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La guerre de 1914/1918

Publié le 12 avril 2009 par Sorges49

La guerre de 1914/1918

Les jeunes de Fillé lors du conseil de révision de la classe 1912 à La Suze. La journée du conseil de révision est chômée et donne lieu à des réjouissances. Les "bons pour le service" vont de ferme en ferme portant un drapeau créé pour la circonstance et jouant du clairon (ou du tambour comme ici à Fillé).

La guerre de 1914/1918 fut le résultat de l'affrontement entre deux grandes alliances :

- l'Empire Austro-Hongrois contre le royaume de Serbie : ces deux puissances activèrent d'autres alliances qui obligèrent d'autres nations européennes à s'engager dans la guerre.

Ce fut alors la Triple Entente, composée de la France, la Grande Bretagne et la Russie contre la coalition des Empires centraux qui était principalement constituée de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie.

Brusquement, l'étincelle qui déclencha la guerre de 1914/1918 fut l'assassinat par un serbe de l'héritier du trône austro-hongrois l'Archiduc François-Ferdinand et de son épouse à Sarajevo (Serbie), le 28 Juin 1914.Ce qui reste avant-tout un banal fait divers à l'échelle de l' Europe est un évènement tragique pour l'Empire austro-hongrois et à partir de ce jour de juin 1914, un engrenage diplomatico-militaire se déclenche qui coûtera la vie à des millions de soldats.

La paix explose comme une marmite sous pression. Le véritable engrenage est la montée des nationalismes et la rancœur entre grandes puissances européennes. Le principal adversaire de l'Allemagne est la France, la France et ses provinces perdues : l'Alsace et la Lorraine. Si l'esprit ultra-nationaliste belliciste et "revanchard" caractérise certains mouvements politiques, l'ensemble du pays, sans aller jusqu'à souhaiter une nouvelle guerre, garde au cœur des plaies ouvertes : celles de la guerre de 1870.

Cependant, le 14 Juillet 1914, en France, un homme politique, Jean Jaurès, s'illustre par son pacifisme : il est totalement opposé au déclenchement de cette guerre et il en appelle à la grève générale mais, hélas, le 31 Août 1914, il est lui-même assassiné au Café du Croissant à PARIS par un étudiant nationaliste.

Puis, ensuite, tous les évènements s'enchainent :

* le 1er Août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie et le 3 Août à la France et à la Belgique et déjà, le 4 Août 1914, l'armée allemande franchit la frontière belge.

Dans cette guerre "mondiale" plus de 60 millions de soldats y ont pris part et près de 10 millions n'en reviendront pas. Près de vingt millions de soldats resteront à jamais infirmes.

La guerre de 1914/1918

C'EST LA GUERRE !

(extrait de la gazette du web vendredi 03.10.14)

La guerre de 1914/1918

photo collection personnelle

La guerre de 1914/1918

Un certain onze Novembre 1989 lors de la commémoration de l'armistice de la Grande-Guerre, un vieux Monsieur qui était ancien combattant de celle de 1940 m'avait conté de biens tristes souvenirs : non pas du jour V de la Victoire de 1918 mais ceux du jour de la déclaration de guerre. Il avait sept ans en août 1914. Au lendemain de la déclaration de guerre datée du 1er Août 1914, des ordres de mobilisation sont placardés sur tous les murs le dimanche 2 Août. Je regrette de n'avoir pas retranscris aussitôt "ses mémoires" mais je vais me fier à la mienne de mémoire.

La guerre de 1914/1918

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La guerre de 1914/1918

La guerre de 1914/1918
La guerre de 1914/1918

On peut y lire ;

République, la mobilisation des

Armées de Terre et de mer est

ordonnée, ainsi que la réquisi-

tion des animaux, voitures et harnais

nécéssaires au complément de ces

armées. Le premier jour de la mobi-

lisation est le : Dimanche Deux Août

La guerre de 1914/1918

Le Dimanche 2 Août 1914, c'était jour de la Distribution des Prix à l'école de FILLE (*) et les enfants avaient tous revêtu leur "habit du Dimanche" pour chanter avec Monsieur l'Instituteur. Puis, en fin d'après-midi, un attroupement, puis deux, des gens se font l'écho de cette tragique nouvelle : c'est la guerre. La guerre, c'était bien sûr le sujet de toutes les conversations mais tous avaient bon espoir, tous comptaient sur le courage et la vaillance de nos soldats et sur la victoire. Les cloches ont sonné puis le tocsin a sonné aussi le 1er Août 1914.

