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Sortir de l'hibernation.

Publié le 30 août 2014 par Odile Sacoche @OdileSacoche
Un jour, il y a longtemps maintenant, mon frère m'a dit un truc du genre : " Ce serait bien si on pouvait hiberner. Genre on prendrait plein de livres, on s'instruirait, et trois ans plus tard, on sortirait de notre grotte en disant "Bonjour le monde" et en ayant appris toutes les choses de la vie ". Cette phrase m'avait beaucoup amusée, et je sais que j'ai eu l'occasion de la ressortir quelques fois sur le ton de l'humour. D'abord parce que je la trouvais très drôle, et ensuite, parce qu'elle me faisait bien envie. J'avais, et j'ai encore, parfois ce besoin de me couper de tout et de tout le monde. De partir à l'autre bout du monde, lire, ne rien faire. Disparaître comme par enchantement. Ne pas me soucier ni de ce que je suis, ni des comptes que je dois rendre, ni des responsabilités que je dois prendre. Faire l'autruche en somme. 
Toujours est-il que pendant mes vacances, à la lecture d'un énième livre de psychologie*, je me suis rendue compte qu’inconsciemment, depuis 5 ans, je m'étais mise en mode hibernation. Cette hibernation même dont mon frère me parlait sur le ton de l'humour. Je me suis réfugiée dans un monde que peu de gens connaissaient autour de moi, et que certaines appréhendaient : les livres de développement personnel. 
Ça a commencé avec "Le Secret" de Rhonda Byrne. Cette année là j'avais une blessure amoureuse à panser. Je me suis plongée dans cette lecture en vacances, avec ma meilleure amie. Je n'attendais pas grand chose de ce livre, d'ailleurs c'était une amie qui me l'avait recommandée et je ne savais pas trop où je mettais les pieds. Et puis, j'ai eu cette sensation de détenir le pouvoir. La connaissance. C'était donc de là que venaient tous mes maux. Tout s'éclairait. D'un livre, je suis passée à deux. Puis 3. Pour finir à en lire presque 1 par mois. Toujours à la recherche de ce qui clochait chez moi. J'avais envie d'apprendre, encore et encore. Pourquoi les gens réagissent comme ci, pourquoi je pleure comme ça, pourquoi j'ai mal, comment être heureuse, comment me délivrer de mes démons, de ceux des autres. Sans m'en rendre compte, je nourrissais le pire masque que je porte aujourd'hui* : celui du contrôlant. Une énième fois, et de façon complètement inconsciente en plus, j'avais trouvé un domaine pour contrôler ma vie. 
Avant les vacances, alors que je commençais justement ce livre de Lise Bourbeau* (qui m'a d'ailleurs appris bien plus que plein d'autres livres), j'envoyais une photo d'un petit paragraphe à ma mère. Une sorte de petit mot que je trouvais touchant, pour lui dire merci d'être ce qu'elle est et de la façon dont elle m'avait éduquée. Mais sa réaction ne fut pas celle que j'attendais puisqu'elle me dit : "Tu ne crois pas que de lire tous ces livres soit mauvais pour toi ? Est-ce bien nécessaire de t'analyser comme ça tout le temps ? ". Énervée, je me suis demandée en quoi essayer de comprendre comment l'humain (je) fonctionne pouvait m'énerver. J'étais piquée au vif. 
Seulement, peu de temps après, j'ai reçu une deuxième remarque du même genre. De quelqu'un qui m'est tout aussi proche, celui qui partage ma vie (et ce, sans se téléphoner avec ma mère). Ayant lu pas mal de livres sur les relations et les conflits, je sais bien qu'à partir du moment ou 2/3 personnes différentes vont à l'encontre de ce que toi tu penses, c'est peut être que le problème, c'est toi. Que ce n'est pas le monde entier qui est contre toi, mais toi qui vas à l'encontre le monde entier. Je suis toujours un peu dure avec moi même, c'est vrai, mais un autre livre me disait, que si justement tu te sens blessé, c'est que tu sais qu'il y a une part de vérité dans ce que l'autre avance. C'est d'ailleurs souvent ce satané égo  qui pense te défendre, et qui ne fait que nourrir encore un peu plus tes blessures (cela dit entre nous, notre égo, ne nous aide pas beaucoup). D'où cette petite expression sarcastique (mais très vraie malheureusement) : il n'y a que la vérité qui blesse.
