour demander à l'Autre de s'adapter à notre belle civilisation ?

J'ai souvent observé la joie de mes interlocutrices et de mes interlocuteurs lorsque je demandais à un malien par exemple s'il est originaire de Bamako, de la région de Mopti ou de Kayes. Je ne suis jamais allé à Bamako, à Mopti, à Kayes. Et je n'irai peut-être jamais voir Gao et Tombouctou. Mais mon peu d'intérêt pour la géographie physique, humaine et économique de l'Afrique et des pays Maghreb dont proviennent la plupart des personnes que nous recevons, suffit pour établir une passerelle qui nous rapproche.

S'intéresser à l'islam d'aujourd'hui tel qu'il fut, tel qu'il est, et tel qu'il pourrait devenir sous le regard de musulmans éclairés, c'est déjà faire un petit pas vers une meilleure compréhension des mondes islamiques, et dans nos relations avec les musulmans dans notre pays.

Nous ne changerons pas les personnes que nous recevons, pas plus que les idéologies identitaires nationalistes françaises et étrangères, mais nous pouvons évoluer dans notre représentation de l'islam en nous initiant à ses visages les plus lumineux d'hier et d'aujourd'hui*.

Lire Le dictionnaire amoureux de l'Algérie, ou Sagesses d'islam de Malek Chebel; Les nouveaux penseurs de l'islam de Rachid Benzime, lire les livres de Gilles Kepel - qui avait tout compris avant que le pire n'advienne à nos portes -, et ceux d'Abdennour Bidar, lire les articles de Mohammed Taleb sur Le Monde.fr, les chroniques de Kamel Daoud (impact24.info) menacé de mort, les émissions sur France Culture d'Abdelwahab Medeb qui vient de nous quitter,  la poésie arabe de Khalil Gibran ( Plumeacide : Khalil Gibran - le Prophète)...

Nous français avons tout à apprendre pour aimer les mondes arabes et africains musulmans, et partager nos découvertes avec ces étrangers que nous croisons tous les jours.

Français des cortèges de dimanche dernier, ne voyez-vous pas que les mondes musulmans ne défilaient pas à vos côtés ? Vous êtes-vous demandé pour quelles raisons ?

Car ce dont nous avons peut-être le plus besoin, nous français de souche mondialement connectés et épris de transversalité, de diversité et de mixité, c'est de nous montrer à nous-mêmes notre aptitude à entrer dans ces univers qui nous sont étrangers pour apprendre à les reconnaître, à défaut de pouvoir les connaître.

C'est aussi nous demander, au lieu de savoir ce que nous serions "en droit" d'attendre de nos amies et de amies musulman(e)s pour vivre en harmonie les un(e)s avec les autres, comment lancer un pont sur l'écart qui sépare nos civilisations.

A c'est à ce prix (plancher), que nous nous extrairons du moralisme républicain, de notre ethnocentrisme, et de nos pathologies égotistes auxquels nous sommes déjà retournés. 

Le sursaut républicain sans le rebond citoyen de l'action qui s'unit à la pensée pour la matérialiser, n'est qu'un saut dans le vide.

4 millions de voix qui font la clameur publique, ne valent pas 4 millions de livres sur l'islam lus dans le silence de l'intimité avec soi.

Trois mots-clés pour comprendre le dialogue : 

- Mutazilisme : lmutazilisme, ou motazilisme, est une école de pensée théologique musulmane apparue au viiie siècle. Né en même temps que le sunnisme et le chiisme, mais indépendant d'eux, le mutazilisme disparait définitivement au xiiie siècle, essentiellement vaincu par le sunnisme.

La théologie mutazilite se développe sur la logique et le rationalisme, inspirés de la philosophie grecque et de la raison (logos), qu'elle cherche à combiner avec les doctrines islamiques, pour ainsi montrer une possible compatibilité.

Mohammed Iqba

- Averroès

Al-Ghazâlî

* cela me donne in petto l'idée enthousismante d'organiser un cycle de conférences sur l'islam

Plume Solidaire

Le Monde des religions

Source: lemondedesreligions.fr

L'acte de philosopher est une injonction coranique - Abdennour Bidar

DÉBAT

Pourquoi l'islam doit philosopher

publié le 17/07/2014

Philosophes spécialistes de la religion musulmane, Souleymane Bachir Diagne* et Abdennour Bidar** insistent sur la nécessité, pour l'islam, de se réapproprier l'exercice de la réflexion philosophique. Pour Le Monde des Religions, ils participent à un débat animé par Fabien Trécourt, capté en vidéo par Philosophies TV.

* Spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie islamique, Souleymane Bachir Diagne est notamment l'auteur deComment philosopher en islam (ed. Philippe Rey, 2014).

** Philosophe et normalien, Abdennour Bidar est spécialiste des évolutions actuelles de l'islam et des mutations de la v
ie spirituelle dans le monde contemporain. Il a notamment publié L'islam sans soumission : pour un existentialisme musulman(Albin Michel, 2008).

Abdennour Bidar : Fraternité

Chanter en dansant "je ne suis pas islamophobe ! je ne suis pas islamophobe !", en portant une pancarte qui proclame " Je suis musulman, je suis chrétien, je suis juif, je suis bouddhiste, je suis athée, je suis républicain, je suis français, je suis Charlie", revient à exprimer de beaux sentiments louables.

Mais le destin des voeux pieux, est de se perdre dans les sables.

L'unanimité des valeurs républicaines ne cache-t-elle pas aussi un sursaut identitaire ? 

