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La bataille de Montélimar – Un douloureux souvenir – partie 2

Par Lemontilien @Leblogmontilien

Date 21 août 1944

Lieu Montélimar et Vallée du Rhône

Issue victoire alliée tactique et stratégique Belligérants
  • États-Unis
  • Forces françaises de l’Intérieur
  • Allemagne

Commandants :

  • Henri Faure
  • Frederick Butler
  • Friedrich Wiese

Les hommes :

~5 000 Américains
~3 000 FFI

~2 500 morts
3 000 prisonniers

La bataille de Montélimar – Un douloureux souvenir – partie 2

© archives.ladrome.fr

Le 17, après un ordre d’Hitler de faire retraite vers le nord4, c’est le début du repli pour l’armée allemande. Mais faute d’endroit où passer, ses véhicules s’amoncellent entre Livron et Montélimar, et les Allemands sont contraints de livrer bataille. Ils doivent affronter les 5 000 hommes de la Task Force Butler5, avant-garde de la 36e DI US et 2 000 maquisards, appuyés par une forte aviation. Les éléments américains, après être passés par Sisteron, se sont rabattus le 21 dans la vallée du Rhône, au nord de Montélimar, vers Marsanne.

Les Allemands occupent des positions à l’est de Montélimar, route de Dieulefit. Entre le 26 et le 28, le général Kniess soutient les attaques contre la 36e dans le secteur du Roubion, Drôme et les collines entre deux. Les Allemands continuent de faire mouvement vers le nord4.

La 3e division américaine arrive du sud et occupe Montélimar. Le pont de pierre de Montélimar est miné et détruit à 11h par les Allemands. Dans la nuit du 28 au 29, la 198e division de réserve, qui a été défaite en Normandie et déplacée en Provence, tente de reprendre la route vers le nord. Mais ses forces ont été divisées en trois groupes, qui sont soumis à de violentes attaques, et finalement faits prisonniers. Le général Richter, de la 716e division d’infanterie allemande, est notamment capturé avec 1 200 hommes par le 141e régiment d’infanterie américain4.

Les FFI rentrent dans la ville par l’est, et prennent position près de Loriol, coupant la Nationale 7 (et la retraite des forces allemandes)4.

La 11e Panzerdivision mène un combat d’arrière-garde, tâchant de permettre à un maximum de troupes allemandes de s’échapper de la nasse.

« la 11éme Panzer division a du mal à franchir le Rhône suite à la destruction des ponts. Elle reçoit l’ordre de rester dans la vallée du Rhône pour couvrir la retraite de L’A.O.K 19, et de tenir Avignon jusqu’au 23 août.

Ceci afin de permettre l’évacuation des troupes présentes dans le Sud-Ouest de la France. L’évacuation générale est devenue une réalité ! »

— 17 août 1944 : Histoire de la 11e panzer6

« 29 août 1944 : Se termine la bataille de Montélimar dans le sillage du Panther 102 en route pour Lyon. La 11e Panzer Division a maintenu ouvert le couloir de la retraite conformément aux ordres. »

But de la bataille :

LE BUT STRATÉGIQUE DES ALLIÉS

Le but stratégique de l’opération Anvil-Dragoon, le débarquement de Provence, décalée de dix semaines de l’opération Overlord, est de créer la deuxième mâchoire de l’étau dans lequel les Alliés veulent broyer les forces allemandes de l’intérieur de la France. Du point de vue français, elle va permettre à une armée reconstituée, avec le renfort de la Résistance, de redonner à la France une place digne d’elle dans le concert des Nations unies.

La bataille de Montélimar – Un douloureux souvenir – partie 2

Le 15 août 1944, la 7th US Army du général Patch, comprenant le 6e corps d’armée états-uniens (6th USAC) de Truscott et le détachement d’armée B de De Lattre de Tassigny, prend pied sur la côte provençale entre Hyères et Cannes, sans que la 19e armée allemande du General der Infanterie Wiese puisse l’en empêcher. Le 16, le succès du débarquement est définitivement acquis et le général Patch décide de passer à l’exploitation.

L’EXPLOITATION DU DÉBARQUEMENT DE PROVENCE

L’exploitation va se dérouler en trois étapes jusqu’à la jonction (en Bourgogne) entre les forces d’Overlord et celles de Dragoon. Au cours de la première – jusqu’au 30 août, tandis que le détachement d’armée B réduit Toulon et Marseille, le 6e corps états-unien cherche à couper la retraite de l’ennemi vers le nord ; cette étape est marquée par une bataille que les Américains ont nommé « la bataille de Montélimar » au cours de laquelle ils vont être aidés par les FFI de la Drôme.

