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Du mythe de l’enfant-serpent

Publié le 24 février 2015 par Novelist225

La Côte-d'Ivoire entière reste encore émue, sous le choc de l'exhumation d'un enfant handicapé psychomoteur aux abords d'une plage. En effet, guidé par son flair, un digne représentant de l'espèce canine a extirpé du sable le pauvre petit encore vivant, enseveli dans le sable par un(e) indigne représentant(e) de l'espèce humaine.

Ce fait divers choquant qui arrache des larmes de compassion et d'indignation aux uns et aux autres, nous emmène à reconsidérer le mythe de l'enfant-serpent.

De la nature du crime manqué :

Peut-on parler d'un hasard ou d'une simple volonté manifeste d'attenter à la vie du pauvre gosse, au regard du procédé utilisé pour porter atteinte à son intégrité? Certains adeptes des religions traditionnelles, médiums ou voyants, vous diront qu'il existe des enfant-serpents, incarnation du mal dont il faut à tout prix se débarrasser, et pas n'importe comment.

Ces enfants devraient être exposés au bord de la mer où ils changeraient d'apparence, retrouvant leur authentique nature de reptile pour se précipiter dans les flots. Le petit Moïse, (c'est ainsi qu'on l'a nommé), n'aurait-il pas fait les frais d'une telle croyance ou pratique ? Son bourreau pour s'assurer du succès de la funeste mission et écarter tout risque d'un probable sauvetage, pourrait avoir trouvé la macabre ingéniosité de l'ensevelir vivant dans le sable jouxtant l'océan.

C'est cruel, inhumain, les mots tarissent pour qualifier un tel acte. Mais en même temps, on s'imagine le désespoir ayant guidé le geste criminel du bourreau, probablement père ou mère du miraculé. Dans une société fortement rattachée à des croyances et valeurs ancestrales qui laissent très peu de place à la différence, à l'expression d'une certaine forme de compassion, quand le rire et la moquerie et parfois même l'anathème remplacent le soutien psychologique nécessaire en de pareils cas, alors tout peut arriver ; l'horreur peut justifier, transformer l'impensable en un geste absolument banal.

Une jeune femme sans cesse conspuée par ses parents pour avoir donné le jour à un enfant bâtard, n'avait-elle pas dans un geste de désespoir, tenté de s'en débarrasser en le balançant dans un puits ? Bref, ces faits violents nous interpellent sur la nécessaire compassion et solidarité au sein de nos familles et sociétés.

Aujourd'hui, une forte propension au " tape à l'œil " cumulé aux germes nocifs des religions et croyances ancestrales, nous robotisent et augmentent une dangereuse propension à l'individualisme, aux crimes rituels dans une volonté absolue de s'afficher, de se faire voir, d'étaler sa réussite sociale.

Car il ne faut point occulter l'hypothèse d'une velléité de crime rituel, en ces temps pénibles où les enfants sont devenues la cible des personnes avides de se propulser au sommet de l'échelle sociale, en usant de tous les moyens. La vie humaine se monnaie et perd son caractère sacré. L'enfant autrefois intouchable dans nos sociétés, parce que considéré comme un trésor inestimable se résume à du gibier pour loup-garou, sorciers et sorcières dont pullulent les cités.

Du volet médical :

Il urge de sensibiliser les uns et les autres sur certaines conduites à risque pouvant favoriser, sinon être la cause de la venue au monde d'enfants considérés comme anormaux. La vie utérine, genèse de l'humain se doit d'être protégée du mieux que l'on peut. En effet, et les spécialistes vous le confirmeront, certains germes et notamment les agents pathogènes de différents types de malformation proviennent essentiellement des Maladies Sexuellement Transmissibles, en abrégé MST.

Ainsi donc, une mère imprudente et volage durant sa grossesse, expose gravement son futur bébé. De même le partenaire sexuel, futur père, doit impérativement surveiller son comportement sexuel, réprimer toute propension à l'infidélité ou se protéger du mieux qu'il le peut avec l'usage des condoms. Imaginons un peu les dégâts sur une mère et son fœtus, de la gonococcie le plus souvent asymptomatique dans les premiers moments d'incubation.

A cela, il faut ajouter l'automédication, quand des femmes enceintes ingurgitent des substances dont elles ignorent les effets tératogènes. Dans le libellé de bon nombres de notices, il est clairement souligné " interdit aux femmes enceintes ou allaitantes ". Différents types de lavements administrés avec toutes sortes de décoction sont également à proscrire. Les tentatives d'avortements clandestins sont à incriminer.

En clair, c'est tout un programme de sensibilisation qu'il faudrait élaborer pour une meilleure prise de conscience des populations dans leurs diversités. L'Etat dont l'appui reste incontournable devrait davantage aider certaines ONG impliquées dans la protection de l'enfance et la prise en charge d'enfants handicapés psychomoteurs à répondre aux attentes des populations en termes de soutien spécialisé et psychologique. Il en est ainsi du BICE et de son centre CESEH, spécialisé dans la prise en charge et le soutien aux enfants handicapés moteurs. Nombreux sont en effet les parents, les mères qui souffrent en silence, les enfants marginalisés et exposés à toutes sortes d'abus, parce qu'ils n'ont pas connaissance des moyens prévus pour soulager leur épreuve.

Félicité Annick Foungbé Zimo


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