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Pourquoi je ne suis pas gamer, et que ce n’est pas sur le point de changer

Publié le 25 février 2015 par _nicolas @BranchezVous
Pourquoi je ne suis pas gamer, et que ce n’est pas sur le point de changer Exclusif

Tout le monde est conquis par les jeux vidéo… Tout le monde? Non! Un irréductible chroniqueur techno résiste encore et toujours à l’envahisseur. Pascal Forget nous explique pourquoi il n’est pas gamer, même pas un tout petit peu.

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Je surprends souvent les gens en leur disant que je ne joue pas aux jeux vidéo. Que je connais World of Warcraft, Master Chief et Lara Croft de réputation, mais que je n’ai jamais complété un jeu, et que ma seule console était un Atari 2600 (ce qui ne me rajeunit pas).

Pourquoi je ne suis pas gamer pour deux cennes? Voici quelques trucs qui m’irritent profondément dans les jeux vidéo d’aujourd’hui…

Les cinématiques

Quand on avait terminé un tableau de Pac-Man, on avait droit à une petite pause animée, le temps que le tableau suivant charge. On se faisait craquer les jointures, on se séchait les mains et c’était reparti.

Tout porte à croire que le jeu Metal Gear Solid V : The Phantom Pain sera bondé d'explosions et de cinématiques.

Tout porte à croire que le jeu Metal Gear Solid V : The Phantom Pain sera bondé d’explosions et de cinématiques.

Maintenant, c’est interminable. On peut voir des vaisseaux spatiaux qui décollent (habituellement avant d’exploser un moment donné, et c’est là qu’on se remet à jouer), un survol du monde qu’on doit défendre (avant qu’il n’explose), les confidences de son meilleur ami (qui habituellement meurt, mais pas toujours dans une explosion). Les cinématiques ressemblent tellement à des films, je ne serais pas surpris d’apprendre que des gamers s’ennuient de tenir leur manette de jeu lorsqu’ils se retrouvent dans une salle de cinéma.

Les tutoriels

Quand je vois le nombre de boutons, de molettes, de gâchettes et de pavés tactiles des contrôleurs de jeux d’aujourd’hui, je commence sérieusement à me demander s’il me manque des doigts.

Parlons maintenant des commandes des jeux modernes. Auparavant, la manette était principalement un joystick – un manche à balai qu’on tenait dans la main – et c’est tout ce qu’il fallait pour jouer à Pac-Man. Ajoutez un bouton pour tirer, un autre pour larguer des bombes, et l’on pouvait jouer à Donkey Kong, Galaxian, Space Invaders, Zaxxon, Xevious, et j’en passe.

Quand je vois le nombre de boutons, de molettes, de gâchettes et de pavés tactiles des contrôleurs de jeux d’aujourd’hui, je commence sérieusement à me demander s’il me manque des doigts. C’est si compliqué que les jeux commencent maintenant par des tutoriels complets rien que pour se familiariser avec quel piton fait quoi.

Pourquoi chaque jeu commence-t-il par une mise en situation douteuse qui dissimule en fait un long tutoriel? C’est habituellement un roi, un commandant, ou une figure hiérarchique générique de l’univers du jeu qui nous explique notre quête ou mission en long et en large. Pendant ce temps, on ne peut rien faire d’autre qu’écouter. On peut parfois avancer à droite, à gauche, sauter, ouvrir une porte et appuyer sur son bouton pour ramasser une arme pour montrer qu’on a bien compris.

Un aperçu du tutoriel du tout premier Assassin's Creed.

Le tutoriel du premier Assassin’s Creed était plutôt mauvais.

D’ailleurs, est-ce qu’on a vraiment envie de savoir qu’on fait partie de la force galactique pouetpouet, que la planète bishmouktruc a explosé, que les méchants s’appellent les mochbidules et qu’ils ont tué toute notre famille? C’est beau un univers riche, mais est-ce que je peux commencer à jouer un moment donné, s’il vous plaît?

La triche

Une journée où je m’ennuyais sérieusement, j’ai décidé de jouer à un jeu de tir à la première personne en réseau. Ma première partie a duré 3  secondes. Ma deuxième 5. Et ainsi de suite pour en arriver à jouer un bon 45 secondes après quelque semaines d’entraînement (je suis peu doué, mais très têtu).

