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Kouros d'Yves Saint Laurent : charnel et viril (pour qui sait l'apprivoiser)

Publié le 22 novembre 2014 par Papillondessenteurs @Papillondessent
Kouros d'Yves Saint Laurent : charnel et viril (pour qui sait l'apprivoiser)

Je vous avais déjà conté avec émotion mon histoire d'amour infinie avec Body Kouros

Malheureusement depuis, YSL a jugé bon de lui faire subir un lifting forcé qui, sans le rendre forcément déplaisant, lui a "juste" ôté son caractère, ces facettes tonka peut-être segmentantes mais qui représentaient un réel parti pris créatif et conféraient à ceux ou celles qui le portaient, une personnalité olfactive bien définie et inoubliable.

Je suis la première à le regretter amèrement, je l'ai bien entendu dit en parfumeries, sur les sites communautaires et j'ai même écrit à de multiples reprises à la marque pour leur faire part de mon mécontentement mais je n'ai eu aucune réponse (bravo le service clients chez L'Oréal, mais cela ne m'étonne que peu).

Donc comme pour oublier mon chagrin, aujourd'hui je vais évoquer le pouvoir d'attraction et parfois de répulsion de Kouros, grand frère émérite de Body Kouros (jusque là rien de bien compliqué), qui survit pour le moment sur ce marché fort complexe (je l'espère pour longtemps) malgré des modifications de formule.

Ma première vraie rencontre avec Kouros se déroula à cette même époque, période dorée durant laquelle je gagnais en confiance en moi et donc en pouvoir de séduction ; en parallèle je développais ma connaissance de la parfumerie, domaine qui m'avait toujours fait rêver.

Je connaissais Kouros de nom et surtout grâce à sa publicité ornée d'un bel homme musclé qui sortait de l'eau (découpée dans des magazines alors que j'étais adolescente), mais je ne l'avais jamais senti (ou alors sans savoir que c'était lui).

Ainsi, au début de ma relation avec mon ex compagnon, nous parlions de ses parfums préférés car son anniversaire approchait et je cherchais désespérément des idées de cadeaux.

Alors il m'avait expliqué qu'il en était venu à Body Kouros car sa mère, sportive émérite, adorait porter Kouros d'Yves Saint Laurent (flacon blanc, lancé en 1981). Pratiquement toute la famille semblait a priori avoir porté ce jus un jour ou l'autre (dont Lui et son frère), puis il avait fini par découvrir et adopter cette déclinaison de Kouros, Body Kouros, dont le jus conservait le squelette de l'original en l'habillant de baumes onctueux et sensuels.

Suite à ces révélations, j'étais allée aux Galeries Lafayette, la boutique la plus pratique pour moi à l'époque et j'avais l'intention de sentir Body Kouros et d'estimer le budget de ce cadeau si je m'orientais vers cela. Toujours sous le charme de ce jus addictif, j'avais aussi retesté le Mâle, son autre parfum fétiche. Puis je revins à BK et mon regard se posa sur Kouros, le flacon blanc donc.

Je fus alors prise d'une envie irrépressible de le découvrir, ce que je fis dans la seconde qui suivit. A peine vaporisé sur touche, alors que je n'avais aucune espèce d'idée de l'histoire reliée à ce parfum, j'ai eu un mouvement d'attraction-répulsion immédiat. En effet, la tête est très fraîche, digne des fougères classiques lancées fin des années 70 - début des 80's (comme Azzaro pour Homme par exemple) : de la bergamote, des notes de lavande, de géranium et de romarin dignes des savons à barbe à l'ancienne, quelques inflexions aromatiques mutines qui me rappellent le laurier et la sauge à l'odeur si caractéristique (pour certains, cela évoque l'urine ou la sueur), des épices toniques comme la coriandre ou le clou de girofle. Puis le cœur devient furieusement ambivalent, à la fois raffiné (notes jasminées indolées et rosées-oeillet) et se transforme pour donner un fond ... sexuel ! En effet, il s'habille (pour mieux dénuder et se dévoiler) d'épices plus chaudes comme la cannelle, de vétiver sensuel, de patchouli et surtout de mousse de chêne et de cuir pour un rendu chypré des plus subversifs. C'est véritablement cela, le plus déroutant voire dérangeant dans ce jus, quand on est habitué à considérer le parfum comme un sent-bon : des notes musquées animales qui vibrent et titillent le nez pendant des heures, avec une diffusion puissante, ainsi qu'une facette qui n'est pas sans me rappeler l'ambre gris. Des notes politiquement incorrectes en somme !

