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It Follows : Une atmosphère horrifique, angoissante et glauque

Publié le 21 février 2015 par Jessica Staffe @danmabullecultu

It Follows : Une atmosphère horrifique, angoissante et glauque

Dès les premiers instants du film nous sommes plongés dans un univers sinistre. On ne sait pourquoi une jeune fille  de 16-17 ans sort en furie de chez elle en pleine nuit. Que fuit-elle ?                                                                                                                Dès lors une question se pose mais pourquoi cette attitude irraisonnée ? Pour ne rien arranger, elle part en petite tenue mais comme elle dormait, on peut y voir une certaine cohérence même si le rendu paraît légèrement saugrenu. Cette première scène paraît incompréhensible. Qui est cette fille ? Pourquoi réagit-elle ainsi ? Son comportement semble en inadéquation avec l’atmosphère calme et quasi apaisante qui règne autour d’elle. Elle se passe lentement. On sait que quelque chose va arrive mais quand ? Elle résume parfaitement le film. Il se déroule dans la lenteur et dans l’attente de voir apparaître cette chose qui on ne sait pourquoi suit l’héroïne.

Ce moment un peu long quand même permet au film de prendre sa dimension horrifique pas à pas. Nos nerfs se tendent tout doucement jusqu’à ce que l’effroi nous saisisse froidement et subrepticement et là nous sommes cueillis par un sursaut voire des sursauts d’émotion.

Jay : Une héroïne classique des films d’horreur ?

Après cette scène d’ouverture dont on pourrait croire qu’il s’agit d’une fin, nous faisons enfin la connaissance de l’héroïne Jay. Agée de 16-17 ans, elle vit la vie d’une adolescente de son âge jusqu’au jour où sa vie bascule. Elle rencontre un garçon et couche avec lui. Ce moment se transforme en un moment de calvaire. Elle n’est pas au bout de ses peines. Son cauchemar ne fait que commencer.

Y aurait-il un problème avec les relations sexuelles dans cette création ? A vous d’en juger.

Ce passage ne serais-ce que dans la manière dont il est filmé est très loin des scènes classiques du romantisme. Seuls, dans une voiture dans un monde glacial et endormi où l’environnement demeure hostile, ils profitent de leurs moments de plaisir partagé. Enfin c’est ce que l’on croit. Après ce moment traumatisant, Jay rentre chez elle complètement retournée. Elle n’est plus la même. Tourmentée, choquée, elle se sent suivie épiée par quelqu’un ou quelque chose tout en ignore de quoi il s’agit. Elle se recroqueville sur elle-même, ses amis et sa sœur ne comprennent absolument pas ce qui lui arrive.On ressent ce qu’elle ressent, durant quasiment tout le film le spectateur demeure en empathie avec Jay, la musique et la mise en scène nous aident à vibrer avec elle. C’est assez troublant et perturbant, d’être à ce point en phase avec un personnage. On la suit du regard comme on chasse la chose qui la poursuit.

Jay un personnage, hyper sexualisé

Belle, jeune, blonde, elle dispose des traits physiques et du caractère des héroïnes classiques des films d’horreur.  Ce personnage cliché n’est pourtant pas si caricatural. Elle a besoin certes d’être protégé mais prend aussi des décision et agit comme elle l’entend quand la situation l’exige. Elle sait prendre son destin en main. Le côté dérangeant reste son physique un peu trop parfait qui fait d’elle une femme sensuelle et désirable. Hyper sexualisée à certains moments, elle est très souvent filmée en tenues légères. Cette quasi nudité est la plupart du temps cohérente. Le seul bémol toutefois est que les personnages masculins apparaissent très peu dénudés. La caméra ne se fixe pas non plus sur leurs postérieurs. C’est dommage parce qu’à certains égards, ce film possède une dimension sexiste. Cet aspect n’est pas présent à toutes les scènes heureusement. Il reste minime. Sa répétition est toutefois dérangeante et désert l ‘entièreté de cette production. Ces moments d’égarements deviennent une frustration. Ils nous laissent un goût amer et pose de mauvaises questions. Les postérieurs ont peut-être sûrement obsédé le réalisateur et les producteurs. Ce petit leitmotiv est peut-être à mettre en relation avec la chose qui obsède Jay. Y-aurait-il un rapport avec une certains vision du sexe légèrement puritaine ?

Une vision puritaine du sexe ?

A la suite du visionnage de cette création, on se demande, si cette production ne porte pas en elle une vision puritaine du sexe. Il existe bien un lieu entre le sexe et la chose qui persécute Jay et transforme sa vie en un enfer. Tout découle du rapport sexuel dont j’ai parlé au début de l’article. Le problème viendrait de là. Cette idée insidieuse se révèle pourtant assez souvent dans ce film Le sexe est montré comme une chose dangereuse et pas sans conséquences. Sans cette relation sexuelle Jay ne vivrait un cauchemar sans nom que seule elle peut comprendre. La première scène de sexe confirme cette idée que le sexe apporte son lot de changements dans la vie bien rangée d’une lycéenne sans histoires. Ce principe agace parce qu’il ne met pas en lumière le côté jouissif et libérateur du sexe. Jay devient prisonnière de cette relation. Cette violence psychologique est désarmante. Ce n’est qu’à la fin du film que Jay profite d’une relation sexuelle satisfaisante car elle partage des sentiments amoureux avec son petit copain. Toutes ces raisons font penser que ce film sans être moralisateur est porteur d’une vision puritaine du sexe. C’est un peu dommage mais n’empêche en rien de vibrer avec l’héroïne et d’être habité par des sueurs froides et des sentiments contradictoires.

Une musique et un univers horrifique

La musique joue parfaitement son rôle et nous tient en haleine durant tout le film. A la fois rapide, lente et angoissante. Elle installe l’atmosphère comme il se doit. Elle nourrit notre malaise, notre incompréhension et notre peur. Tout doucement, elle nous emmène dans l’antre de l’horreur. Sans elle le résultat ne saurait pas aussi bon. Lentement, elle crée un environnement oppressant où les silences sont aussi importants que les mouvements musicaux et les bruitages utilisés. Elle est en phase avec le décor, la maison et tous les lieux glauques où se rendent les personnages. Même la plage n’apporte pas de réjouissances et ne donne pas spécialement envie. Aller se baigner devient une expérience risquée. Le vide qui entoure souvent les personnages nous emporte et nous transporte dans des huis clos effrayants. Les scènes où Jay reste face à sa détresse nous affolent parfois. Elle nous transmet son inquiétude. Toujours sous « cette chose » qui ne la lâche pas. Sa mine patibulaire nous met dans un état de tension nerveuse palpable. On se demande souvent quelle sera l’issue de cette traque infernale. Cette ambiance sombre aura-t-elle raison de nous ?

Dans l’ensemble, ce film demeure appréciable. Vous passez un bon moment devant It follows. Petit conseil : ne le regarder pas avant d’aller dormir. Ayez les nerfs bien accrochés. Vous serez souvent scotchés à vos sièges. Si vous êtes cardiaque ce film n’est absolument pas pour vous. Si vous chérissez les sueurs froides it Follows mérite votre attention et vous ne regretterez pas de payer une place pour le voir. Soucieux du sexisme, vous ne serez pas en reste. Certaines scènes par leurs contenus sont loin d’être féministes mais elles ne représentent qu’une partie minime de cette production. Il ne faut pas s’arrêter à ça et l’apprécier comme il se doit.

Jessica Staffe



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