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La Gironde, symbole des incertitudes de la gauche aux élections départementales

Publié le 28 janvier 2015 par Delits

A gauche depuis 1976, à part un court intermède entre 1985 et 1988, le département de la Gironde vit, à l’approche des élections départementales de 2015, une situation politique inconnue pour lui depuis plusieurs dizaines d’années.

Philippe Madrelle, président du département de 1976 à 1985 et depuis 1988, a décidé de ne pas se représenter. La gauche, orpheline de son leader local, se présente à l’élection avec pour objectif de conserver la majorité départementale. Mais plusieurs inconnues menacent ses positions, des conséquences du nouveau mode de scrutin à la mobilisation de l’électorat de gauche en passant par le niveau de la mobilisation ou encore le score du Front National et sa capacité à se qualifier pour le second tour dans plusieurs cantons, voire à en remporter.

A un peu plus de deux mois des deux tours des élections départementales, l’incertitude sur le climat électoral au niveau national et en Gironde laisse entrevoir la possibilité pour la droite, conduite par Yves d’Amécourt, de remporter le Conseil général. Sur la base des résultats électoraux passés, voici une première grille de lecture de la situation politique. Ces éléments sont à analyser avec prudence, notamment en raison du contexte particulier de ce nouveau mode de scrutin et des principales inconnues du vote des 22 et 29 mars prochain.

Des cantons au résultat presque certain

La gauche comme la droite possèdent aujourd’hui dans le département des positions qui paraissent intouchables, et le redécoupage électoral a renforcé, par endroits, des situations quasi hégémoniques. Dans ces cantons, à moins d’une grosse surprise, les états-majors départementaux ont une vision assez claire de ce qui va se passer. Les cantons de Bordeaux-5, Cenon, Créon, Lormont, Pessac-1, Les Portes-du-Médoc et Villenave-d’Ornon devraient logiquement apporter à la gauche 7 des 17 cantons nécessaires à obtenir la majorité départementale. A droite, les cantons des quartiers les plus aisés de Bordeaux (Bordeaux-2 et Bordeaux-3), du Bouscat, et les trois cantons du bassin d’Arcachon (Andernos-les-Bains, Gujan-Mestras et La-Teste-de-Buch), voire dans une moindre mesure celui de Saint-Médard-en-Jalles, paraissent acquis. Des dissidences pourraient toutefois troubler le jeu dans ces fiefs : la liste définitive des candidats permettra certainement d’en savoir plus.

Des cantons sous la menace frontiste

Entre les élections européennes de 2009 et celles de 2014, le Front National a progressé de 18,5 points au niveau national : de 6,34% en 2009, il a en effet obtenu 24,89% il y a quelques mois. En Gironde, sur cette même période, il est passé de 5,15% à 21,48%. Compte tenu des règles de qualification pour le second tour des élections départementales, à savoir dépasser 12,5% des inscrits ou arriver dans les deux premiers, le Front National pourrait jouer les trouble-fête et qualifier certains de ses candidats pour le second tour. Or au regard des niveaux d’abstention attendus, dans la plupart des cantons, seuls les deux premiers seront en mesure de se qualifier : dans ce cas, le candidat de la gauche ou celui de la droite pourraient être éliminés dès le premier tour.

Dans les cantons du Nord-Médoc, du Nord-Libournais, du Nord-Gironde et de l’Estuaire, où le FN a dépassé 30% aux élections européennes, cette hypothèse est à prendre très au sérieux. Elle est également fortement possible dans les Coteaux de Dordogne, le Réolais et les Bastides et le Sud-Médoc. Dans ces sept cantons, les candidats de la gauche et de la droite gouvernementale devront faire le plein de voix dès le premier tour. La présence de candidats du Front de Gauche annoncée dans certains cantons pourrait mettre en difficulté la gauche. En revanche, la droite ayant fait une alliance large de l’UMP, de l’UDI, du Modem et de CPNT, elle pourrait partir, dans certains cantons, avec une longueur d’avance.

Une campagne qui s’annonce donc décisive

Entre ces sept cantons où la présence de la gauche et de la droite au second tour n’est pas assurée et les douze autres cantons où les derniers rapports de force observés incitent à la prudence, la campagne qui commence devrait être décisive.

Les récentes attaques terroristes survenues à Paris peuvent avoir également modifié les équilibres, un réflexe régalien pourrait par exemple conforter les positions de la gauche et faire baisser le Front National. Inversement la montée des problématiques sécuritaires et des thématiques religieuses pourrait favoriser ce dernier.

De même les résultats observés, notamment au sein de la Métropole de Bordeaux, lors des dernières élections municipales, démontrent que certaines situations qui paraissaient figées, sont en fait incertaines. Des villes de gauche, comme Pessac, Carbon-Blanc, Le Taillan, Saint-Jean-d’Illac , Saint-Médard par exemple, ont basculé à droite. Et de nombreux conseillers généraux ne se représentent pas, dans les deux camps, ajoutant une nouvelle part d’inconnue alors que la majorité des cantons sont des territoires nouveaux, et souvent beaucoup plus grands, pour les électeurs.

Les partis fourbissent aujourd’hui leurs armes et se préparent à une lutte acharnée. Quoi qu’il en soit, la situation du département de la Gironde, l’un des bastions de cette gauche des territoires qui avait fini par conquérir le Sénat en 2011, devrait se jouer dans les semaines de campagne qui arrivent. Bien malin celui qui pourrait donner le résultat du scrutin des 22 et 29 mars dès aujourd’hui. Pour la droite c’est une première victoire de pouvoir y croire. Pour la gauche, c’est une sérieuse inquiétude.


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