(*) Il faut préciser qu'à cette époque et ce, depuis 1891, les grandes vacances s'étalaient entre le 1er Août et le 30 Septembre. En Août, parce que c'est l'époque des moissons, et en septembre, celle des vendanges. Selon les régions, et notamment celles où il n'y avait pas de vignobles, des arrêtés préfectoraux modifiaient ces dates. (extrait M.F. Riour musée d'école rurale Trévargan).

Puis, quelques années plus tard, le 14 Juillet marquera la fin de l'année scolaire : les vacances d'automne auront doucement glissé vers l'été.

Nous sommes donc le dimanche 2 Août 1914, c'est le premier jour de la mobilisation générale et la fête, bien sûr, est gâchée. Les familles accourent autour du mur d'enceinte qui existait à l'époque autour de l'église et se pressent autour de l'affiche de malheur. En effet, une affiche d'ordre de Mobilisation est bien apposée afin que chacun prenne la dimension de la triste nouvelle. Ce jour-là, aucune mention des conditions de cet affichage n'apparaît dans les délibérations du conseil municipal. Hormis l'affiche de mobilisation émise par l'Etat et placardée dans toutes les communes, il n'y eut aucune autre proclamation officielle. C'est la première fois qu'une mobilisation générale est décrétée en France (en 1870, l'armée de métier est seule mobilisée).

La guerre de 1914/1918

Ci-dessous, devant l'église à gauche le mur sur lequel on apposait les affiches dont celle de la Mobilisation en 1914.

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Le petit train franchit le pont de Fillé emportant nos jeunes soldats confiant dans la victoire...

Les foins étaient coupés. Les aînés de ces jeunes enfants ou bien leur père aussi pour certains, enfin tous ceux qui étaient en âge de partir troquèrent la fourche contre le lebel. Ils partaient à la guerre en cherchant encore à comprendre à la suite de quel engrenage ils s'étaient retrouvés mobilisés. Au Mans comme à la Suze, les trains étaient bondés partout d'hommes qui partaient à la guerre. Ils partirent en chantant mais cela n'a pas duré longtemps, quand les premiers blessés sont revenus, ceux-là ne chantaient plus.
Quelques-uns de ceux qui sautèrent joyeusement dans notre tortillard, confiants, en pensant que la guerre serait de courte durée et qu'ils allaient bientôt reprendre les travaux des champs ne savaient pas encore qu'ils auraient (pour vingt et un d'entre-eux, hélas ! rien que pour notre petit village de FILLE) leur nom gravé, un jour, sur un monument qui restait à construire. Mais on part en ce bel été 1914 pour une guerre éclair...
En août 1914, les moissons restaient à faire et la mobilisation générale avait privé partiellement ou entièrement les exploitations agricoles de leur cheville ouvrière : devant cette fatalité, toutes les familles étaient atteintes que ce soient des grands ou petits bordages. Quand le père était encore en âge d'être mobilisé, il se retrouvait avec ses fils ainés déjà sous les drapeaux, alors il restait la mère avec les enfants en âge scolaire. L'administration militaire avait été assez généreuse dans le second trimestre 1914 dans l'attribution des permissions agricoles, une circulaire d'Adolphe Messimy, ministre de la Guerre au début du conflit mondial, n'avait pas été abrogée et des démarches auprès des autorités militaires permettaient d'obtenir des permissions aux agriculteurs. Mais, hélàs, au fil des mois, l'espoir de voir le retour des soldats s'étant estompé, le problème de la pénurie de main d'oeuvre agricole gardait toute son acuité. Le 2 février 1915, une circulaire stipule que les Maires ont pour mission de veiller à ce que les permissions soient consacrées au travail qui la motive. En 1917, la loi DalbiezEnfin, en 1917, la loi Mourier éveille un espoir dans la population car elle exclut des mutations au front les hommes pères de quatre enfants, veufs avec trois enfants ou ayant eu deux frères ou deux fils morts ou disparus depuis plus de six mois. supprime les dispenses et sursis en envoyant au front tous les hommes aptes au service en assurant la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables ce qui suscite une déception amère dans nos campagnes.

Les conditions climatiques très rudes de l'hiver 1916/1917 se rajoutèrent aux souffrances des malheureux soldats.

Le 8 Février 1918, un avion militaire a atterri à Spay, village voisin de Fillé ; le Maire de ladite commune a pris aussitôt les mesures nécessaires pour la surveillance de l'appareil après avoir averti les autorités.

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Lors de la rénovation en 2007, le Maire, G. CHOISNET a insisté auprès des architectes chargés des travaux pour que la pierre gravée de ces noms soit conservée et protégée.


