Magazine Cinéma

Witness - 8,5/10

Par Aelezig

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Un film de Peter Weir (1985 - USA) avec Harrison Ford, Kelly McGillis, Lukas Haas, Danny Glover, Josef Sommer, Brent Jennings, Alexander Godunov, Jan Rubes

Roméo et Juliette en pays amish...

L'histoire : Une jeune veuve amish se rend avec son fils chez sa soeur à Baltimore, pour quelques jours de réconfort après le décès de son mari. Dans la gare, son petit garçon, alors qu'il est aux toilettes, est témoin d'un crime. La police débarque et malgré les protestations de Rachel, l'inspecteur John Book les garde sous la main pour que l'enfant identifie des suspects. Lorsqu'il désigne, sur une photo qu'il voit au commissariat, un policier, John se voit soudain plongé dans les eaux troubles d'un groupe de ripoux, dont son chef est le meneur. Et ils veulent le tuer, maintenant. Ainsi que l'enfant. John, blessé, ramène Rachel et son petit Samuel chez eux et va vivre parmi eux, caché, une expérience bouleversante...

Mon avis : J'adore ce film pour pluiseurs raisons. A chaque fois que je le vois, il me bouleverse.

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D'abord à cause des Amish. C'est grâce à ce film que je les ai "découverts". Au moment où le film est sorti, je n'avais jamais entendu parler d'eux, ou très vaguement. Ils m'avaient émue aux larmes ; leur façon de vivre, leur dévotion, leur modestie, leur pacifisme. Ensuite, je me suis renseignée sur eux, pour en savoir plus, encore et encore. En 2011, je suis allée aux Etats-Unis, en Pennsylvanie entre autres, là où ils sont le plus nombreux. J'ai eu un peu honte de sacrifier à la "coutume" qui veut que le touriste photographie les petites calèches et aille acheter quelques objets faits main dans leurs boutiques. Je me suis efforcée de montrer un maximum de respect et de discrétion. J'ai adoré leurs sourires timides et les rires des enfants... Dans une autre vie, je serai Amish...

Ensuite la romance déchirante des deux personnages, chacun issus de mondes radicalement différents. On les observe, on espère, on se dit qu'elle pourrait bien s'habituer à la vie de nous z'autres, les "Anglais" comme il disent, ou bien que lui abandonnera sa vie absurde pour se mettre à la vie des champs... Elle lutte contre son désir, contre les diktats de sa communauté. Il combat lui aussi car il ne veut pas la mettre en danger, dans un monde qu'elle ne connaît pas, ou vis-à-vis de son entourage qui pourrait la bannir... Le suspense dure jusqu'au bout... Harrison est complètement craquant, et la jolie Kelly McGillis est une merveille de douce sensualité.

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Et ce petit garçon ! Si adorable, si mignon, si innocent... on voudrait tellement qu'il retrouve un nouveau papa.

Ensuite la réalisation, somptueuse. Lente et pure, avec des images magnifiques, des grands paysages, des herbes hautes, des visages expressifs. C'est parfois presque lyrique et la musique envoûtante de Maurice Jarre accentue l'impression. Dans beaucoup de films de Weir, il y a un immense souffle, une ode à la nature, aux éléments, un romantisme, de la poésie... (Pique-nique à Hanging Rock, Master & Commander, Le cercle des poètes disparus, Mosquito Coast, The Truman Show...), quelque chose de magique. Il y a du Terrence Malick chez Peter Weir... Même que, des fois, on n'y comprend rien non plus (Pique-nique à Hanging Rock) ! Gag.

Ce qui est étrange ici, c'est le fait qu'on croit d'abord à un film policier. Mais la poursuite flic/ripoux n'est qu'un prétexte à plonger John dans le monde des Amish et d'illustrer la vie "autrement", et notamment le rapport violence / non violence (entre autres, scène où les Amish se font moquer et molester par une bande de jeunes, et ne répondent pas). D'ailleurs, d'autres petits messages subtils, mais bien présents, passent de temps à autre : exemple, le chef ripoux pour tenter de gagner John à leur point de vue, lui dit : "Ne sommes-nous pas un groupe solidaire, nous aussi ? Un club, une secte ?" Une belle redéfinition du mot "secte" en perspective... La solidarité aussi (opposée à l'individualisme de notre société) : quand quelqu'un sonne la cloche, signal de danger, tous les Amish du coin arrivent en courant pour aider ; construction de la maison par tous les villageois réunis...

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Manichéen, mais assumé.

En tous cas, malgré quelques ratés (Green card...), Peter Weir, c'est un GRAND. Et ce film-là est un de mes préférés.

A noter dans un petit rôle, Viggo Mortensen, tout mimi, tout jeunot !


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