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Malaise breizh

Publié le 02 mars 2015 par Jcdelanier

715538-breton-pocheIl était beau, pas cher et se voulait pratique. Pour 3 euros 50, le guide « Le breton dans votre poche », édité par les éditions Larousse, devait vous permettre « d’acquérir et de réviser l’essentiel du vocabulaire breton ».

Sorti en librairie le 21 janvier, il n’a pas tardé à faire le buzz sur les réseaux sociaux lorsque des Bretons, justement, ont découvert qu’il était truffé d’erreurs. Très vite, les mécontents ont relayé l’information sur Twitter et Facebook. Sans mâcher leurs mots. « Honte », « scandale » et « foutage de gueule » reviennent le plus souvent avec cette question, terrible : l’auteur de ce guide parle-t-il et comprend-t-il le breton ?

Des spécialistes sont montés au créneau. Parmi eux, Hervé Sébille-Kernaudour, auteur de nombreux ouvrages en breton, qui parle ni plus ni moins d’un « torchon » et pointe du doigt des phrases traduites qui ne veulent rien dire.

La presse s’empare de l’affaire et s’étonne qu’une maison aussi prestigieuse que Larousse ait « laissé passer » de telles erreurs. En réponse, Larousse va d’abord défendre son auteur, en arguant que celui-ci est bien Breton. Un argument un peu léger car être breton ne vous exonère pas de très mal parler la langue.

Interrogé sur sa maîtrise de la langue bretonne, l’auteur du guide a bien été obligé de reconnaître certaines faiblesses

Puis, face à l’évidence, l’éditeur décide de retirer ce maudit guide de la vente (le 6 février) et confie sa réalisation au très sérieux Office public de la langue bretonne (Ofab). Pour Olivier Le Moign, son directeur scientifique, il faut tout refaire, « car la personne qui a rédigé cela ne maîtrise pas la langue ».

Interviewé par des journalistes de France Bleu, l’auteur du guide, Jean-René Bonnissent, s’est dit totalement dépassé par cette histoire. Pour se défendre, il explique « qu’il y a plus de maladresse que de malveillance » et que c’est Larousse qui est venu le chercher et non l’inverse.
Interrogé sur sa maîtrise de la langue bretonne, notre usurpateur a bien été obligé de reconnaître certaines faiblesses, avant de se lancer dans une autocritique surréaliste.

« En gros, je ne suis rien, a-t-il déclaré, mais j’ai transgressé le système, si ce petit ouvrage, haï autant que je peux haïr ma propre incapacité, pouvait relancer de plus grandes choses, il aura servi tout de même ».

Pour Larousse, il s’agit bien d’une erreur de casting.
L’histoire ne dit pas ce qu’il est advenu de celui ou celle qui a recruté Jean-René Bonnissent en interne…

Nicolas Roiret
pour le Blog du Groupe


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