Magazine Société

Sha`arawi ou l'exemple égyptien de la femme en résistance

Publié le 04 février 2015 par Micheltabanou

Comment après l'assassinat odieux de Shaima al-Sabbagh ne pas évoquer en hommage le chemin ouvert par le combat de pionnière dans le monde arabophone-musulman de la résistante égyptienne: Sha`arawi. Initiatrice d'une libération et du refus de l'outrage à l'égalité. 

Née dans une famille aisée elle était la fille du premier président du Conseil représentatif égyptienne. Sha`arawi a passé son enfance et l'âge adulte isolée dans un Harem égyptien de classe supérieure. À l'âge de treize ans, elle a été mariée à son cousin Ali Pacha Sha`arawi. Elle a appris à lire le Coran et a poursuivi des études  en arabe et turc sur des sujets islamiques.  Sha`arawi écrivait également de la poésie en arabe et en français. Elle fit le récit de son enfance et des années de construction dans ses mémoires, "Years Harem"  ou en français "Les Mémoires d'une féministe égyptienne, 1879 1924".
Dans sa jeunesse, au tout début du XXe siècle les femmes en Egypte ont été confinées à la maison ou plus sinistrement au harem. En public, les femmes étaient censées faire preuve de modestie en portant le hijab sur leur cheveux en masquant le visage. Sha`arawi ressenti violemment ces restrictions vestimentaires et commença à organiser des conférences pour les femmes pour éveiller leurs consciences. Ces conférences eurent pour effet de faire sortir hors de leurs maisons et dans les lieux publics pour la première fois les femmes habituellement recluses ou exclues de la vie sociale. Sha`arawi réussi même à les convaincre de pour l'aider à fonder la "société de bien-être des femmes"  en collectant des fonds pour les femmes les plus pauvres d'Egypte. En 1910, Sha`arawi elle ouvre une école pour filles où elle se concentrant sur l'enseignement de matières purement scolaires et non plus sur l'enseignement de compétences pratiques attachées à leur condition telles que sage-femme ou couturières...
Après la Première Guerre mondiale, de nombreuses femmes ont pris part à des actions politiques contre la domination coloniale des britanniques. A partir de1919 elle multiplie ses efforts  à chacune des manifestations et au mépris des ordres britanniques de se disperser, les femmes restaient encore pendant des heures dans la chaleur du soleil avant de ses disperser.
Sha`arawi pris la décision de cesser de porter son voile en public après la mort de son mari en 1922. Sa décision de se dévoiler répondait à don adhésion à un courant féministe influencé par la féministe française née en Égypte, Eugénie Le Brun. En 1923 elle fonde et devient la première présidente de l'Union féministe égyptienne. De retour du Congrès de l'International Woman Suffrage Alliance à Rome ou ayant retiré le voile couvrant son visage en public pour la première fois, elle donne un puissant signal dans l'histoire du féminisme égyptien. Les femmes venues la saluer ont été d'abord été choquées, et ont finalement rompu la soumission à une tradition obscurantiste et absurde en l'applaudissant et en imitant son geste. 
En tant que femme, elle a montré au quotidien son désir d'indépendance jusqu'au plus banal des actes de la vie - impensable auparavant - comme celui d'entrer dans un grand magasin d'Alexandrie pour y acheter seule ses propres vêtements...
En 1924 elle organise des manifestations pacifiques sous la forme de piquets de grève devant le Parlement pour présenter une liste de revendications nationalistes et féministes, bien entendues ignorées par le gouvernement. Elle a continué à diriger l'Union féministe égyptienne jusqu'à sa mort, en publiant le magazine féministe l'Egyptienne, en représentant l'Egypte aux congrès féministes à Graz, Paris, Amsterdam, Berlin, Marseille, Istanbul, Bruxelles, Budapest, Copenhague, Interlaken, et Genève. Elle a préconisé la paix et reste aujourd'hui encore le porte-étendard symbolique du mouvement de libération des femmes. Une pionnière qui a révélé aux femmes que leur condition pouvait évoluer, qu'elles pouvaient obtenir des droits et surtout que la reconnaissance d'une égalité était possible. Surtout son esprit de résistance est remarquable et démontre que les femmes dès qu'elles peuvent se soustraire au poids des siècles de "tradition" ne peuvent plus supporter celui si léger soit-il d'un petit bout de tissus comme aiment à le représenter cyniquement les pourfendeurs de la liberté de conscience. 

Sha`arawi ou l'exemple égyptien de la femme en résistance

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Micheltabanou 5858 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine