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Le Petit Palais s’encanaille

Publié le 25 février 2015 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Le Petit Palais propose jusqu’au 24 mai 2015 une exposition qui revisite la Rome du XVIIe siècle. La Rome glorieuse des papes et des palais nous est montrée sous un autre jour, celui du vice et de la misère. A cette période, la ville attire nombre d’artistes européens qui travaillent aux retables des églises mais qui s’attachent aussi à représenter dans leurs toiles la réalité des bas-fonds romains. Des scènes de tavernes aux portraits de mendiants et de bohémiens, la débauche devient un thème de prédilection. Cette dualité, entre grandeur et décadence, se retrouve au sein même de certains tableaux qui présentent, notamment, les ruines de la Rome antique envahies par les mendiants. La toile magnifique du Lorrain montre une Église triomphante en pleine lumière qui devient le théâtre de scènes de prostitution en marge et dans l’ombre.

Claude Gellée, dit le Lorrain, Vue de Rome avec scène de prostitution, 1632, NG Londres.

Claude Gellée, dit le Lorrain, Vue de Rome avec scène de prostitution, 1632, NG Londres.

Si ce monde attire tant les artistes c’est bien sûr parce qu’ils y participent. Ils fréquentent les tavernes, les salles de jeu et créent même des compagnies aux les rituels orgiaques où Bacchus est glorifié. La compagnie des Bentvueghels (les « oiseaux de la bande »), composée principalement d’artistes du Nord de l’Europe, en est un des exemples les plus savoureux. Ils se réunissaient dans les tavernes, créaient des tableaux vivants et buvaient jusqu’au matin à la gloire de l’inspiration créatrice ce qui donna naissance à des toiles ou des esquisses peuplées de détails truculents.

Anonyme, Les Bentvueghels, 1620, musée Bojimans Van Beuningen, Rotterdam

Anonyme, Les Bentvueghels, 1620, musée Bojimans Van Beuningen, Rotterdam

Malgré ces thèmes obscurs et moins glorieux que les commandes des églises, les artistes font appel à la culture des spectateurs. Valentin de Boulogne, dans son Concert au bas-relief montre des personnages jouant et méditant accoudés sur un bloc de pierre antique. Ce bloc et en particulier le bas-relief qui s’y déploie fait référence à une terre cuite en possession des Farnèse représentant les noces de Thétis et Pelée. Ainsi ces œuvres s’inspirent certes du peuple et de sa misère mais s’adressent à des collectionneurs érudits et cultivés attirés par les images du quotidien. Images qui ne sont pas prises sur le vif mais étudiées, réfléchies, mises en scène avec une certaine théâtralité qui invite le spectateur à faire partie de la toile.

Valentin de Boulogne, Concert au bas-relief, 1620, Musée du Louvre

Valentin de Boulogne, Concert au bas-relief, 1620, Musée du Louvre

Vous l’aurez compris le sujet de cette exposition est délectable et il faut bien le dire le Petit Palais s’en sort très bien. La scénographie est intelligente proposant une artère centrale en pleine lumière où l’on trouve des sculptures antiques révélant la grandeur de Roma et des petites salles sur le côté à l’éclairage plus intimiste qui met en valeur les toiles. L’accrochage est aéré ce qui permet un contact direct avec les œuvres. De plus, nous aurons le plaisir de trouver des unica, comme une Vénus masculine peinte par Giovanni Lanfranco ou une scène de lutteurs par Michael Sweerts. Ce sera également l’occasion de redécouvrir ou de découvrir des chefs-d ‘œuvres conservés dans des collections étrangères ou particulière, comme la magnifique toile de Salvatore Rosa, Le sabbat des Sorcières de la National Gallery de Londres.

Le Petit Palais s’encanaille

Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill
75008 Paris

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le vendredi jusqu'à 21h uniquement pour les expositions temporaires.

Accès aux collections permanentes gratuit

Tarif expositions temporaires: 11 euros / réduit: 8 euros


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