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ALZHEIMER: Les anticholinergiques sur la sellette – Jama Internal Medicine

Publié le 28 janvier 2015 par Santelog @santelog

Antihistaminiques, antidépresseurs, somnifères ou anxiolytiques, mais aussi traitement de l’incontinence par impériosité et de nombreux autres médicaments appartiennent à la famille des anticholinergiques. Ceux-là mêmes qui, selon cette large étude américaine, pourraient, à niveau élevé et pris à long terme, accroître le risque de développer une démence. Les conclusions présentées dans le Jama Internal Medicine et commentées par l’Alzheimer’s Society n’impliquent pas l’arrêt des traitements concernés sans l’avis du médecin traitant.

Le principe de l’anticholinergique est de s’opposer à l’action de l’acétylcholine, un neurotransmetteur. Or le rôle de l’acétylcholine est essentiel dans les systèmes nerveux central et périphérique, car il permet la transmission du flux nerveux entre les neurones et donc à la base des fonctions cognitives affectées lors du développement de la maladie d’Alzheimer. En France, plus de 300 médicaments présentent un effet anticholinergique.

Les chercheurs de l’Université de Washington ont mené une étude de cohorte prospective pour évaluer les effets de l’utilisation de médicaments à effets anticholinergiques sur le risque de démence ou de maladie d’Alzheimer. Les auteurs précisent que de très nombreux médicaments présentent ces effets et sont également fréquemment prescrits aux personnes âgées, comme en cas de traitement de vessie hyperactive. Ils estiment une prévalence d’usage chez le patient âgé comprise entre 8% et 37%. Enfin, certains de ces produits peuvent être achetés sans prescription, en  » OTC « .

L’équipe a suivi durant plus de 7 ans, 3.434 participants, âgés de plus de 65 ans, exempts de démence au départ de l’étude, relevé les données d’usage cumulatif de médicaments et de diagnostic de démence ou de maladie d’Alzheimer. Les médicaments à effet anticholinergique élevé ont été définis selon un rapport de consensus de l’US Geriatrics Society. Enfin, les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possible de risque de démence. L’analyse constate,

-   Sur l’utilisation des anticholinergiques : Les classes les plus couramment utilisées sur le long terme sont les antidépresseurs, les antihistaminiques et les médicaments de contrôle de la vessie.

-   Sur l’incidence de la démence : Au cours du suivi de 7 années, 23,2% des participants ont développé une démence dont à 80% la maladie d’Alzheimer.

-   Sur l’association anticholinergiques-démence :

Le risque de démence, dont de maladie d’Alzheimer est dose-dépendant par rapport à l’exposition cumulée aux anticholinergiques sur 10 ans. Plus cette exposition est élevée, plus l’est aussi le risque de démence. Ainsi, l’utilisation des anticholinergiques (vs pas d’exposition),

·   durant 1 à 90 jours, à aucune augmentation du risque (HR : 0,92),

·   durant 91 à 365 jours, à un risque accru de 19% de démence,

·   durant 1 à 3 ans, à un risque accru de 23%,

·   durant plus de 3 ans, à un risque accru de 54%.

C’est donc avec un niveau cumulé élevé, que le risque devient significatif.

Les auteurs appellent donc à sensibiliser les professionnels de la santé et les personnes âgées sur ce risque lié aux médicaments anticholinergiques. Cependant, soulignent les auteurs, il reste à voir si l’augmentation du risque de démence est  » inversée  » avec l’arrêt des traitements à effets anticholinergiques.

N.B. Certains auteurs ont déclaré leurs liens avec des laboratoires pharmaceutiques, dont Merck, Pfizer et Amgen.

Sources:JAMA Internal Medicine 26 January 2015 doi:10.1001/jamainternmed.2014.7663

Cumulative Use of Strong Anticholinergics and Incident Dementia. A Prospective Cohort Study Alzheimer’s Society 26 January 2015 Study suggests link between long-term use of anticholinergics and dementia risk. (Vignette NHS)


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