Déjà, dans la nuit du 16 au 17 août, une vingtaine de maquisards commandée par le capitaine Henri Faure détruisent le pont routier de la nationale 7 sur la rivière Drôme à Livron. Cette action ponctuelle, exécutée avec une totale maîtrise, va entraîner des conséquences très graves pour les colonnes allemandes qui vont s’entasser sur la coupure en un gigantesque embouteillage.

La bataille se déroule en trois phases :

  • la rencontre des adversaires et la fermeture d’un chaudron, du 21 au 24 août ;
  • le choc suivi de la percée allemande, les 25 et 26 août ;
  • le matraquage des colonnes et des éléments retardateurs allemands par les bombardements de l’artillerie et de l’aviation, du 27 au 30 août.

DES PERTES ÉLEVÉES

Pendant la bataille de Montélimar les Allemands perdent plus de 1 200 hommes. Le rapport d’opérations de la 7th US Army en dénombre 246, soit cinq fois moins que le nombre des pertes humaines allemandes. Les FFI drômois comptent 67 tués au combat.

Le rapport de la 7th US Army décompte ainsi les pertes de l’AOK 19: 1.500 chevaux tués 2.500 véhicules détruits ou inutilisables, l’artillerie de presque deux divisions démolie et 6 canons lourds sur voie ferrée saisis.

Dans son bilan, l’aviation du XII Tactical Air Command fait apparaître les destructions de 1.402 véhicules, 30 locomotives et 263 wagons.

Côté allemand, par Tagesmeldung vom 31.8.44 (compte-rendu journalier) de la 19e armée le General der Infanterie Wiese rend compte que La Panzer-Division 11 a détruit voire capturé : 36 chars, 9 chars de reconnaissance, 12 pièces d’artillerie et 12 avions.

Bilan

Seules des troupes à pied peuvent fuir vers le nord. Ce sont 3 500 véhicules abandonnés, 2 500 morts et 3 000 prisonniers7 au total. Le général américain Lucian Truscott, commandant le VIe corps d’armée US, écrit dans ses Mémoires, « de Montélimar à Livron, routes et voies ferrées étaient jonchées d’épaves de chars, de canons, de véhicules de toutes sortes. Des centaines de cadavres d’hommes et de chevaux couvraient la plaine ».

La retraite allemande se transforme en déroute.

Un livre pour en savoir plus :

 La bataille de Montélimar – Un douloureux souvenir – partie 2

La Drôme dans la guerre la bataille de Montélimar

Biographie de l’auteur

Pierre Balliot est un ancien enfant de troupe éduqué à Tulle. Formé à l’Ecole militaire interarmes (EMIA) de Saint-Cyr, puis à Fort Bliss, au Texas, il a servi en Algérie et en Allemagne au sein de plusieurs unités d’artillerie, avant d’occuper différents postes dans des états-majors en France. Après avoir commandé le 402e régiment d’artillerie, doté de missiles sol-air Hawk, à Châlons-en-Champagne, le colonel Balliot a quitté l’armée en 1985 pour créer une agence d’affichage publicitaire. Chercheur en histoire, il a participé à l’élaboration du DVD-ROM La Résistance dans la Drôme et le Vercors, au sein de l’Association pour les études sur la Résistance intérieure (AERI), en 2007, et a apporté sa contribution à la connaissance de la position des militaires drômois lors du colloque international  » Les militaires dans la Résistance en Ain-Dauphiné-Savoie « , tenu à Grenoble en 2008. Enfin, il a présenté la bataille de Montélimar auprès de l’équipe drômoise engagée dans l’édification du Musée virtuel sur la Résistance en France, accessible sur Internet depuis 2010.

Notes :

Task force :

Une force opérationnelle, appelée task force en anglais, est une forme d’organisation temporaire créée pour exécuter une tâche ou activité donnée. Initialement créée dans la marine de guerre des États-Unis, le concept a fait florès et est à présent utilisé dans beaucoup d’organisations, telles des entreprises, qui créent des forces opérationnelles pour exécuter des missions temporaires.

Les Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont le résultat de la fusion, au 1er février 1944, des principaux groupements militaires de la Résistance intérieure française qui s’étaient constitués dans la France occupée : l’Armée secrète (AS, gaulliste, regroupant Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur), l’Organisation de résistance de l’armée (ORA, giraudiste), les Francs-tireurs et partisans (FTP, communistes), etc.

La route Napoléon :

La route nationale 85, (RN 85), ou route Napoléon est une route nationale française reliant Bourgoin-Jallieu à Golfe-Juan sur la Côte d’Azur.
Entre Grenoble et Vallauris, elle suit une partie du trajet qu’emprunta Napoléon Ier à son retour de l’île d’Elbe, au début des Cent-Jours.

La 19e armée :

La 19e armée (en allemand: 19. Armee) était une armée (regroupement d’unités) de l’Armée de terre allemande (Heer) au sein de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Mont%C3%A9limar


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