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«La Grèce doit rester dans l'euro» par Philip Cordery

Publié le 12 février 2015 par Letombe
Philip Cordery (photo PS) Philip Cordery (photo PS)

Retrouvez la tribune de Philip Cordery, Secrétaire national à l'Europe, parue sur Euractiv.

Alors que les ministres des finances de la zone euro se retrouvent pour évoquer le cas de la Grèce, Philip Cordery appelle les institutions à trouver rapidement un compromis soutenable pour le pays et ses partenaires.

Philip Cordery est secrétaire national à l'Europe au Parti socialiste français. Il est député, élu de la circonscription des Français du Benelux.

Les sociaux démocrates européens l’avaient anticipé dès 2011, les politiques d’austérité n’ont pas abouti aux résultats escomptés et ont même eu des effets contre-productifs sur l’économie, engendrant des catastrophes sociales que les peuples, notamment à la périphérie de l’Europe, paient au prix fort. En Grèce, le budget annuel de la santé a été amputé de 40%, 35000 emplois de médecins et professionnels de santé ont été supprimés, avec des conséquences sanitaires dramatiques sur le taux de mortalité infantile qui a augmenté de 40%, le nombre d’infection au VIH qui a augmenté de 200% depuis 2011, et le retour de la malaria dans le pays ...

Au-delà des conséquences sociales et sanitaires dramatiques, les effets économiques de ces politiques d’austérité sont délétères pour l’ensemble de l’Europe. Les ratios des dettes publiques augmentent, la demande de crédit est faible, l’investissement ne redémarre pas, les capacités de production sont sous-utilisées, la déflation menace de s’installer et le chômage est toujours à un niveau alarmant.

Un cercle vicieux que l’on retrouve au niveau des finances publiques grecques, puisque les prêts des institutions européennes et internationales servent désormais à rembourser les prêts précédemment consentis. Ces institutions possèdent aujourd’hui près de 75% des dettes souveraines grecques. En outre, la décision de la Banque centrale de durcir ses conditions d’accès aux liquidités aux banques grecques implique que ces dernières ne pourront, à partir du 11 février, se refinancer qu’à des taux supérieurs à ceux auxquels elles accèdent actuellement, ce qui leur sera préjudiciable.

Entendre l'appel des sociaux-démocrates

Les institutions européennes semblent avoir entendu l’appel des sociaux-démocrates européens pour plus d’investissements et de croissance. La Commission européenne met en place un plan de relance européen qui devrait s’élever à 315 milliards d’euros sur trois ans. Elle a aussi proposé une certaine souplesse dans l’interprétation des flexibilités aux règles budgétaires prévues dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance. De son côté la BCE a lancé un programme d’assouplissement quantitatif. Mais tout cela risque d’être insuffisant sans davantage de flexibilité budgétaire, notamment pour les pays qui connaissaient les difficultés les plus fortes, et qu’une véritable solidarité budgétaire ne soit décidée.


Aujourd’hui il y a urgence à trouver une solution à la crise de la dette grecque. Les institutions européennes, les gouvernements européens, la BCE et le FMI doivent trouver un compromis afin d’éviter une issue dramatique pour l’Europe. Plusieurs options sont sur la table : annulation d’une partie des dettes détenues par la BCE, le FESF (Fonds européen de stabilité financière) ou le FMI ; remboursement par la BCE des profits retenus sur les obligations grecques achetées durant la crise ; baisse des taux d’intérêt ; allongement de la durée des prêts ; échange de dettes pour des obligations adossées à la croissance grecque, ce qui serait un stimulant bénéfique afin de mettre en place des politiques économiques favorables à la croissance ; autorisation de la Grèce à lever davantage de dette à court terme. Toutes ces options et d’autres peuvent être étudiées de manière concomitante, l’objectif étant d’atteindre un consensus soutenable politiquement et économiquement pour tous. Il n’est ici pas question de parler d’aléa moral, mais de poser les conditions d’une restructuration, d’un reprofilage, de la dette publique grecque afin d’éviter un délitement de la zone euro.

En outre, Syriza a proposé des réformes importantes en Grèce, notamment en ce qui concerne le système fiscal afin que tous les secteurs et tous les Grecs participent, dans le respect de la justice sociale, à cet effort. Il est inconcevable que certains continuent à être exonérés d’impôts et que les plus faibles soient les seuls à payer le prix d’une dette dont ils ne sont pas responsables. Ces réformes sont une condition sine qua non d’un retour de la confiance, de l’investissement et donc de la croissance et de l’emploi.

L’Europe et la zone euro se trouvent face à leurs responsabilités. L’urgence est de permettre à la Grèce de réussir ses reformes et d’éviter une crise de l’ensemble de la zone euro. La Grèce c’est l’Europe, il ne saurait en être autrement.

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