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Que nos vies aient l'air d'un film parfait - Carole Fives ****

Publié le 25 janvier 2015 par Philisine Cave
Un couple se sépare, faisant partie de la première grosse vague des divorces français (années 1980). Entre les deux ex-époux, deux enfants tiraillés servent de monnaie d'échange pour une paix en surface.  Que nos vies aient l'air d'un film parfait - Carole Fives **** Rien n'est simple dans Que nos vies aient l'air d'un film parfait : alternant les témoignages de trois membres de la famille (le père qui part, la mère quittée et dépressive, la sœur coupable d'un mensonge mais irresponsable de cette décision), Carole Fives décline ce que fut un divorce dans une famille bourgeoise, sous l'avènement de François Mitterrand : un trauma social, une brisure.  Deux époux se quittent, se déchirent sur la garde des enfants, jouent un équilibre brutal (le fils avec la mère, la fille avec le père : elle lui ressemble tant !) en usant de chantage affectif. Comment se construire affectivement après cela ? Comment se construire tout court, d'ailleurs ?  Dix-sept ans de procédure (plus que d'années de mariage), des enfants « transmis » sur le bord d'une autoroute ou sur le quai d'une gare, l'épreuve de la culpabilité (d'avoir laissé le petit dernier à une mère fragile, de ne pas avoir assez communiqué, de ne plus se voir suffisamment, de ne pas partager ces moments du quotidien si formateurs de connivence, de se quitter à nouveau au retour de vacances), etc. Avec une écriture très orale (parfaitement adaptée au peu de pages : plus rendrait la lecture fastidieuse et lassante), Carole Fives dépeint cette France des années 1980 qui découvre les familles recomposées, tellement habituée à ces couples malheureux et aigris qui restent ensemble « pour les enfants ». Ce jeudi d'octobre par Winberg Par mon histoire familiale, j'ai été confrontée au divorce d'un oncle et d'une tante lors de ces années-là et je confirme le séisme provoqué par cette séparation contre nature (dans ma famille conservatrice -des deux côtés, eh oui, mauvaise pioche !-, on ne rompt pas, on serre les dents et on reste, quoiqu'il en coûte, même à en crever ou à y perdre son âme : je remercie d'ailleurs mon oncle d'avoir essuyé les plâtres, je regrette toutes les horreurs qui furent dites, tout ce désamour et reconnais que, depuis, le clan s'est plutôt bien « adapté » à ce changement sociétal). A l'époque, jeune adolescente, sentant que beaucoup d'éléments m'échappaient, je m'étais tournée vers un roman jeunesse que vous avez peut-être eu l'occasion de lire : Ce jeudi d'octobre de Anna-Greta Winberg, très délicat et portant un autre regard sur la question, m'avait alors aidée ! En épluchant Que nos vies aient l'air d'un film parfait, j'ai eu l'impression de revenir à mes douze ans et à ce questionnement.
En finissant Que nos vies aient l'air d'un film parfait, je me suis dit que l'enfant qui a le plus morflé n'est pas celui qu'on croit, que parfois, avec un entourage aimant (autre que parental) on arrive à dépasser la douleur, à se construire via d'autres repères, à réussir à être un adulte autonome et concerné, plus en recul sur le ex-couple parental et son modus operandi immonde. Bref, l'espoir est là, même fragile ! Éditions Le Passage (110 pages consacrées au texte)
avis : Anne, Argali, Clara, Métaphore, MissAlfie,
emprunté à la biblio (lu dans le cadre du prochain comité de lecture)
et un de plus pour les challenges de Philippe (météo avec « air »), de Piplo (avec « un ») et de Daniel
ContrainteA vos nombres 2014Premier roman 2015

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