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L’essor des « Green Bonds » ne demande qu’à se confirmer

Publié le 27 janvier 2015 par Sia Conseil

L’essor des « Green Bonds » ne demande qu’à se confirmer Le terme de « Green Bonds » ou « d’obligations vertes » désigne un type d’obligations dont l’émission est destinée à financer, en exclusivité, des projets s’inscrivant dans une politique de transition écologique (ex : purification de l’eau, efficacité énergétique …).

Les premières émissions de Green Bonds ont été réalisées en 2007 par des organisations supranationales. Ce marché est donc relativement jeune, mais après plusieurs années de maturation, les deux dernières années marquèrent l’avènement de cette nouvelle classe d’actifs prometteuse.

Un volume d’émission en forte croissance

Depuis leur création en 2007, le taux de croissance annuel moyen du volume d’émission de Green Bonds est supérieur à 40%. Pour analyser cette croissance, il convient de distinguer deux périodes : l’avant et l’après 2013.

Entre 2007 et 2012, les émissions ont été réalisées exclusivement par des institutions supranationales ou gouvernementales. Les trois principaux émetteurs supranationaux furent la Banque Européenne d’Investissement, la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement et la Société Financière Internationale.

En revanche, l’année 2013 a marqué un tournant important avec un volume d’émission près de 6 fois supérieur à celui de 2012. Cette situation s’explique par l’entrée sur le marché d’entreprises privées de premier ordre aux côtés des acteurs publics historiques. Pour preuve, la plus grosse émission de l’année 2013 a été réalisée par EDF pour un montant de près de 1.900M$.

L’adoption par des entreprises privées de ce mode de financement ouvre donc de nouvelles perspectives de croissance et de diversification pour ce marché. L’année 2014 a confirmé cette tendance avec un volume d’émission de 35 milliards de dollars soit un volume près de trois fois supérieur à celui constaté en 2013 avec des émetteurs privés de plus en plus présents. L’année 2015 devrait être celle du déploiement avec deux atouts majeurs :

  • Une large variété d’émetteurs permettant de satisfaire les exigences des investisseurs en termes de diversification et de profils de risques
  • Un volume d’actifs en circulation désormais suffisant afin de pouvoir assurer un bon niveau de liquidité

Une standardisation nécessaire

A ce jour, il n’existe pas de définition légale pour les « Green Bonds ». Les contours sont flous limitant, de ce fait, la lisibilité auprès des investisseurs. Les principaux acteurs du marché, conscients du risque que pourrait faire porter un éventuel déficit d’image et de confiance (soupçons de « greenwashing » notamment), se sont engagés dans des initiatives de standardisation visant à assurer la crédibilité du produit.

La Banque Mondiale fait figure de précurseur avec son processus de sélection des projets éligibles qui est composé d’une phase d’analyse du projet, réalisée par des experts de la Banque Mondiale, puis d’une étude indépendante réalisée par le « Center for International Climate and Environmental Research » (Cicero) de l’université d’Oslo. Une fois le projet lancé, un système de contrôle est mis en place afin de s’assurer des résultats des projets financés. Il s’agit donc d’une démarche globale visant à vérifier que l’utilisation des fonds est bien destinée à financer des projets compatibles avec les objectifs de transition énergétique.

Une initiative plus récente, dite « Green bonds principles », a été lancée en 2014 par plusieurs grandes banques et institutions supranationales afin de définir et partager une définition commune des Green bonds. La rédaction du document a été confiée au Ceres avec 5 axes d’analyses :

  1. L’utilisation des fonds (efficacité énergétique, purification de l’eau ‌)
  2. Le processus de sélection et d’évaluation des projets
  3. Le suivi de la consommation des fonds levés
  4. Le reporting
  5. Le contrôle (audits, organismes de certifications indépendants ‌)

Plus de 70 institutions bancaires et supranationales ont déjà adhéré aux « Green bonds principles ».

Pour autant, il faudra probablement aller encore plus loin dans cet effort de standardisation. En effet, il n’existe pas, à ce jour, de cadre réglementaire strict et les initiatives de standardisation ont uniquement valeur de recommandations. Certains principes, largement préconisés, sont donc, pour le moment, loin d’être généralisés dans la pratique. Pour exemple, entre 2013 et 2014, 39% des émissions ont été réalisées sans qu’aucun contrôle ne soit effectué par un organisme de certification indépendant. Il s’agit pourtant là d’une des principales garanties d’indépendance.

Un avenir prometteur

L’avenir des « Green bonds » doit certainement être considéré à la lumière d’un autre marché, celui des fonds ISR (Investissement Socialement Responsable). Ces fonds ont une politique de gestion qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental. En Europe, les investissements dans les actifs ISR ont augmenté de plus de 30% par an entre 2005 et 2013. Aujourd’hui, la principale difficulté des gérants est d’identifier les produits répondants aux critères établis dans leur politique d’investissement. Les « Green bonds » offrent une solution concrète à cette problématique. Pour preuve, les fonds ISR représentent déjà près de 60% des investissements dans les nouvelles émissions de « Green bonds ».

Mais l’avenir prometteur des Green bonds est avant tout lié à la tendance générale de transition écologique. L’agence internationale de l’énergie estime qu’il faudrait investir en moyenne près de 1.000 milliards de dollars par an jusqu’en 2050 pour tenir les objectifs fixés en 2010 lors de la conférence des Nations Unies de Cancun visant à limiter la hausse des températures moyennes de 2 degrés d’ici 2100. Si l’on compare ces données aux 35 milliards de Green bonds émis en 2014, nous pouvons constater que les perspectives de croissance sont au vert ! A n’en pas douter les grands acteurs des secteurs de l’énergie, de l’eau, des déchets et des infrastructures , vont occuper le devant de la scène avec de nouvelles émissions à la fois pour trouver de nouvelles sources de financement et faire évoluer leur stratégie de communication.

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