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Cupidon

Publié le 16 février 2015 par Taupo

Ce billet de blog répond au billet rédigé par Wonderful Wife™ et publié sur 1foisparsemaine.

Je ne sais pas pour vous, mais cette enquête sémantique souligne selon moi un autre aspect intrigant du dieu de l'amour: ce je-ne-sais-quoi de bestial qui lui manque cruellement, alors que son pote Pan en a à revendre! Pas de panique (c'est le cas de le dire), car nous allons chercher ensemble le legs de Cupidon au monde animal. Un petit tour sur le site de l'ITIS (Integrated Taxonomic Information System ou système d'information taxonomique intégré) nous apprend ainsi que le dieu de l'amour prête son nom a deux espèces d'araignées: une minuscule araignée sauteuse Saitis cupidon et une autre toute aussi minuscule mais un peu moins sauteuse, Micrargus cupidon. Elles furent nommées toutes deux ainsi par l'arachnologiste Eugène Simon. La première est endémique de Nouvelle Calédonie et il est malheureusement impossible de mettre la main sur le portrait de cette farouche petite octopode et je ne vous offre donc que celui de sa cousine, Saitis barbipes, dont le nom est moins charmant:

Saitis barbipes

La seconde vit dans nos contrées et arbore un faciès qui laisse septique quant au lien avec une divinité du désir:

Micrargus cupidon
 
Micrargus cupidon


Tous les goûts sont dans la nature, me direz-vous... En tout cas Cupidon s'y cache aussi car il a prêté son nom latin, cupido, a plus d'une bestiole! Plusieurs espèces de papillons rejoignent ainsi la bannière du genre Cupido, même si leurs noms vernaculaires n'évoquent que la couleur de leurs ailes (azurés) ou le fait qu'elles soient parsemées d'ocelles (argus, tel le géant mythologique aux cents yeux):

Cupido comyntas, azuré porte-queue de l'Est

Cupido minimus, argus frêle

On retrouve aussi chez les porteurs du nom cupido deux poiscailles (Biotodoma cupido et Thalassoma cupido) et une araignée (Petaloctenus cupido) mais l'espèce qui a définitivement attiré l'attention de ma femme et moi est une volaille, le Tétras des prairies Tympanuchus cupido,  dont le lien avec l'amour, le désir et la passion semble enfin évident… Peut-être pas au premier coup d'œil cependant :

Femelle Tétras des prairies, Tympanuchus cupido

Il faut dire que le portrait plus haut est celui d'une femelle Tétras des prairies et que ce n'est pas elle qui brille par ses talents de séduction, l'affaire étant entièrement laissée au mâle qui se pare de ses plus belles plumes, gonfle ses sacs gulaires colorés, chante et parade pour séduire les femelles et évincer ses concurrents:

Mâle Tétras des prairies, Tympanuchus cupido

Pour assister à ces manifestations amoureuses, il faut se rendre dans les prairies aux hautes-herbes du Midwest des Etats-Unis et attendre le début de la saison nuptiale, début mars-fin avril. Les mâles s'agrègent alors sur une petite aire de parade appelée lek dans lequel ils vont pouvoir entrer en compétition et définir des relations de dominance, le centre de l'aire étant conquise par les mâles alpha et souvent prisée par les femelles. Rien de mieux que de voir ça en image, non?



Traduction:
Début mars, un vent sec a effacé la neige des collines bleues du Kansas. Les herbes de l'été précédent ne sont plus qu'une mer de paille. Un animal est impatient du retour du printemps. Ces Tétras des prairies se secouent les plumes, espérant attirer le regards des poulettes. Un joli jeu de jambe et un peu de chant. Mais les filles n'en sont pas à leur première fois… Elles veulent du poulet dur à cuire! Les gars doivent se montrer imposants et se fritter! Défaite… et victoire: cette donzelle a choisi son homme! Mais les autres prétendants ne peuvent pas l'accepter: la jalousie et la colère redémarrent de plus belle!

Volailles, poiscailles, papillons et araignées: tant d'hommages étranges au dieu du désir. Un peu comme ce billet croisé, qui nous permet de fêter, à notre manière, le huitième anniversaire de notre mariage prononcé, par hasard, le jour de la Saint Valentin et dont les deux dates doivent nous être constamment rappelées par nos familles consternées par notre romantisme si loin des mièvreries cupides.


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