Pour se trouver hot de massacrer les newbies, il faut avoir subi ou fait des choses vraiment tristes dans son enfance. C’est pourquoi je vous pardonne (mais je vous déteste quand même).

Était-ce seulement un manque de talent? Je voyais des personnages apparaître et disparaître comme par magie, survivre à plusieurs tirs dans la figure, voler dans les airs ou se déplacer à des vitesses impossibles. Est-ce de la triche? J’espère. Car si c’est vraiment du talent, je ne vois pas l’intérêt de mettre dans le même ring des enfants malingres et des champions poids lourds.

Pour se trouver hot de massacrer les newbies sans défense, il faut avoir subi ou fait des choses vraiment tristes dans son enfance. C’est pourquoi je vous pardonne (mais je vous déteste quand même).

Les problèmes insurmontables

Le peu de fois où j’ai joué, je me suis rapidement retrouvé buté à un problème compliqué – l’équivalent moderne des boss des jeux d’arcade. Le moment dans le jeu où il faut avoir bu une potion vendue par un orque trois niveaux plus tôt, trouver la porte secrète sur le côté et attraper la liane, utiliser l’épée magique (et surtout pas le lance-flamme!) qui pend du plafond en faisant un power jump avec une fusée?

Après plus de 5 tentatives (ou 3 minutes, selon la première éventualité), lorsque je reste pris à la même place, je décroche solide…

Je n’ai plus 14 ans

À quatorze ans, je rêvais d’être Luke Skywalker, je lisais des bandes dessinées et je passais tout mon petit change à l’arcade. Un moment donné, je suis arrivé au cégep et j’ai découvert les filles… et j’ai arrêté de jouer aux jeux vidéo. Qu’est-ce que des grandes personnes font encore dans leurs sous-sols à jouer à des jeux vidéo pendant des heures? Fuite de la réalité des responsabilités?

Le Nerd (James Rolfe) patiente alors que son Commodore 64 tente de se connecter à Internet.

Visiblement, le Nerd (James Rolfe) préfère rester dans son sous-sol à contempler son Commodore 64 (Image : Cinemassacre).

C’est vrai que la télé est souvent plate, et que c’est agréable de mettre son cerveau au neutre et de vedger des fois. Mais je trouve suspect que tant de gens ne trouvent rien de mieux à faire que de passer des heures assis sur leur derrière (de plus en plus gros) perdus dans un univers virtuel dont ils sont le héros. Il y a tant de choses à faire, comme lire, faire le ménage, aller au gym? Ou même pire, avoir des relations avec des adultes – être assis à côté de quelqu’un d’autre les yeux glauques en jouant, c’est pas vraiment avoir une relation adulte.

«Entre deux joints, on pourrait faire quelque chose», chantait Robert Charlebois. Aujourd’hui, il chanterait probablement «Entre deux joints, on pourrait jouer à WoW».

Peut-être que je ne comprends rien

J’imagine déjà vos commentaires du genre «lé jeu vidéo ces super l’fun tu conprant rien», que vous écrirez probablement après avoir seulement lu le titre de l’article. Je vais probablement recevoir les dissertations de quelques geeks ou pire, de gens qui travaillent dans le monde des jeux vidéo (j’ai l’impression que tout le monde et son voisin ont travaillé pour Ubisoft; il doit y en avoir quelques-uns qui bullshitent) pour m’expliquer que l’industrie du jeu vidéo est devenue un divertissement plus important que celui du cinéma.

Je sais que les jeux sont devenus épiques, que ce n’est plus comme dans les années 80… Une chose est certaine : compte tenu de ma total absence d’envie de jouer à des jeux vidéo, il doit y avoir quelque chose que je ne comprends pas. Peut-être est-ce un gène qui me manque?

P.-S. – Le jeu Resogun m’a vraiment, vraiment émerveillé à sa sortie. On y joue vite, c’est simple, on a du plaisir immédiat et sans prétention… J’ai joué un bon 5 minutes, avant de retourner à mon absence de vie sociale.


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