Cette identité française est-elle profonde ou n'est-elle qu'un vernis, que de nouvelles actions mortifères feront vite craqueler ?

S'agit-il d'ouvrir les bras aux mondes arabes et sahéliens à partir de nos valeurs et de notre culture sans faire un pas dans leur direction ? N'est-ce pas nous aveugler pour nous retrouver déçus de les refermer sur le vide ?

N'est-ce pas encore tenir la posture assimilationniste qui consiste à nous appuyer sur notre identité française pour demander à l'Autre de s'adapter à notre belle civilisation ?

J'ai souvent observé la joie de mes interlocutrices et de mes interlocuteurs lorsque je demandais à un malien par exemple s'il est originaire de Bamako, de la région de Mopti ou de Kayes. Je ne suis jamais allé à Bamako, à Mopti, à Kayes. Et je n'irai peut-être jamais voir Gao et Tombouctou. Mais mon peu d'intérêt pour la géographie physique, humaine et économique de l'Afrique et des pays Maghreb dont proviennent la plupart des personnes que nous recevons, suffit pour établir une passerelle qui nous rapproche.

S'intéresser à l'islam d'aujourd'hui tel qu'il fut, tel qu'il est, et tel qu'il pourrait devenir sous le regard de musulmans éclairés, c'est déjà faire un petit pas vers une meilleure compréhension des mondes islamiques, et dans nos relations avec les musulmans dans notre pays.

Nous ne changerons pas les personnes que nous recevons, pas plus que les idéologies identitaires nationalistes françaises et étrangères, mais nous pouvons évoluer dans notre représentation de l'islam en nous initiant à ses visages les plus lumineux d'hier et d'aujourd'hui*.

Lire Le dictionnaire amoureux de l'Algérie, ou Sagesses d'islam de Malek Chebel; Les nouveaux penseurs de l'islam de Rachid Benzime, lire les livres de Gilles Kepel - qui avait tout compris avant que le pire n'advienne à nos portes -, et ceux d'Abdennour Bidar, lire les articles de Mohammed Taleb sur Le Monde.fr, les chroniques de Kamel Daoud (impact24.info) menacé de mort, les émissions sur France Culture d'Abdelwahab Medeb qui vient de nous quitter,  la poésie arabe de Khalil Gibran ( Plumeacide : Khalil Gibran - le Prophète)...

Nous français avons tout à apprendre pour aimer les mondes arabes et africains musulmans, et partager nos découvertes avec ces étrangers que nous croisons tous les jours.

Français des cortèges de dimanche dernier, ne voyez-vous pas que les mondes musulmans ne défilaient pas à vos côtés ? Vous êtes-vous demandé pour quelles raisons ?

Car ce dont nous avons peut-être le plus besoin, nous français de souche mondialement connectés et épris de transversalité, de diversité et de mixité, c'est de nous montrer à nous-mêmes notre aptitude à entrer dans ces univers qui nous sont étrangers pour apprendre à les reconnaître, à défaut de pouvoir les connaître.

C'est aussi nous demander, au lieu de savoir ce que nous serions "en droit" d'attendre de nos amies et de amies musulman(e)s pour vivre en harmonie les un(e)s avec les autres, comment lancer un pont sur l'écart qui sépare nos civilisations.

A c'est à ce prix (plancher), que nous nous extrairons du moralisme républicain, de notre ethnocentrisme, et de nos pathologies égotistes auxquels nous sommes déjà retournés. 

Le sursaut républicain sans le rebond citoyen de l'action qui s'unit à la pensée pour la matérialiser, n'est qu'un saut dans le vide.

4 millions de voix qui font la clameur publique, ne valent pas 4 millions de livres sur l'islam lus dans le silence de l'intimité avec soi.

Trois mots-clés pour comprendre le dialogue : 

- Mutazilisme : lmutazilisme, ou motazilisme, est une école de pensée théologique musulmane apparue au viiie siècle. Né en même temps que le sunnisme et le chiisme, mais indépendant d'eux, le mutazilisme disparait définitivement au xiiie siècle, essentiellement vaincu par le sunnisme.

La théologie mutazilite se développe sur la logique et le rationalisme, inspirés de la philosophie grecque et de la raison (logos), qu'elle cherche à combiner avec les doctrines islamiques, pour ainsi montrer une possible compatibilité.

Mohammed Iqba

- Averroès

Al-Ghazâlî

* cela me donne in petto l'idée enthousismante d'organiser un cycle de conférences sur l'islam

Plume Solidaire

Le Monde des religions

Source: lemondedesreligions.fr

L'acte de philosopher est une injonction coranique - Abdennour Bidar

DÉBAT

Pourquoi l'islam doit philosopher

publié le 17/07/2014

Philosophes spécialistes de la religion musulmane, Souleymane Bachir Diagne* et Abdennour Bidar** insistent sur la nécessité, pour l'islam, de se réapproprier l'exercice de la réflexion philosophique. Pour Le Monde des Religions, ils participent à un débat animé par Fabien Trécourt, capté en vidéo par Philosophies TV.

* Spécialiste de l'histoire des sciences et de la philosophie islamique, Souleymane Bachir Diagne est notamment l'auteur deComment philosopher en islam (ed. Philippe Rey, 2014).

** Philosophe et normalien, Abdennour Bidar est spécialiste des évolutions actuelles de l'islam et des mutations de la v
ie spirituelle dans le monde contemporain. Il a notamment publié L'islam sans soumission : pour un existentialisme musulman(Albin Michel, 2008).

Abdennour Bidar : Fraternité


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