On a véritablement l'image d'un homme séducteur, qui prend soin de lui notamment pour attirer les femmes dans son lit. Pendant les semaines qui ont suivi, je suis revenue à Body Kouros très fréquemment (je vaporisais une touche que je gardais dans mon agenda pour les jours gris) et j'ai appris à apprivoiser Kouros, cette belle bête qui me perturbait car elle me rappelait ma relation avec un autre ex petit-ami aussi subversif que ce jus !

J'ai fini par l'apprécier franchement ce parfum, puis je me suis séparée de celui qui me l'a fait découvrir, mais Kouros est revenu dans ma vie quelques années plus tard, lors de mon expérience professionnelle parisienne dans le monde de la parfumerie. Nous avions en ce temps, une honorable collection de parfums plus ou moins vintage, dont de multiples masculins. Alors que je les sentais tous pour me les approprier et me familiariser davantage avec les parfums dits "pour homme", je suis tombée sur Kouros et ses flankers Cologne Sport et Eau d'été. Je les ai tous décortiqués et Kouros est revenu à moi telle une madeleine olfactive, mais aussi un philtre capable de me faire rougir.

Dans les versions fraîches, si je me souviens bien, les notes hespéridées étaient en surnombre et la sauge ressemblait à l'herbe froissée que je cueillais dans mon jardin d'enfance. Mais c'était la version originelle qui m'attirait le plus, sans que je l'admette réellement à cette époque.

Ainsi, le temps passa et je profitais souvent de mes visites en parfumeries pour re-sentir Kouros. Je ne me suis pourtant décidée à l'acquérir que très récemment, c'est certainement dû à la sagesse de la trentaine pointant le bout de son nez. Il m'est assez difficile de le porter la journée pour aller travailler, je n'arrive pas encore à l'assumer à ce point, mais j'avoue le porter souvent à la maison, par exemple le soir avant d'aller dormir, car il m'apaise (autant qu'il m'intrigue).

J'ai aussi appris, après avoir fait la paix avec mon passé, que mon ex beau-frère portait toujours Kouros et cela m'a fait sourire ; ainsi, je suis aujourd'hui sereine avec ce parfum à tout niveau.

Finalement, maintenant que j'ai réussi à percer le secret de ce jus, je trouve qu'il le porte très bien, il lui colle à la peau pour ainsi dire.

En effet, je me rends compte à présent qu'il a toujours eu cette fraîcheur et cette facette masculine authentique et rassurante (qui correspond à l'aspect savonneux du parfum) mais il exhale aussi un caractère affirmé, un mystère et un charme viril, très latins, qui lui permettent de séduire sans trop d'efforts toutes sortes de femmes (aspect animal pour ne pas dire fauve de la fragrance). Bon vivant, il aime plaire et profiter des plaisirs de l'existence.

Il est un kouros à sa manière et si je l'ai fui pendant un temps, à présent je suis ravie que nous ayons réinventé ensemble un lien neuf. Ce parfum est donc un point d'affinité, une sorte de passerelle qui nous unit.

En conclusion, après des débuts difficiles, Kouros est à présent l'un de mes parfums préférés. Reconnaissable entre mille, il est pour moi tel le croisement d'autres madeleines olfactives comme Azzaro pour Homme, Musc Koublaï Khän de Lutens et Ambre Gris de Balmain.

Je rêve d'un retour à une parfumerie aussi audacieuse, qui révèlerait sans facilité nos secrets intimes, nos nuances (de gris ou de Grey) et nos contradictions.

S'il est un parfum qu'il faut offrir cette année pour célébrer l'amour et le désir, c'est pour moi celui ci. C'est bien dommage que mon amour ne se voit pas le porter, mais rien n'est plus personnel que le parfum ...


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