A , les murs de la ferme du moulin - dont les bâtiments ont été rénovés en 2007 - ont gardé des marques dans la pierre de la guerre de 14/18. Deux soldats américains venus au secours des alliés à la fin de la guerre ont laissé sur le mur d'entrée de la grange la marque de leur passage en gravant leur nom près de la porte "JOHN LO...." et JO CLARK NOV. 1918"

La guerre de 1914/1918

Malheureusement, en Juin 1919, on apprend qu'un soldat américain Luigi A. QUARANTO s'est noyé à FILLE dans la Sarthe. Voir ci-dessous, extrait du journal "OUEST-ECLAIR" du 2 Juin 1919 qui relate ce fait-divers malheureux.

ci-dessus, plaque commémorative apposée par la Ville du Mans le 14 Juillet 1919

Par ailleurs, le même journal local, daté du 4 Octobre 1919, nous apprend qu'un cultivateur de GUECELARD a constaté, dans une maison qu'il possède à FILLE et qui était occupée par des soldats américains, que ces derniers, avant leur départ, avaient fracturé la porte d'une chambre et dérobé 22 litres d'eau de vie.
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affiche guerre 1914/1918 - archives mairie de Fillé

D'autres soldats sont revenus, gazés, comme ce Monsieur qui a vécu malgré sa condition physique précaire jusqu'à 94 ans et qui était venu habiter à la campagne à parce que le médecin conseillait à YVES d'arrêter toute activité. Il lui était demandé principalement un retour à la campagne suite à ses blessures datant de la première guerre mondiale au cours de laquelle il a perdu tous ses copains en une journée de juin 1918. Donc, YVES et JULIENNE ont dû partir de la capitale en 1938 pour Fillé où ils ont vécu 53 années heureux ensemble .

JULIENNE était âgée de 90 ans lorsqu' en 1992, le maire G. CHOISNET lui a annoncé la construction d'un groupe scolaire tout neuf à . Julienne en a pleuré de joie car elle avait des valeurs très laïques et une école toute neuve dans notre village ; elle n'en croyait pas ses oreilles !

La France sort victorieuse mais brisée. Le traité de Versailles en 1919 est un traité de paix signé entre l'Allemagne vaincue et les Alliés de la première guerre mondiale mais en raison des sanctions qu'il infligeait (dommages et réparations de guerre, occupation de la Ruhr, etc..) il contenait déjà les germes de la seconde guerre mondiale.

La guerre de 1914/1918

La guerre de 1914/1918
"LE JOUR DE GLOIRE EST ARRIVE" TITRE LE PETIT COURRIER

" Nul Homme sensé ne peut préférer la guerre à la paix puisque, en temps de guerre, ce sont les pères qui enterrent leurs fils alors que, en temps de paix, ce sont les fils qui enterrent leur père." HERODOTE.

La commune de FILLE a reçu une médaille et un diplôme pour sacrifice avec courage et abnégation pendant la guerre de 1914/1918. Le diplôme encadré figurait dans la salle du conseil quand celui-ci a pris possession de la salle de classe en 1992.

Copie du Petit Courrier d'une page de journal de Novembre 1918 extraite des archives départementales du Maine et Loire Presse

Concrètement, la grande guerre est gravée dans les généalogies de toutes les familles françaises, sur le marbre de tous les cimetièresde nobre pays.

ci-dessous, carte écrite le 30 décembre 1918 par un jeune filléen à sa fiancée à son retour de guerre.

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Correspondance de Louis RAVENEL mort au Champ d'Honneur qui fut adressée à ses proches parents quelques années avant la guerre : Louis dont le nom est gravé sur le monument aux Morts de Fillé comme celui de vingt autres malheureux camarades était du 117° RI. Il était né à Noyen-sur-sarthe le 30 Juin 1882, à Fillé, il était cultivateur, il est décédé à BOIS-ROQUETTE dans la Marne, le 29 Septembre 1915, à l'âge de 33 ans. Il avait épousé Marie-Alexandrine de Fillé en 1906. Il laisse une veuve et 2 enfants.

Parmi les vingt autres soldats de FILLE morts pour la France, certains ont été portés disparus.

Cité à l'ordre de son régiment le 31/07/1918 pour sa conduite aux combats des 18 et 20/07/1918. Croix de guerre avec Etoile de bronze (source Mémorial GenWeb).

Le nom de René BUSSON figure sur le Mémorial International Notre-Dame-de-Lorette "ANNEAU DE LA MÉMOIRE" plaque B53

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* Ernest CHENE, également mort au champ d'honneur (disparu) ;

Louis COTTEREAU était 2° classe au 23° Régiment d'Infanterie coloniale, il est mort des suites de blessure de guerre le 3 Novembre 1917 à Ailles dans l'Aisne à l'âge de 27 ans, inhumé à Pontavert.

