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nnord – Funeral

Publié le 29 janvier 2015 par Hartzine

Funeral. Comment un titre pourrait-il être plus figuratif dans sa concision et ses connotations ? Winter Sessions et Orbital, les deux premiers EP de nnord sortis au printemps chez Winter Alternative Records, annonçaient déjà un positionnement dans le sémantique brut de décoffrage. Facile, honnête, efficace… Mais sans vraie surprise, car on n’est pas vraiment ébaubi, en lançant la lecture d’un album intitulé Orbital, de baigner jusqu’à l’apnée dans une musique spatiale à la solide ascendance 80’s. Les boucles synthétiques et les modulations presque scénaristiques de la structure musicale ont tendance à transformer les productions en bandes originales de film SF et on se sent rapidement en terrain familier, dans un contexte sonore hérité des Carpenter, Howarth et autres Morricone.

Funeral ne déroge pas à la règle, et quelque part c’est dommage. Ou on peut se rappeler que l’intérêt d’une approche aussi littérale d’un univers musical hyper connoté peut aussi se trouver dans la liberté qu’on gagne à ne pas lui faire d’infidélité et à lui vouer une affection complaisante. Le figuratif est omniprésent et très numérique, se partage entre sons de cloche traînants et orgues synthétiques et saturés, portés par quelque vent virtuel distillant un froid sépulcral. Entre drone et bande originale, le morceau, divisé en cinq actes, prend la forme d’une mise en scène cinématographique dont certains passages confinent à l’étouffement, appuyés par une pesanteur sonore écrasante qui se désintègre au bout d’un très long moment en une libération mélodique salvatrice. C’est païen, mortuaire, presque rituel.

Le déroulement de la pentalogie, soudée par des transitions trop abruptes ou discrètes pour en extraire une progression assumée, séduit par sa lenteur sourde et sa fausse arythmie. C’est un morne cortège à la cadence capricieuse, un ossuaire de plages synthétiques démembrées en quête d’une cohérence eucharistique, qui se traduit ici par des accords lugubres que n’aurait pas négligés Richard Donner, ou là par des tierces puissantes, comme surgies de catacombes labyrinthiques. La construction pourrait être plus riche et la chute brutale et injustifiée à la fin du cinquième volet laisse sceptique comme une mort façon Cotillard, mais l’ensemble de l’album est sauvé des limbes par sa sincérité et une recherche esthétique dont on a l’intuition qu’elle pourrait devenir une vraie signature.

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