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Boualem Sansal: « la France doit se réveiller »

Publié le 04 février 2015 par Micheltabanou

Dans un entretien accordé au Progrès, l'écrivain algérien revient sur les attentats de Paris et tente d'en analyser les conséquences pour la France. Boualem Sansal , qui vit en Algérie, sera présent à Lyon ce mercredi pour participer à un débat exceptionnel au théâtre de la Croix-Rousse, organisé avec la Villa Gillet et l'opéra de Lyon (*). Grand Prix de la francophonie de l'Académie française, cet esprit libre est l'auteur d'une dizaine de romans et d'essais, dont le dernier, Gouverner au nom d'Allah : islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe a été publié en 2013 chez Gallimard.

> Avez-vous été surpris par les attentats de Paris ?
Tout laissait penser qu'un événement très grave allait se produire en France. Le djihadisme s'installe partout dans le monde. Tôt ou tard, il frappera ici ou là...

> Pourquoi l'islamisme séduit-il autant une partie de la jeunesse ?
Je ne crois pas aux explications de ceux qui mettent en avant la misère sociale, comme terreau premier du djihadisme . Il existe un projet politique dans le monde pour propager l'islamisme et porter le djihad d'abord en terre musulmane, puis ailleurs, en terre chrétienne notamment. C'est une bataille romantique et mystique pour Allah qui rappelle les croisades. S'ajoute à cela le travail des propagandistes, qui sont de vrais professionnels. Eux, jouent sur le chômage, en le présentant comme une injustice faite à l'égard de ceux qui sont musulmans. On leur martèle en substance : " Ils ont exploité vos parents ; maintenant, c'est votre tour ".

> Et doit-on aussi critiquer l'islam ?
Absolument. Il faut tout mettre sur la table. Le Coran " légalise " des inégalités fondamentales : la femme est vue comme inférieure à l'homme. Offrir 70 vierges à un homme après sa mort, cela veut-il dire que le Paradis est sexiste ?
[...]

> Vous rappelez dans votre essai "Gouverner au nom d'Allah... " , la fameuse phrase d'Albert Camus : " Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde ". Certains reprochent parfois aux médias de parler de " terroristes islamistes " - ce qui " stigmatiserait " la population musulmane - plutôt que de " terroristes ". Quelle formule a votre préférence?
Ces arguties sont terrifiantes. " Terroriste " tout seul, ça ne veut rien dire. Eux-mêmes revendiquent leur islamité - mais récusent le terme de "terroristes". Ils se considèrent comme d'authentiques musulmans. Il faut appeler un chat un chat, et donc, un "terroriste islamiste", un "terroriste islamiste". En même temps, quand il s'agit de débattre de ces sujets, gardons-nous de brusquer, de chercher à humilier et laissons nos "armes" aux vestiaires. C'est la moindre des choses !

> Les attentats de Paris posent une autre question : si l'Eglise a fait, avec le concile Vatican II, un gros examen de conscience sur son antisémitisme, il ne semble pas que ce soit le cas dans tout l'islam...
Il y a eu des tentatives entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle pour inventer un islam des Lumières. Aujourd'hui, des personnes comme Abdennour Bidar et Malek Chebel incarnent cette voie en France. Mais ce n'est plus le sujet. L'islam n'étant pas organisé, il est vain de parler de cela. L'enjeu, c'est de passer à la sécularisation de l'islam, autrement dit, de séparer l'Etat et la religion. Il existe une multiplicité de croyances et de non-croyances . Les musulmans doivent tous accepter la laïcité.


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