Alors je me suis analysée. Pour la millième fois depuis Le Secret. Je me suis demandée ; depuis 5 ans combien de livres ai-je lu au final ? 10 ? 20 ? 30 ? Plus ? ... Combien en ai-je en ma possession ? 5 ? 10 ? 15 ? Et en repensant à cette année du Secret, aujourd'hui est-ce que je me sens vraiment mieux ? Est ce que de lire tout ça a réellement changé ma vie ? Puis-je affirmer que je n'ai plus du tout de problèmes ou que j'en ai résolu quelques uns ? C'est là, que la phrase de mon frère m'est revenue. J'ai souris un peu tristement. Depuis 5 ans, je me suis juste mise en hibernation avec mes livres. J'ai cherché à savoir, savoir, savoir. Comprendre, comprendre, comprendre. Remuer le passé, me projeter dans le futur. Et je suis passé à côté de l'essentiel. Mon ego a complètement occulté la base de tous ces livres : aimes-toi.
En y réfléchissant mieux, mis à part lire, ces 5 dernières années, qu'ai-je mis en pratique pour m'aimer ? J'ai potassé de la théorie, pensant y trouver une espèce de théorème étant la solution géniale à tous mes soucis, mais qu'ai-je fait moi, concrètement, pour m'aimer ? Je me suis un peu jetée dans la consommation oui, pensant que tel ou tel vêtement, ou tel ou tel produit de beauté me permettrait de me sentir mieux dans ma peau. J'ai mis le doigts sur tooooutes les choses physiques qui n'allaient pas chez moi, cause peut être de mes mauvais ressentis. J'ai fais attention au regard et aux remarques des autres, me disant qu'ils avaient peut être raison, me remettant encore plus en question. J'ai lu encore quand je ne trouvais pas que la solution essayée était parfaite à mon goût. Mais finalement, je comprends aujourd'hui que j'étais juste à côté de la plaque. Mon poids, mon acné, mes complexes, tout ça, ce n'étaient qu'une sonnette d'alarme de mon corps pour me dire que je me gourais. Que j'occultais. Me formant une sorte de carapace. Et moi, mon corps, je ne l'ai pas écouté. 
Sur ce constat, septembre étant le mois des grandes promesses et des bonnes résolutions, j'ai passé 2 pactes avec moi même. Le premier, c'était d'apprendre à connaître/écouter mon corps et de devenir sa meilleure amie. D'ailleurs, de devenir meilleure amie avec moi même. Dans le but, de m'aimer. De m'accepter. D'accepter que je ne suis pas un être parfait de lumière, et que je peux donc laisser tomber mon masque de contrôlant qui me pourrit la vie. Je peux, je dois, enfin être moi. Je n'ai plus besoin de me protéger. Le deuxième, c'est d'arrêter mes lectures de développement personnel (et du coup, lire plus de romans). Je ne vais pas te dire que j'en sais trop, on est toujours en apprentissage, mais je pense qu'à ce stade de ma vie, et en 5 ans de temps, j'en sais assez pour avancer. J'ai toutes les clés en mains. Il est temps de sortir de mon hibernation, temps de sortir la tête de mes livres et de vivre les théories. Parce qu'au final, quand on passe à la pratique, on apprend à vivre le moment présent. Et quand on vit le moment présent, je veux dire, quand on le vit réellement, sans se soucier des maux du passé, et de l'avenir incertain, paraîtrait-il, qu'on vit plus heureux et ... Plus zen ! Ce qu'il faut conclure de toutes ces lectures, c'est que pour être heureux, c'est pas si compliqué. Il faut avant tout s'aimer. A partir de là, le reste, le lâcher prise, tout ça, ça viendra tout seul.
Sortir de l'hibernation.

♥ ♥ ♥

*Référence au livre " Les 5 blessures qui empêchent d'être soi même" de Lise BourbeauCrédit photo

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