Magazine Cinéma

Un beau dimanche - 3/10

Par Aelezig

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Un film de Nicole Garcia (2014 - France) avec Pierre Rochefort, Louise Bourgoin

Maman filme son fiston.

L'histoire : Baptiste est instituteur suppléant et ça lui plaît de changer de ville régulièrement. Solitaire, doux, taiseux. Un soir il raccompagne chez lui un petit élève que les parents, divorcés, semblent avoir oublié, chacun comptant sur l'autre... Le papa ne semble guère heureux d'apprendre que c'était "son week-end", il avait des choses de prévues, et lorsque Baptiste propose de garder le petit, il accepte avec soulagement. Et le gamin, du coup, veut aller voir sa maman, qui bosse comme serveuse dans un restaurant de bord de mer. Baptiste découvre une jeune femme bien paumée. Un peu comme lui en fait...

Mon avis : Je n'aime pas les films de Nicole Garcia. Je les trouve toujours froids, lents, sans passion, avec des personnages mornes et énervants, et des rôles secondaires transparents. Je ne voulais donc pas voir celui-là, ras-le-bol, mais mon chéri, qui est encore plus cinéphage que moi, veut toujours TOUT voir, y compris des trucs improbables... Or, Nicole Garcia n'est pas quelqu'un d'improbable. Il fallait donc voir cette oeuvre ! Et tant mieux pour lui, il a trouvé ça pas mal.

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Pas moi. Je ne dirais pas que c'est nul, c'est bien filmé (quoique je ne sois pas particulièrement fan de la caméra à l'épaule, surtout dans les films intimistes) et il y a une histoire, même si elle n'est guère originale. On sent qu'il y a la patte d'un artiste ; après, on aime ou on n'aime pas.

Je déteste les "tranches de vie", les petits moments du quotidien, ce qu'on vit tous plus ou moins chaque jour. Je l'ai dit mille fois sur ce blog, le cinéma doit m'emporter ailleurs. Dans une autre vie, dans un autre siècle, dans un autre espace, voire dans les méandres de mon cerveau, quand c'est compliqué. Mais ces gens qui vont et viennent, qui mettent le couvert, qui boivent des coups dans les cafés, qui vont à la plage... ça m'endort.

Et puis tout ça est très convenu... Peut-être Garcia aurait-elle dû éviter la scène d'ouverture, prégénérique. On voit des SDF se faire virer d'un squat. Donc on sait déjà que le héros est un pauvre gars traumatisé par quelque chose. On devine très vite le reste, par toutes sortes de détails... gros comme des maisons. Alors la scène chez la mère (petite apparition de Dominique Sanda), ça m'a même fait rigoler ! Du drame bourgeois de base à la Chabrol, sans sa noirceur. A aucun moment, la destinée de ces deux "marginaux" ne m'a émue.

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Ceci étant exposé, j'ai été par contre été amusée par la tendresse infinie de la caméra envers Pierre Rochefort, enveloppé d'une aura de douceur. Voilà une maman amoureuse de son fils ! Et c'est mignon. Le garçon ressemble à son papa (la bouche), c'est rigolo. Mais tout cet amour décrédibilise un peu le personnage... Trop doux, trop mimi, malgré tous ses "malheurs"...

Quant à Louise Bourgoin, alors là, je vais encore faire ma méchante. Je n'aime pas cette actrice. Je ne lui trouve aucun charme, elle est raide comme un piquet, elle joue mal (elle fait toujours la même tête), elle articule mal (je ne comprends rien à ce qu'elle raconte...). La météo n'est pas une très bonne école de théâtre.

Et puis, j'ai été gênée par la façon dont le petit garçon est traité ; comme un accessoire. Personne ne s'occupe vraiment de lui. On sait (à la fin) que sa mère et son nouvel amoureux vont désormais le prendre en charge, mais on a des doutes... vu que pendant tout le film, c'est un peu la dernière roue du carrosse. Ce qui est contradictoire avec le début, où l'on voit un Baptiste vraiment attentionné.

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Voyons voir ce que disaient les critiques. Elles sont bonnes, généralement. Normal, elle a le "ticket", c'est sûr. On ne dit jamais du mal de Nicole Garcia. Pas bien. "Elle [Nicole Garcia] est en empathie avec ses personnages à la sensibilité exacerbée et les suit au plus près. Rendant palpables leurs blessures et leurs espoirs, délicatement, sans tomber dans le pathos." (Le Figaroscope) ; "Écrit avec Jacques Fieschi, ce film aurait dû nous déplaire, trop de plans, trop de caméra portée, trop d’intrigue familiale, trop de ce qu’on n’aime pas en général. Pourtant, toutes ces prévenances se sont muées en vertus. On est ressorti de la salle ému et comblé. Et si Nicole Garcia avait donné là son meilleur film ?" (L'Humanité) ; "Epurée mais généreuse, sa mise en scène renoue avec le souffle simple et délicat de ses premiers longs-métrages, "Un week-end sur deux" et "le Fils préféré". La révélation du film reste Pierre Rochefort, son fils : il y est bouleversant." (TéléCinéObs).

Il faut vraiment creuser pour trouver des gens qui n'aiment pas : "Chaque scène du film est à l’image de son titre : engoncée dans des formules un peu creuses qui voudraient pourtant révéler la part sombre des êtres." (Critikat).

Ce n'est pas du mauvais cinéma, loin de là, c'est surtout une affaire de goût. Et moi, comme vous le savez, le roudoudou-ciel-mon-passé-me-hante, ça me gonfle vite ; je suis trop passionnelle ; la demi-mesure m'ennuie profondément.

Les internautes semblent davantage me rejoindre. Ils sont beaucoup moins emballés que les professionnels, ils parlent de clichés, de creux, de vide, de longueurs...


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