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La Serbie et la Croatie n’ont pas commis de génocide

Publié le 04 février 2015 par Plusnet
La Serbie et la Croatie n’ont pas commis de génocide Ni les Serbes ni les Croates n’ont commis de génocide pendant le conflit qui les a opposés de 1991 à 1995, a jugé mardi la Cour internationale de Justice, appelant les deux pays à coopérer pour la paix et la stabilité dans les Balkans.
Mais si Belgrade a réagi en appelant à une « paix durable » entre les deux pays, Zagreb a avant tout fait part de son mécontentement quant à une décision qu’il accepte néanmoins.
« Le génocide présuppose l’intention de détruire un groupe », a souligné le président de la CIJ, Peter Tomka, au cours d’une audience publique à La Haye, où siège l’organe judiciaire le plus élevé de l’ONU. Or, a-t-il soutenu, si les deux parties ont bel et bien commis des crimes, l’intention de détruire l’autre groupe ethnique n’a pas été prouvée. Les faits semblent plutôt indiquer une intention de déplacer par la force, selon lui.
M. Tomka a notamment évoqué certains des épisodes les plus sombres de la guerre de Croatie, dont le siège de Vukovar au cours duquel 1600 personnes, dont 1100 civils, ont été tuées par les forces serbes.
La proclamation d’indépendance de la Croatie (ex-Yougoslavie) en 1991, a été suivie d’une guerre entre les forces croates et des sécessionnistes serbes soutenus par Belgrade. Ces derniers souhaitaient intégrer un État serbe ethniquement pur rassemblant tous les Serbes de l’ex-Yougoslavie. Le conflit serbo-croate, l’un des nombreux conflits provoqués par l’éclatement de la Yougoslavie pendant la dernière décennie du XXe siècle, a fait environ 20 000 morts.
Les plaintes croates et serbes devant la CIJ datent de 1999 et 2010, respectivement.
Vivre ensemble
À Zagreb, le premier ministre croate Zoran Milanovic a soutenu : « Nous sommes mécontents de la décision de la Cour, mais nous l’acceptons d’une manière civilisée. »
Son ministre de la Justice, Orsat Miljenic, a pour sa part déclaré à La Haye : « Nos relations [avec la Serbie] ne sont pas différentes, je ne vois pas cela [le jugement] comme un moment décisif. »
À Belgrade, le président serbe Tomislav Nikolic a de son côté appelé à une paix durable alors que les relations entre les deux pays se sont réchauffées dernièrement. « J’espère qu’à l’avenir la Serbie et la Croatie auront la force de régler en commun tout ce qui entrave la possibilité d’instaurer une période de paix durable et de prospérité dans notre région », a-t-il déclaré à la presse.
Le ministre serbe de la Justice Nikola Selkovic a assuré à La Haye : « nous devons vivre l’un avec l’autre. Demain, nous serons peut-être ensemble dans l’Union européenne.
Les juges ont d’ailleurs appelé les deux pays à s’asseoir à la même table et à assumer leurs responsabilités, notamment à par égard pour les victimes de la guerre. « La Cour engage les parties à poursuivre leur coopération en vue d’offrir aux victimes de telles violations les réparations appropriées, et de consolider ainsi la paix et la stabilité dans la région », a dit M. Tomka.
Plainte et contre-plainte
La Croatie avait saisi la CIJ en 1999, demandant aux juges d’établir que la Serbie avait commis un génocide « par le déplacement, le meurtre, la torture ou la détention illégale d’un grand nombre de Croates ».
Mais la Serbie a répliqué en 2010 par une plainte dans la même affaire, accusant Zagreb de génocide pour l’opération militaire croate ayant mis un terme à la guerre en 1995.
Pour rejeter les accusations croisées, les juges se sont notamment appuyés sur les poursuites engagées, principalement contre des Serbes, par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Ils ont souligné que si des poursuites pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre avaient été engagées, aucun individu, pas même l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, n’avait été poursuivi pour génocide sur le territoire croate.
Depuis son entrée en fonction en 1946, la CIJ, qui juge les différends entre États, n’a reconnu qu’un seul génocide, celui de Srebrenica dans l’est de la Bosnie. Près de 8000 hommes et garçons musulmans y avaient été tués par les troupes des Serbes de Bosnie en juillet 1995. Le génocide est le crime le plus grave en droit pénal international.
Source : LeDevoir

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