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* Emile GUYON était du 317° Régiment d'Infanterie, il a été tué le 5 Mai 1917 au chemin des Dames à l'âge de 27 ans et inhumé à CERNY-EN-LAONNOIS dans l'Aisne. Il était également cultivateur dans notre commune.

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* Clément LORIOT était canonnier au 104° Régiment d'Infanterie, il est mort le 15 Octobre 1918 à l'hôpital d'évacuation de Lyon des suites d'une maladie contractée à l'armée, à l'âge de 40 ans. Clément LORIOT, comme ses camarades Emile et Alexandre GUYON, était cultivateur à FILLE. Il était né le 1er Octobre 1878 à la Maison Neuve à Fillé-Guécelard. Il est inhumé dans la Nécropole Nationale La Doua à Villeurbanne (Rhône). Comme son camarade Louis RAVENEL, il s'était marié en 1906, il laisse une veuve et 4 enfants.

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tombe de Clément LORIOT Nécropole de la Doua à Villeurbanne

(Source :http://www.sepulturesdeguerre.sga.defense.gouv.fr)

image poilu : fusain et aquarelle de Camille Godet (1920) Musée des Beaux-Arts de Rennes.

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cimetière français de Reningelst (Belgique) où est enterré Louis QUETTIER.

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La commune de Fillé honore ses poilus morts pour la France le 11 Novembre 1923

au cours de l'inauguration du monument aux morts.

Au début de la route du Bur venant de Spay, à l'entrée du lotissement actuel des Fontaines (rue du châtaignier), il existe un châtaignier médiéval (environ 400 ans), de dix mètres de circonférence et dont le tronc est creux. Il a été malmené récemment, par jeu, par des jeunes de Fillé qui ont brûlé un peu de ce qui restait du tronc ce qui lui a valut le secours des pompiers qui l'ont, pour de nombreuses années encore, je l'espère, pour ainsi dire sauvé. Cet arbre avait été, pendant un temps, répertorié parmi "les arbres remarquables de France" et il avait abrité la statue d'une vierge dans le creux du tronc.
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Vouloir brûler cet arbre serait, en quelque sorte, un sacrilège étant, comme nous l'avons dit plus haut, un vénérable géant né à la fin du Moyen âge et surtout parce qu' on y dansait traditionnellement, autrefois, comme dans beaucoup de nos campagnes, comme on a dansé aussi autour du grand chêne situé à l'orée du bois du Gros Chesnay, non loin de la route des Vignes.

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D'après certains témoignages, une croyance populaire aurait perduré longtemps après le retour des survivants de la tuerie de 1914/18 : il se disait dans les chaumières que les gars du village qui avaient dansé autour du châtaignier ne sont pas revenus de la guerre tandis que ceux qui n'ont pas dansé, eux, par bonheur.... sont revenus. Cette croyance a tellement marqué les esprits que chez les anciens, certains ne voulurent jamais toucher à l'arbre lui attribuant un pouvoir maléfique.

Lors de la quatre-vingtième commémoration de l'armistice, à l'appel de chaque nom énoncé par le Maire - donc bien évidemment ceux qui figurent sur le monument aux morts - les jeunes écoliers filléens présents à la cérémonie répondirent vingt et une fois : "Mort pour la France". Pour l'avenir de nos jeunes écoliers, nous songeons à ces jeunes gens qui avaient vingt ans en 1914, et qui, eux aussi, ont été écoliers à FILLE, mais qui furent fauchés en pleine jeunesse au milieu d'une folie meurtrière et qui se sont tous comportés en héros. Dans cette guerre absurde et suicidaire où périrent tant de jeunes gens dont vingt et un enfants de FILLE, nous sommes tous redevables à cette génération de tant de sacrifices. La nation française serait incapable, demain, de se mobiliser avec la détermination qui fut la sienne il y a 100 ans.

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- extrait du journal "OUEST-ECLAIR" du 2 Juin 1919 sur le site www.normannia.info
- extrait du journal "le PETIT COURRIER" d'Août 1914 et Novembre 1918.

Voilà donc qu'un siècle s'est écoulé depuis le début de la Grande Guerre et, il y a deux ans, à l'automne 2012, l'Union Européenne s'est vu attribuer le prix Nobel de la Paix en récompense de 60 ans de paix et de prospérité, à l'heure de cette Europe unifiée, n'oublions jamais leurs sacrifices.


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