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Le nouvel horizon des Amis de l'Humanité

Publié le 13 février 2015 par Jean-Emmanuel Ducoin
Article invité: par Caroline Constant.
 Fondée en 1996, l’association a décidé, ce week-end, de modifier ses statuts pour prendre un nouvel essor. Le directeur du journal, Patrick Le Hyaric, a insisté sur la nécessité de lire l’Humanité.  

Le nouvel horizon des Amis de l'Humanité

Ernest Pignon-Ernest, le président de l'association. Jean-Emmanuel Ducoin, le secrétaire national.

Les Amis de l’Humanité ont bientôt vingt ans. C’est l’âge de tous les possibles et de toutes les conquêtes. Samedi 7 février, près de deux cents adhérents se sont réunis en assemblée générale annuelle, à la Maison des métallos, dans le 11e arrondissement de Paris. L’occasion, pour les Amis, de constater, sous la houlette de leur secrétaire national, Jean-Emmanuel Ducoin, qu’il est temps de prendre un nouvel essor. Car l’association est coincée dans une contradiction: d’un côté, elle multiplie, avec bonheur, les initiatives et les rapprochements avec d’autres organisations (CGT, Attac, Ligue des droit de l’homme, Ligue de l’enseignement, etc.), de l’autre, elle perd des adhérents – en moyenne cinquante par an – depuis 2011, a signalé la trésorière Colette Millereux. «Il nous faut inventer un autre chemin», a souligné Jean-Emmanuel Ducoin. La modification des statuts de l’association prévoit que les cotisations des adhérents dans leur association remontent à l’association nationale, histoire d’être redistribuées, notamment en direction des projets naissants qui ont besoin d’être financés. La proposition a créé un large débat dans la salle, avec des propositions pour rendre cette mesure effective et efficace. Les Amis ont au cœur un credo: cette volonté d’ouverture au mouvement progressiste de ce pays, qui a toujours été inscrit dans l’ADN de l’association. «Il ne faut pas s’isoler, il faut résister à la tentation de rester au chaud en famille», a complété Jean-Emmanuel Ducoin. 
Car, avec les Amis, ce qui se joue, c’est le rayonnement du journal l’Humanité. Patrick Le Hyaric, directeur du journal et député européen, a vivement remercié les adhérents pour leur engagement et leur soutien constants au quotidien. Après les attentats «ciblés et politiques» des 7 et 9 janvier, il a appelé à ne pas laisser «retomber dans la somnolence» le «réveil de la République» du 11 janvier. Patrick Le Hyaric s’est indigné que, depuis cette immense manifestation, «aucune parole des autorités élues ne vise à faire une société commune, un monde commun». Alors que ledit monde, qui est «en train de se déchirer, de s’ensanglanter devant nous, est un monde inquiétant». La réponse devrait être l’éducation et la culture. «La question fondamentale, c’est de mettre les moyens sur une longue période pour les aides à l’enfance. Du nouveau-né à l’adulte, pour les ouvrir aux humanités et à avoir du travail, créer. Si la République ne fait pas de la petite enfance, de l’enfance et de la jeunesse une priorité nationale, aucun discours ne marchera», alerte-t-il. La démocratie se joue aussi sur les médias: l’État réduit les moyens de France Télévisions et de Radio France, «ce fleuron extraordinaire à conserver». Certes, la culture, l’éducation, la radio publique ne sont pas des investissements visibles à l’œil nu. «Mais ce sont des investissements humains», indispensables à l’émancipation des citoyens. Dans ce monde troublé, la lecture de l’Humanité a un rôle déterminant. Car la guerre idéologique fait rage. Patrick Le Hyaric dénonce «l’accaparement de l’ensemble des sociétés de presse à capitaux privés entre les mains de quelques-uns». «Aujourd’hui, dénonce-t-il, nous ne sommes pas dans une période de création, mais de destruction de journaux.» Tout en louant la solidarité autour de Charlie Hebdo, après l’attentat du 7 janvier, le directeur de l’Humanité dénonce un système d’aides à la presse en diminution. Et qui met en danger non seulement l’Humanité,mais aussi Politis, la Croix, Siné Mensuel, le Monde Diplomatique La direction du journal, comme la Croix, ont dû, de mai à décembre, «pleurer» auprès des autorités pour ne pas avoir de diminution des aides à la presse qui les aurait mis en grande difficulté. Idem pour Charlie Hebdo, pour lequel le gouvernement a décidé de débloquer 1 million d’euros… mais après la tuerie. «Mais pourquoi pas avant?» s’agace le directeur. «Il faut que la République reconnaisse qu’il faut arrêter de fermer des journaux et arrêter de laisser des équipes dans l’angoisse du lendemain», préconise-t-il. L’amendement Charb, proposé par Pierre Laurent et voté jeudi soir à l’unanimité des membres du Sénat, «n’était-il donc pas possible de le voter» avant le drame? Il dénonce au passage la loi Macron, qui avait prévu des restrictions d’accès des journalistes au secret des affaires, et s’en prend au Parlement européen, qui a dans ses tiroirs la même proposition. Dans un contexte compliqué, l’Humanité continue pourtant. Même à faire des projets de développement. Car l’Humanité est en quelque sorte «l’étendard du pluralisme de la presse sociale» et met sur «la table nombre de débats qui n’existent pas ailleurs», indispensables à l’émancipation humaine.  REPERESLe nombre d’adhérents aux Amis de l’Humanité en 2014 était de 886. Un chiffre en légère baisse par rapport à 2013: -72. 150 Amis étaient présents à l’assemblée générale. 270 nous avaient envoyé leur pouvoir. 18 comités locaux, de toutes les régions, étaient représentés.Ernest Pignon-Ernest, plasticien, a été confirmédans sa fonction de président de l’association.  Jean-Emmanuel Ducoin, rédacteur en chef de l’Humanité,a été réélu secrétaire national de l’association, avec comme adjoint Jean-Yves Flaux.  Les présidents d’honneur sont toujoursMichel Vovelle et Edmonde Charles-Roux.  Les vice-présidents sontDaniel Herrero, Axel Kahn, Gérard Mordillat, Colette Privat et Charles Silvestre.  Colette Millereux reste trésorière, avec Annie Berlemont comme adjointe. Josiane Comet continue d’assurer le secrétariat administratif. Trois Amis quittent le conseil d’administration: Régine Deforges, décédée, Stéphane Guyard et Monique Pellissier. Deux nouveaux y entrent: Jacques Bernardin et Jean-Claude Delanoue. Pour adhérer à l’association: 01 4922 74 17 ou [email protected]

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