Magazine Politique

IVG: 40 ans après la loi Veil

Publié le 18 janvier 2015 par Letombe
IVG: 40 ans après la loi Veil

Retrouvez la tribune de Claude Roiron, secrétaire nationale à la parité et aux droits des femmes, parue dans le Huffington Post !

Le 17 janvier 1975 reste dans l'histoire de la conquête des droits pour les femmes une date décisive qui donne enfin à celles-ci la possibilité légale de disposer de leur corps et de faire entrer le principe de maîtrise et de volonté dans la question de la procréation.

Si les femmes doivent incontestablement cette avancée majeure à la subtilité politique, à la détermination de Simone Veil, alors ministre de la Santé, il ne faut pas oublier que ce fut grâce aux votes de la gauche socialiste et communiste et des députés centristes que cette loi fut adoptée par l'Assemblée nationale le 27 novembre 1974.

S'il existe une question qui divise bien la droite et la gauche c'est bien celle des droits des femmes et plus largement celle de leur place dans la société. Aujourd'hui où de nombreux concitoyens s'interrogent sur ce qui différencie la droite de la gauche, il est utile de rappeler que le progrès humain dans ce domaine est du côté de la gauche et non de la droite même s'il n'est pas exclu que certaines personnalités politiques de droite partagent parfois ces combats.

Rappelons donc pour mémoire que la loi sur l'IVG a été prolongée sous la gauche par la loi Roudy en 1982 qui permet sa démocratisation en instaurant sa prise en charge et son remboursement. Ce fut un pas de géant dans l'acceptation sociale de l'IVG. Plus tard la loi Neiertz en 1993 instaura le délit d'entrave qui pénalisait les médecins qui refusaient d'appliquer la loi de la République. Plus récemment en 2001, la loi Aubry étendit de dix à douze semaines les délais pour réaliser une IVG. Enfin dernièrement la loi dite égalité réelle portée par Najat Vallaud-Belkacem en août 2014 renforça la pénalisation de l'entrave, permit le remboursement à 100% de l'IVG et supprima la notion de détresse qui faisait des femmes qui choisissaient l'avortement des victimes et non des actrices conscientes et libres de leurs droits.

Ce combat a légitimé et a inscrit dans notre société une fois pour toute la liberté d'avoir des enfants, d'en choisir le moment et cela pour toutes les femmes quelle que que soit leur condition sociale. C'est donc bien un combat permanent de la gauche tout au long de son histoire récente.

Cette histoire n'est pas terminée pour autant. Aujourd'hui encore la pratique de l'IVG reste difficile parfois douloureuse. D'abord une IVG n'est jamais de confort, c'est toujours un choix déchirant. Les discours culpabilisateurs et simplistes ressurgissent trop souvent dans notre société traversée par des courants conservateurs voire réactionnaires en France comme en Europe. Partout dans le monde le poids du religieux et des obscurantismes qu'il véhicule pèse lourdement sur la condition des femmes.

Notre pays n'échappe pas à ces replis et les femmes en sont toujours les premières victimes. A cela s'ajoutent les crises économiques qui sont autant de facteurs de restrictions des politiques de santé et de prévention. C'est donc le combat des socialistes aujourd'hui que de permettre à toutes les femmes qui le souhaitent d'avoir accès à l'IVG dans des conditions psychologiques, sanitaires et économiques, dignes et sûres.

L'IVG a été la première étape pour contrarier les lois prétendument naturelles de la procréation. Il a traduit l'évolution d'une société qui revendiquait l'égalité femmes-hommes y compris dans ce domaine. En maîtrisant leur procréation, les femmes sont devenues actrices et non sujettes.

Aujourd'hui la société nous pose d'autres questions sur la possibilité d'avoir un enfant autrement dans un cadre qui n'est plus seulement l'hétérosexualité des conjoints. Ces questions qui s'expriment dans une société techniciste, consumériste, trop individualiste, doivent être réfléchies dans une perspective éthique qui ne fasse pas de l'individualité et de l'identité singulière le seul enjeu du vivre ensemble.

Ce combat pour les femmes à disposer librement de leur corps, nous le portons bien sûr en France. Il doit être étendu à l'Union européenne et être inscrit dans le droit européen comme une liberté individuelle fondamentale au même titre que la liberté de conscience et d'expression.

Le féminisme qui est une aspiration à l'égalité des droits entre les femmes et les hommes et à leur mise en œuvre effective est un combat pour la démocratie. Il est une forme accomplie et courageuse de la lutte contre tous les obscurantismes en particulier les fanatismes religieux car on mesure toujours le développement démocratique d'une société à la place occupée par les femmes et à leur liberté.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Letombe 131283 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines